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BAISSES DES PRIX DES DENREES : Certains commerçants réticents à appliquer la mesure 

ECONOMIE : La matérialisation des récentes baisses sur le sucre, l’huile et le riz revient aux commerçants détaillants lesquels ne se pressent pas pour rendre effective cette mesure du gouvernement visant à soulager les ménages. Certains d’entre eux réticents demandent à épuiser leurs stocks de marchandises pour éviter des pertes. 

Il souffle un vent frisquet, ce lundi matin au marché de Ouakam, un haut lieu de l’offres et de la demande. L’horloge affiche 11 heures tapantes. Le soleil se cache derrière d’épais nuages.  L’ambiance est indescriptible, vendeurs et clients marchandent dans un brouhaha indescriptible.  La récente baisse des prix du riz, de l’huile et du sucre est au centre de toutes les discussions. 

Un tour dans les allées du marché de Ouakam renseigne que la majorité des clients et des commerçants sont sceptiques.  Les commerçants détaillants disent à haute et intelligible voix qu’ils ne vendront pas à perte. Malick Faye, un commerçant détaillant, âgé d’une cinquantaine d’année soutient qu’« actuellement le prix du litre d’huile se  vend à 1200 CFA, le kg de riz non parfumé à 300 CFA et 700 CFA pour le kg de sucre ». « C’est dire que je n’ai pas encore appliqué les prix proposés par le gouvernement tant que je n’épuise pas mon stock », assure-t-il. Selon lui, tant qu’il n’a pas constater la baisse chez les grossistes, il lui est impossible d’appliquer la baisse décrétée par le chef de l’État. 

REFUS DE VENDRE A PERTE

Son collègue Maodo Diao abonde dans le même sens.  « Nous n’allons pas vendre à perte. Tu ne peux pas acheter les 20 litres d’huile à 22000 ou 21500 CFA et vendre le litre à 1100 CFA, acheter le sac de riz à 13750F et revendre le kg à 300f sans oublier le prix du transport qui nous coûte 500f le sac », rétorque-t-il. 

C’est sur ces entrefaites que nous avons aperçu des agents du ministère du commerce en patrouille dans les dédales du marché de Ouakam. Ils distribuaient aux grossistes pou des brochures sur lesquelles les nouveaux tarifs sont expliqués. Ils demandaient aux commerçants de les afficher à l’entrée de leurs boutiques ou magasins. « Les agents du ministère du Commerce viennent de laisser ici des brochures où sont affichés les nouveaux prix. On est obligé de les respecter même si cela nous n’arrange pas parce qu’on n’a pas épuisé notre stock », a concédé, Moussa Sène, un jeune vendeur manifestement déstabilisé par ce forcing du gouvernement. 

LES CONSOMMATEURS SCEPTIQUES 

Il faut souligner que cette mesure du gouvernement de baisser les produits de grande consommation tels que : le sucre, le riz et de l’huile est très controversée non seulement chez les commerçants, mais aussi chez les consommateurs qui estiment que, c’est de la poudre aux yeux. 

Fatou Sarr, teint clair, estime que les différentes baisses n’impacteront pas son portefeuille. Pour elle, les autorités sont dans leur jeu politique.  « Ce que je dépensais auparavant n’a pas varié.  Pour moi, cette baisse est purement politique, étant donné que le parti au pouvoir a perdu beaucoup de mairies notamment à Dakar lors des élections locales du 23 janvier 2022 et on s’achemine vers des élections législative », tranche-t-elle.  

Aïssatou Diallo soutient le contraire estimant que c’est juste un prétexte du gouvernement pour aider les ménages sénégalais. « Les autorités ont pris cette décision pour aider les ménages sénégalais », assure-t-elle.

RISQUES DE PENURIES 

 Toutefois, certains commerçants mettent en garde contre une mauvaise application de cette mesure de baisse qui risque de produire l’effet contraire à savoir des pénuries. « Je vais me conformer aux mesures prises par les autorités, mais si cette baisse n’est pas constatée chez les importateurs, je vais abandonner de vendre le sucre, le riz et l’huile », a fait savoir Ba, un vieux grossiste d’une soixantaine d’années. Une idée partagée le boutiquier Amadou Ba. « Je vais abandonner de vendre le sucre car le sac à 50 kg 31000F et si on vend le 1kg à 625FCFA, on ne s’en sort pas », explique-t-il. 

  Le Conseil des ministres réuni jeudi 24 février dernier a décidé de la baisse des prix de certaines denrées comme le riz, le sucre, l’huile. Ainsi pour l’huile, la baisse est de 1200 FCFA à 1100 FCFA le litre, soit une baisse de 100 FCFA par litre. Pour le riz brisé non parfumé de 15.000 FCFA le sac de 50 kg, il passe à 13.750 FCFA, soit une baisse de 25 FCFA par Kg. Pour le sucre de 625 FCFA le Kg, il passe à 600 FCFA, soit une baisse de 25 FCFA/Kg.

Abdoulaye DIAO