ActualitéInternational

Le gouverneur de la Banque centrale du Liban ignore la convocation de la justice française

L’avocat de Riad Salamé a confirmé à RFI qu’il ne se rendrait pas dans le bureau de la juge française qui l’a convoqué ce mardi. En poste depuis 30 ans, le gouverneur de la Banque centrale du Liban est cité dans plusieurs enquêtes, au Liban et en Europe, soupçonné d’avoir détourné des fonds avec lesquels il a pu se constituer un impressionnant capital financier et immobilier.

PUBLICITÉ

La chaise vide pour stratégie : l’avocat de Riad Salamé confirme que son client est resté à Beyrouth alors que la justice française l’avait convoqué à Paris, ce mardi 16 mai. Dans un courrier adressé à la juge française Aude Buresi, Me Pierre-Olivier Sur conteste les conditions dans lesquelles la convocation a été remise au gouverneur de la Banque centrale du Liban : « Il est certain que Riad Salamé n’a pas été régulièrement convoqué », explique l’avocat en citant les délais prévus par la procédure. Son client est soupçonné de s’être constitué un riche patrimoine immobilier et bancaire en Europe via un montage financier complexe et un détournement massif de fonds publics libanais.

Joint par RFI, Me Sur affirme que son Riad Salamé reste prêt à s’expliquer devant la justice française. Des arguments qui font bondir les plaignants dans cette affaire. « S’il avait eu la volonté de venir, il montait dans un avion et se présentait dans le bureau de la juge, réagit William Bourdon, président et fondateur de l’ONG Sherpa, active dans les affaires de biens mal acquis, joint ce mardi. Il se dérobe, le cynisme et la lâcheté de cet homme sont à la hauteur de ses détournements. » Et d’ajouter : « Je pense au peuple libanais qui endure des souffrances absolument hors-normes » dues notamment « aux agissements d’un homme absolument pivot dans la prédation mafieuse dont le Liban a fait l’objet ».

Toujours en poste

C’est une mise en examen qui attendait Riad Salamé ce mardi 16 mai à Paris, où il était convoqué par la juge qui s’est rendue à plusieurs reprises à Beyrouth ces derniers mois, dans le cadre d’un déplacement conjoint avec ses homologues allemand et luxembourgeois. Que peut-il se passer maintenant ? La justice française peut décider d’émettre un mandat d’arrêt international. L’avocat français de Riad Salamé le conteste par avance : « Il ne satisferait pas aux exigences procédurales dont l’interprétation doit être d’autant plus rigoureuse qu’il s’agit de la liberté d’aller et venir », affirme Me Pierre-Olivier Sur.

Des saisies ont déjà été opérées sur des biens immobiliers appartenant à Riad Salamé et à ses proches. Dans quelques semaines, son cinquième mandat de gouverneur à la tête de la Banque centrale du Liban se termine. Un poste qu’il a pu conserver jusqu’à ce jour malgré les soupçons et les critiques qui font de lui l’un des responsables de l’enfer économique que connaît son pays.