ActualitéContribution

LA CHRONIQUE DE MLD: La CAN, l’opium du peuple…Par Mamadou Lamine DIATTA

Enfin la phase finale de la coupe d’Afrique des nations(CAN) diront les aficionados. L’évènement survient dans un contexte pré-électoral assez lourd avec son lot de contestations tous azimuts de la part de politiciens qui continuent de jouer les stars en tenant au quotidien le haut du pavé. Avec le concours d’une presse complice qui préfère délaisser les sentiers pénibles de l’économie et du développement afin d’investir, promouvoir et sublimer des débats partisans redondants.


La CAN n’est pas forcément une bonne nouvelle pour cette classe politique volubile et peu portée sur la promotion du progrès collectif. A quelques encablures d’un scrutin présidentiel ouvert et indécis, les politiciens n’auront pratiquement que très peu de jours pour être audibles et convaincre un électorat exigeant appelé aux urnes le 25 février 2024.En vérité, du 13 janvier au 11 février prochain, durée de cette grande compétition africaine, il n’y en aura pratiquement que pour le puissant écosystème du football, l’autre opium du peuple pour paraphraser Karl Marx qui parlait ainsi de la religion.


Le monde du ballon rond est magique et il demeure l’un des rares à pouvoir casser valablement la tyrannie exercée au quotidien par l’actualité politique. Toutes affaires cessantes, les 18 millions de sélectionneurs Sénégalais qui ne pardonnent rien à Aliou Cissé préfèrent de loin suivre et commenter les entrechats et les accélérations de Sadio Mané que d’écouter les complaintes véhémentes et récurrentes de Mimi Touré, Aida Mbodj ou ce Bougane Guèye Danny encore en proie au piège et à la poisse des parrainages.


Le foot est un truc sublime en ce qu’il reste la seule activité à pouvoir briser la glace pour provoquer l’osmose et la fusion de tout un peuple même en temps de conflit. Lors de Sénégal/ Gambie du 15 janvier prochain, le Président Macky Sall, Ousmane Sonko, Khalifa Sall, Karim Wade, Rose Wardini, Boubacar Camara, Boun Abdallah Dionne et autres auront un dénominateur commun : ils vont tous prier et vibrer ensemble au rythme imprimé par 11 Lions qui vont défendre l’honneur national en mondovision sur le pré de Yamoussoukro. C’est cela la magie du football !


C’est aussi cela qui fait la lourdeur des responsabilités pour tous ces concitoyens dépêchés en mission en terre ivoirienne. Ils sont invités à toucher le Graal de nouveau pour un deuxième sacre continental consécutif. Vaste programme au regard de la forte opposition que s’apprêtent à proposer de redoutables prétendants comme le pays hôte, l’ogre marocain, la vicieuse et orgueilleuse Algérie ou le géant nigérian.


Sur place et à quelques jours du début des choses sérieuses, le coach Aliou Cissé a bel et bien raison de bunkeriser la tanière des Lions et c’est exactement la même attitude adoptée lors de la dernière CAN.On ne change pas une stratégie payante. Il y a généralement trop de folklore et d’agitateurs publics autour des délégations sportives sénégalaises .Il faut surtout éviter le contact de nos compétiteurs avec le petit monde dakarois du système lutte-musique –danse et buzz qui se déplace partout où le Sénégal bénéficie d’une exposition internationale. Cela est un signe patent de professionnalisme de veiller à toutes ces choses d’autant que le diable est dans les détails. De ce point de vue, voir Cissé faire le gendarme pour protéger ses fauves, relève pratiquement d’une opération destinée à sauver ces dignes représentants de la République pour que force reste à la récupération et à la concentration.