REPORT DE L’AUDITION D’ADAMA GAYE: La colère noire des conseils du journaliste
Pour la première audition de leur client, le journaliste Adama Gaye, sur le fond du dossier, Mes Cheikh Khoureychi Ba, Kory Sène, Cheikh Amadou Ndiaye, Christian Faye, Seydou Diagne et Ndèye
Coumba Diop, étaient bien décidés à lui décrocher une liberté provisoire devant le Doyen des juges d’instruction (Dji). Mais l’interrogatoire ne s’est pas tenu, hier jeudi 29 Août 2019. Les conseils se sont fendus d’un communiqué pour fustiger une «politique criminelle d’arrestation et de détention arbitraire».
«Au moment où le Sénégal participe au sommet de TICAD au Japon et que l’aide au développement de l’Afrique est conditionnée au respect de l’État de droit, l’État du Sénégal est en train de mettre en œuvre une politique criminelle d’arrestation et de détention arbitraire contre ses citoyens dissidents», attaque d’entrée le collectif des avocats du journaliste Adama Gaye. A l’origine de leur courroux, le report de l’audition sur le fond de leur client par le doyen des juges d’instruction (Dji) Samba Sall, programmée hier, jeudi 29 Août 2019.
- Si leur déception est aussi grande, c’est parce que les avocats comptaient sur cette étape pour introduire une demande de liberté provisoire. Et des sources avaient déjà soutenu qu’elle avait une chance d’être acceptée. Au lieu de cette brèche, l’audition au fond a été reportée Sine Die par le Dji. Selon les avocats, leur client, «un prisonnier politique et d’opinion a vu son droit d’être entendu etjugé dans un délai raisonnable, violé par la justice sénégalaise». Ce qui est reproché à Adama Gaye par le pouvoir politique, poursuit le collectif, «est l’expression de sa liberté d’opinion en tant que lanceur
d’alertes sur de graves scandales dans le secteur de l’énergie en général et celui des hydrocarbures en particulier, mettant en cause la gouvernance du Président Macky Sall et son régime». Dénonçant ce qu’il considère comme des violations flagrantes et récurrentes, une instrumentalisation manifeste de la justice sénégalaise, le collectif soutient qu’Adama Gaye «est resté digne, lucide et combatif, en dépit des
dures conditions de détention dans la prison de Rebeuss qui ne répondent à aucune des normes auxquelles l’État du Sénégal s’est engagé à respecter, causant la mort dans des conditions atroces de deux prisonniers de droit
commun». Pour rappel, le journaliste-activiste Adama Gaye a été arrêté le 29 Juillet dernier par la Division des investigations criminelles (Dic) tôt, chez lui, à l’immeuble Kébé. Dans un communiqué, le maître des poursuites Serigne Bassirou Guèye a soutenu que les propos du journaliste sur le président de la République sont d’une «indécence inouïe». Adama Gaye a été inculpé sur la base des articles 80 et 254 du Code pénal, relatifs à l’atteinte à la sûreté de l’Etat et à l’offense au chef de l’Etat.
( Hadja diaw GAYE avec Toutinfo.net )