ActualitéSociété

Relations familiales, rapports marabouts-talibés, indiscipline et mauvais comportements des sénégalais…Le «ça suffit» de Serigne Mansour Sy Dabakh

Le ton était donné dès l’entame de son discours. Serigne Mansour Sy Dabakh, représentant le Khalife général des tidianes, Serigne Babacar Sy Mansour a dit ses quatre vérités à tout le monde.A la famille Sy d’abord. Après avoir cité beacoup de membres des différentes familles Sy de Tivaouane, il a magnifié les relations parentales et dit le haut degré où les a érigées Dieu. «Sachez que les liens de parenté son sacrés. Qui n’en veut pas, Dieu veut. Qui n’aime pas son prochain, Dieu qui l’a créé l’aime. Quiconque se met entre le marteau en l’enclume de Dieu n’a qu’à s’en prendre à lui-même. Il tient beaucoup aux liens de parenté. On ne doit montrer que de l’affection, des égards et de la bienveillance dans les liens de parenté», a-t-il dit avant de s’écrier : «60 ans de polémique, ça suffit ! Sinon on risque de mourir et essuyer la colère divine. Soyons unis et profitons de ce centenaire de Seydi El Hadji Malick pour prendre l’engagement de ne plus se trahir l’un l’autre, ne plus se détester, s’insulter, médire.

Pour la grâce de El Hadji Malick qu’on doit respecter parce que Dieu a fait pour lui des grâces par lesquelles, il nous a aidé et en retour on ne l’honore pas». Et du récit de l’orateur, «Seydi El Hadji Malick s’est manifesté à quelqu’un pour lui demander de dire aux gens de le garder à l’esprit parce que Dieu l’a hissé à des dimensions élevées de pureté où Il l’a vêtu d’habits de lumière que rien ne peut salir». Il s’est tourné ensuite vers les disciples. «Que nos parents talibés aussi s’inscrivent dans cette dynamique. Les marabouts ne sont pas leurs propriétaires, ils sont tous pareils. Ils ne doivent pas leur demander ce que Dieu ne leur a pas demandé. Eux aussi les talibés ne doivent pas nous suivre dans ce que Dieu n’a pas recommandé. On doit être sincères entre nous, être des musulmans simplement, adorer Dieu jusqu’à notre mort en attendant le jugement dernier». Et précise-t-il : «Je ne le dis pas seulement pour la famille de Syedi El Hadjoi Malick Sy, je le dis pour toutes les communautés religieuses. Les ‘tarikhas’ ne sont pas des écuries de lutte, de boxe ou de karaté. C’est la complémentarité qui doit exister dans les familles religieuses, confrériques ou même non confrériques. On ne doit pas avoir de problèmes entre sunnites et chiites, salafistes et non salafistes. Ça n’agréé pas Dieu. L’essentiel est d’être sincère envers Dieu et ne L’associer à rien d’autre». Parce que, tonne le marabout : «finalement personne n’est plus dupe, tout le monde réfléchit et sait ce qui se passe. On fait simplement les fous.

Ça suffit. On doit se dire la vérité en pareilles rencontres. Le Bond Dieu a bon dos. Il n’en a cure de personne, mais est tolérant envers ses créatures, mais celles qui veulent être dans sa longanimité car on ne peut être plus royaliste que le Roi». Il convoque El Hadji Malick qui exhortait les croyants à prendre garde à leurs liens de parenté autant qu’ils prendraient garde à Dieu, pour demander «aux confréries à s’unir pour travailler pour l’Islam, pour Dieu, pour ce pays, pour sa paix. C’est mieux que d’être des lanceurs de pierres ou des pyromanes qui créent des foyers de tension. Mon marabout est meilleur que quiconque d’autre, jusqu’à quand ? Mame El hadji Malick a dit qu’on ne peut savoir qui vaut mieux qu’autrui tant que Dieu n’aura évalué chacun pour établir qui est meilleur que l’autre. Les disciples sont fatigués. Ils ne sont pas des esclaves. Ils ne sont pas des butins tirés des batailles ou des djihad. Al Maktoum est même allé jusqu’à dire que les marabouts sont plus nombreux que les talibés». Tirant sur les chefs religieux, ils les appelés à se détourner des mondanités pour se consacrer à travailler pour Dieu «parce qu’Il les a missionnés pour gérer. Ils sont des gestionnaires. Dieu les a exhorté à redistribuer ce qu’Il leur prodigue pour soulager les gens qui sont fatigués, qui souffrent, qui n’ont pas les moyens et qui ne peuvent pas tendre la main».

