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REMISE DES CAHIERS DE DOLEANCES AU CHEF DE L’ETAT : Séance d’exorcisme

La cérémonie de remise des cahiers de doléances, samedi dernier, au président de la République par les centrales syndicales, s’est tenue sous les allures d’une véritable séance d’exorcisme.

Dans un contexte national marqué par la pandémie du Covid19 dont les conséquences pèsent lourdes sur le monde du travail, Etat et centrales syndicales se sont lancés samedi dernier, dans une véritable séance d’exorcisme pour ensuite scruter des pistes de solutions. D’entrée de jeu, les centrales syndicales ont été unanimes à attirer l’attention du gouvernement sur les conséquences de la pandémie de la Covid19 sur les emplois et les entreprises. Mais aussi à demander à l’Etat l’allongement de l’âge de la retraite de 60 à 65 ans. Dans leurs cahiers de doléance respectifs déposés sur la table du président de la République, elles invitent l’Etat à continuer de prendre des mesures pour accompagner les travailleurs et les entreprises en difficulté. A cet effet, le Secrétaire général de la Fédération générale des travailleurs du Sénégal (FGTS-B) a insisté sur la nécessité de trouver des mécanismes pour assurer la préservation des emplois menacés et l’amélioration des conditions de travail. D’ores et déjà, Sidiya Ndiaye trouve que l’Etat est sur la bonne voie en décidant de mettre la question de l’emploi des jeunes, au cœur de sa politique. ‘’Notre syndicat vous félicite dans cette nouvelle démarche de mettre la jeunesse au cœur de l’effort national et de leur ouvrir aussi de nouvelles perspectives quant à leur insertion dans les tissus sociaux et économiques. Nous sommes convaincus que c’est la manière la plus appropriée pour enrailler définitivement l’émigration clandestine savamment entretenue par des filières criminelles toujours à la recherche du gain facile’’, a-t-il déclaré. Devant le chef de l’Etat, Sidiya Ndiaye dit fonder beaucoup d’espoirs sur les décisions qui vont suivre la mise en œuvre du Plan d’urgence sur l’insertion et l’employabilité des jeunes, issu du Conseil présidentiel du 22 avril dernier. 

Mody Guiro ; ‘’Les travailleurs qui constituent le maillon le plus faible ne doivent pas être sacrifié sous l’autel de la relance économique’’

Évoquant lui aussi, les effets de la pandémie qui ont provoqué beaucoup de licenciements pour motif économique, le Sg de la Csa, préconise l’installation d’un fonds spécial pour la réinsertion des travailleurs qui ont perdu leurs emplois pendant cette période. Selon Elimane Diouf, non seulement beaucoup de travailleurs du secteur informel ont perdu leur gagne-pain, mais ils ont été victimes de violation de la loi dans les procédures de licenciement pour motif économique. Et pourtant, estime Mody Guiro, la pandémie ne doit pas être un prétexte, brandi par certains employeurs, pour convoquer des difficultés économiques et licencier du personnel. D’après le Sg de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal, cette situation exceptionnelle nécessite la solidarité de tous. ‘’Les travailleurs qui constituent le maillon le plus faible ne doivent pas être sacrifié sous l’autel de la relance économique’’, a-t-il alerté. 

Magnifiant la démarche inclusive prise par le gouvernement pour imprimer une économie résiliente durant ce contexte, le Secrétaire général de la Cnts/Fc, Cheik Diop a invité les autorités à s’engager résolument dans la consolidation de l’existant, et à assainir le climat social. Ainsi, estime-t-il que la réelle volonté de l’Etat pour la création d’emplois massifs ne pourrait se matérialiser avec les violations des droits des travailleurs, encore moins avec une administration dépourvue de moyens logistiques.    

Mademba Sock : ‘’L’inquiétude gagne le monde du travail et les travailleurs’’

Dans la recherche de solution face cette pandémie qui a bouleversé le monde du travail, Mademba Sock appelle le gouvernement à répondre aux demandes récurrentes des travailleurs. Selon lui, l’Etat doit prendre des actes pour protéger aussi bien les employés que les entreprises. Ce, en vue d’amoindrir les drames sociaux causés par la pandémie. ‘’Le choc de la pandémie se fait toujours sentir. L’inquiétude gagne le monde du travail et les travailleurs’’, a alerté le Sg de l’Unsas. En sus des mesures déjà prises, Mademba Sock estime que l’Etat devrait formuler et exécuter avec diligence, les politiques publiques à grande échelle notamment. ‘’Il faut une aide immédiate aux travailleurs licenciés et aux entreprises dont les revenus sont menacés par la crise. Il faut créer des emplois décents et productifs pour une reprise inclusive qui favorise la résilience’’, déclare Mademba Sock. Qui, tout en déplorant les inégalités dans le système de rémunération dans la fonction publique, demande la restructuration de la Poste et la revalorisation des pensions des retraités. 

Macky Sall : «Je ne suis pas favorable à un allongement de l’âge de la retraite à 65»

En réaction à toutes ces interpellations, le chef de l’Etat a rappelé la responsabilité individuelle et collective qui incombe à tout un chacun pour la préservation de l’outil de travail, socle et plier de la paix et de la stabilité sociale. ‘’En tout lieu et en toute circonstance, Etat, patronnât, travailleurs et citoyens, nous avons l’obligation d’être les gardiens vigilants de l’outil du travail. C’est une exigence citoyenne, une responsabilité sociétale et une attitude de bon sens’’, a déclaré le chef de l’Etat. Macky Sall, répondant à quelques interpellations spécifiques, notamment sur l’allongement de l’âge de la retraire, a été on ne peut plus clair. ‘’Je ne suis pas favorable à un allongement de l’âge de la retraite à 65 ans pour la bonne et simple raison que 77% de la population active à moins de 35 ans. Donc on ne peut continuer à gérer les séniors, à prolonger leur âge et donc, à retarder l’arrivée de la jeunesse sur le marché du travail», a clairement rejeté Macky Sall. Le chef de l’Etat a toutefois plaidé pour des aménagements en vue de permettre à ceux qui ont atteint l’âge de la retraite et qui se portent bien, de continuer à servir la nation. ‘’On ne peut pas toujours garder les avantages de la fonction publique et vouloir le perpétuer à vie. Ça pose problème’’, a-t-il fait savoir.  S’agissant de la baisse de l’impôt sur les salaires, Macky Sall a aussi opposé son refus.  ‘’On ne peut pas baisser tout le temps et exonéré les impôts. C’est antinomique’’, fulmine le chef de l’Etat. Concernant les iniquités sur le système de rémunération des agents de la fonction publique, le chef de l’État qui a reconnu «des injustices» à ce niveau, demande des propositions pouvant lui permettre corriger «ces choses totalement inadmissibles». Sur toutes autres questions évoquées, le chef de l’État a promis d’engager les services concernés pour la recherche de solution. 

L’info