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Saisine CPI contre l’État du Sénégal : Abdoul Mbaye approuve…

Dans une interview accordée au journal de TV5 Monde, Abdoul Mbaye, président de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail et ancien Premier ministre du Sénégal, s’est exprimé sur la possibilité de saisir la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité, en lien avec les manifestations récentes qui ont engendré des pertes en vies humaines. Face aux critiques sur la démesure de cette démarche, M. Mbaye soutient la nécessité de poser des actes forts afin d’éviter la répétition des événements tragiques qui ont durement affecté la nation sénégalaise dans son ensemble, notamment les familles endeuillées. « Je suis pour la saisine car il faut des actes forts », affirme-t-il.

La saisine de la CPI vise, selon lui, à garantir que les responsables impliqués dans de tels actes soient tenus pénalement responsables de leurs actions. « Il est important que autorités sachent que toutes les tentatives qui vont avoir lieu vont dans le sens de l’implication pénale des responsables qui peuvent être impliqués dans actes de cette nature », souligne-t-il. Abdoul Mbaye ajoute : « Vous parlez de crimes de guerre mais il y a des armes de guerre qui ont été utilisées par des gens qui apparaissent comme des personnes ayant été recrutées ».
Dans le cadre des manifestations, le gouvernement sénégalais a fait état de la présence de forces occultes, ce qui l’a incité à ouvrir une enquête. Abdoul Mbaye estime qu’il est nécessaire de mener des enquêtes impartiales, potentiellement impliquant des enquêteurs étrangers, pour faire la lumière sur ces allégations.
Interrogé sur la lettre co-signée avec deux anciens Premiers ministres, dans laquelle il appelle le président de la République Macky Sall à ne pas se présenter à la  prochaine élection présidentielle de 2024, l’ancien premier ministre précise qu’il s’agit de respecter la constitution telle qu’elle existe. « Il ne s’agit pas d’intention, il s’agit d’affirmer le respect de la constitution telle qu’il l’a trouvée », évoque-t-il.
Dans cette interview, le journaliste a soulevé la question de savoir pourquoi il ne faudrait pas simplement attendre le verdict du Conseil constitutionnel, qui valide les candidatures pour la présidentielle. Abdoul Mbaye pense qu’une partie de la population sénégalaise n’a plus « beaucoup de confiance » en la justice du pays. Selon lui, le pouvoir judiciaire est souvent perçu comme étant influencé par le président de la République, suscitant ainsi des doutes quant à son impartialité.
Abordant le rôle de Macky Sall dans la situation actuelle du pays, il déclare qu’il est effectivement responsable à plusieurs égards.  : « Il l’est sur plusieurs aspects. Il en est responsable quand on évoque la question politique mais il en est responsable également lorsqu’on évoque la situation économique. Parce qu’il faut savoir que le débat politique autour du troisième mandat n’est pas la seule cause des troubles que nous vivons ».
Citant le cas d’Ousmane Sonko comme un élément déclencheur parmi d’autres dans une stratégie mise en œuvre par le président Macky Sall depuis environ 2014 dans sa volonté de réduire « l’opposition à sa plus simple expression ». Selon Abdoul Mbaye, le cas du maire de Ziguinchor a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, mettant en évidence les frustrations accumulées par la population.
Des rumeurs circulent également quant à un consensus entre les différentes parties prenant part au dialogue national sur la réduction du pourcentage de parrainages requis pour les candidats à la présidentielle, passant de 1% à 0,8%. Cependant, pour M. Mbaye, le problème ne réside pas uniquement dans le taux de parrainages collectés, mais plutôt dans le caractère de ce processus qui, selon lui, ne respecte pas la liberté de choix des électeurs. Il exprime ainsi le souhait que ce procédé soit remis en question.