Il a cité Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh qui, dit-il, «prévenait, n’attendait pas que les gens aient des problèmes pour venir frapper à sa porte. C’est lui qui envoyait recenser des gens qui sont dans des problèmes. ‘Je suis un postier ou un guichetier. Dieu envoie pour que je distribue aux gens qui en ont besoin. Et si je ne m’en acquitte pas, viendra un grand jour où Dieu m’en demandera compte’, disait-il». C’est pourquoi Mansour Sy Dabakh trouve que «les marabouts sont des réseaux sociaux, médiateurs sociaux. Ils doivent prendre de Dieu pour donner à ses créatures. C’est ce qu’ont fait ses suivants. Même Serigne Mbaye Sy Mansour fait la même chose. Il n’a besoin de rien de personne, c’est Dieu qui subvient à ses besoins. Il ne se dispute pas les foules, n’est pas dans le paraitre. Il est humble, comme il l’a toujours été. Seydi El Hadji Malick et les aînés étaient comme ça également, ils ne recherchaient rien des biens terrestres». Il a vite fait de préciser cependant que «l’argent vous est licite si vous savez comment le gérer et comment l’utiliser à des fins d’un intérêt commun, national, public pour que tout le monde puisse vivre dans de bonnes et de meilleures conditions ». C’est vrai, dit-il, que «les gens ne peuvent pas être égaux en chances, en connaissances ou autres, mais Dieu aime la complémentarité, que chacun épaule l’autre.

Chez mes talibés, il y a des plombiers, des électriciens, des maçons, des peintres qui y font des choses que je ne peux pas. Mais je ne vais pas attendre qu’ils finissent de travailler pour prier pour eux parce qu’ils sont les talibés. Je serais alors ingrat, méchant, prêt à vivre sur le dos des gens alors que je ne suis rien du tout. Je partage tout ce que Dieu me donne avec eux, repas, argent. C’est comme ça qu’on doit observer les rapports marabouts-disciples. Les talibés ne sont les esclaves de personne, les marabouts aussi ne sont pas des divinités, qu’ils le sachent». Ne lâchant pas ses homologues, il assène convoquant sourates et hadiths : «les marabouts comme les prophètes ne sont que des intermédiaires entre Dieu et les hommes, c’est abominables qu’ils finissent par dire aux talibés qu’ils sont leur Dieu et qu’ils lui appartiennent. Dieu réprouve cela. Les gens Lui appartiennent, à personne d’autre. Il n’y a qu’un Dieu. On doit libérer les talibés et leur donner leur liberté d’agir, de connaitre, de questionner et de recevoir des réponses claires et nettes tirées du Coran. Les gens ne sont pas des automates qu’on pilote à l’ide de télécommandes. Arrêtez de leur dire ‘mon père a dit’ et dites-leur plutôt ‘Dieu a dit’. Le seul maitre, c’est le Bon Dieu. On doit vous l’apprendre durant ce Gamou au sortir duquel on doit revoir nos copies».

Elargissant son spectre d’analyse, il trouve urgent qu’«on travaille à développer le Sénégal et tout ce qu’on s’écarte de tout ce qui peut détruire notre société. Il nous faut une convention sociale comme je le dis souvent., Si l’Etat fait voter des lois, qu’on doit exécuter après approbation, il faut qu’on les respecte. Alors que maintenant les Sénégalais ne respectent même plus ne serait-ce qu’un feu de signalisation. Comment respecter Dieu dans ces conditions. On ne respecte plus la loi, ni dans les rues, dans les quartiers ou les familles. Chacun fait ce qu’il veut. Chacun insulte qui il veut. C’est comme si on était dans une jungle». Le marabout a dénoncé un ensemble de «mauvais comportements» des Sénégalais qui «retardent notre pays, plombent son économie». «Qu’on apprenne ça aux gens. Ils connaissent déjà comment réparer une prière, mais jusqu’à présent on refuse de connaitre comment nous discipliner dans la rue. On cite en référence Paul Kagamé, mais nous avons plus de chance comme le disait Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh qui rappelait qu’on a plus de chance qu’eux d’avoir des anciens qui savaient éduquer comme El Hadji Malick et les ainés qui l’entouraient. Il disait qu’ils savaient éduquer et eux leurs enfants acceptaient d’être éduqués. Je nous invite à savoir nous discipliner». Et à «ceux à qui on a confié des responsabilités, qu’ils s’en acquittent avec conscience et droiture pour avoir la conscience tranquille, sauvegarder sa dignité et celle de sa famille après sa fin de mission. C’est comme ça qu’on peut aider le président de la République».

Voxpop