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Affaire libyenne : Nicolas Sarkozy sera jugé en 2025 pour le financement de sa campagne présidentielle de 2007

Voilà de quoi gâcher un petit peu la rentrée littéraire de l’ancien président et ternir l’effet de son périple estival en yacht dans les Cyclades grecques. L’ordonnance des juges bouclant l’affaire libyenne, ce dossier de présumé financement de sa campagne par la Libye de Kadhafi qui lui colle à la peau depuis dix ans, a finalement été signée le 24 août. Les magistrats ont décidé qu’un procès visant Nicolas Sarkozy devait avoir lieu pour «corruption passive», «recel de détournement de fonds publics», «financement illégal de campagne électorale» et «association de malfaiteurs». Sous réserve d’éventuels recours, qui retarderaient l’audience de jugement, celle-ci devrait se tenir entre le 6 janvier et le 10 avril 2025. Le Parquet national financier (PNF) a dévoilé ces dates ce vendredi 25 août en rendant l’information publique. Les juges ont suivi son réquisitoire qui avait, en avril, demandé qu’un procès soit organisé sur ces mêmes incriminations.


En retenant l’infraction d’association de malfaiteurs, les deux juges suggèrent que Nicolas Sarkozy a sciemment laissé une série de personnes «agir afin d’obtenir ou tenter d’obtenir» auprès de Tripoli «des soutiens financiers en vue du financement de sa campagne électorale 2007», à raison de plusieurs millions d’euros. De nombreux témoignages recueillis pendant l’enquête soulignent que Sarkozy devait être financé par le dictateur libyen (tué en 2011, au cours du Printemps arabe) – mais ceux-ci ne sont pas tous d’accord sur le montant et le processus de versement des fonds. De l’argent liquide a circulé dans l’équipe de campagne, une preuve selon les juges qu’un financement illégal était à l’œuvre.

Trois soldats de la sarkozie, Claude Guéant, l’ancien ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, qui eut en charge les portefeuilles de l’Intérieur et de l’Immigration, Eric Woerth, ex-ministre du Budget, sont eux aussi renvoyés en correctionnelle. Deux hommes d’affaires grenouillant depuis les années 2000 autour des politiques et de l’industrie de l’armement, Ziad Takieddine et Alexandre Djouhri, sont également dans la liste des futurs prévenus, ainsi que l’ancien collaborateur de Kadhafi Bechir Saleh et deux membres d’une famille de milliardaires saoudiens.

Alors qu’il avait accueilli en décembre 2007, sous les ors de la République, un Mouammar Kadhafi triomphant, Nicolas Sarkozy a depuis le début de l’affaire démenti tout financement venu du régime libyen. Le procès qui s’annonce, le énième devant lequel l’ex-chef de l’Etat a dû et devra encore rendre des comptes, permettra de réaliser une plongée dans les affaires judiciaires que traînent la Sarkozie et son chef. L’ex-chef de l’Etat français doit d’ailleurs refaire un tour devant la justice en novembre prochain pour l’appel de l’affaire Bygmalion : le financement de sa campagne pour 2012. En mai, il a vu sa peine de trois ans de prison dont un ferme pour «corruption» et «trafic d’influence» dans l’affaire dite «Bismuth», confirmée par la cour d’appel de Paris. Il a effectué contre cet arrêt un pourvoi en cassation.