Seydou Gueye « Entre l’aventure que vend l’opposition et l’émergence, les Sénégalais sauront faire la part des choses »
La voix de la présidence de la République prend la parole pour asséner ses vérités sur la situation politique du pays. Dans cet entretien accordé à Vox Populi, le ministre Seydou Guèye – qui fait également office de porte-parole du parti au pouvoir – se prononce, sans détour, sur les sujets brûlants de l’actualité. Sa conviction est que les « Sénégalais sauront faire la part des choses, entre l’aventure que vend l’opposition et l’émergence ».Quelle analyse faites-vous des résultats issus des élections législatives du 31 juillet dernier ?
Les élections législatives du 31 juillet 2022 ont consacré, encore une fois, la majorité politique de la coalition Benno Bokk Yakaar, même si on peut constater une baisse du nombre de députés. Le premier enseignement à retenir du scrutin est que nous demeurons majoritaires à l’Assemblée nationale. Le deuxième est que l’opposition, en dépit de sa campagne d’affabulation, a lamentablement échoué dans sa quête de majorité alternative pour imposer une cohabitation au pouvoir en place. Il faut donc se féliciter de la maturité du peuple sénégalais qui a dit, en un mot, non à une quelconque probabilité de cohabitation dans l’exercice du pouvoir. Le peuple a fait le bon choix de la consolidation du progrès socioéconomique à travers le Plan Sénégal Emergent (PSE) mis en œuvre par le Président Macky Sall.Que vous inspire le fait que la coalition Yewwi Askan Wi avait crié victoire ?
Le contraire m’aurait étonné. (Rire). Déjà en 2019, alors que le Président Macky Sall était confortablement élu au premier tour, l’opposition criait à la victoire. Idem en 2017 lors des élections législatives, alors que la coalition Benno Bokk Yakaar avait remporté 125 sièges sur 165, et plus récemment après les Locales, alors que la majorité a largement gagné avec un score de plus de 80%. Après toutes ces cuisantes défaites, l’opposition a toujours embouché la même trompette avant de se voir confrontée à la dure réalité.Avez-vous des craintes par rapport à la nouvelle configuration de l’Assemblée nationale ? Tout au contraire ! Je pense que la configuration de la 14e législature est à l’image de celle de plusieurs grandes démocraties. Au Sénégal, nous avons une démocratie majeure citée en exemple dans le monde entier. Nous aurons une Assemblée nationale équilibrée, ce qui place la majorité comme la minorité dans le même champ de responsabilité. Dans une telle configuration, l’opposition ne peut pas capitaliser sur d’hypothétiques maladresses du pouvoir.
Elle aura l’obligation de hisser qualitativement son niveau, en développant un mode de présence plus responsable, donc moins populiste. Les fake news et l’affabulation n’ont pas droit de cité à l’Assemblée nationale. L’intérêt de ce nouveau rapport de force, c’est consolider le dialogue et la délibération, fonctions essentielles en démocratie, pour conforter notre statut de démocratie modèle. La minorité fera face à une épreuve de vérité.A votre avis, où est-ce que BBY a péché lors des élections législatives ? Une élection est une pêche aux voix. Dans une démocratie comme la nôtre, nul ne peut faire l’unanimité. L’objectif principal pour la majorité était d’avoir une majorité pour permettre au chef de l’Etat de poursuivre confortablement le Plan Sénégal Emergent. Tel est le cas. En outre, nous avons tiré tous les enseignements de ces élections qui, il faut le dire, ont été entachées par une manipulation dangereuse de l’opposition sur des sujets relatifs aux fondements de notre vivre ensemble. Certaines thématiques de l’opposition reviennent à l’approche de chaque élection. Au final, on se rend compte que c’est de la pure manipulation. Mais que voulez-vous ?
Quand vous faites face à une stratégie fondée sur le mensonge et l’affabulation, le temps demeure l’un de vos meilleurs alliés.Comment expliquez-vous la défaite de la coalition présidentielle dans beaucoup de centres urbains ? Mais, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Les centres urbains constituent de vraies équations pour tous les pouvoirs, de Diouf au Président Macky Sall, en passant par Wade, du fait de leur cosmopolitisme et de la concentration de tous les problèmes de la modernité comme la diversité démographique, la mobilité, le cadre de vie, les intempéries, la problématique de l’emploi, le chômage etc. Mais, ce qui est le plus significatif, c’est qu’une élection s’apprécie dans sa globalité, même s’il faut tenir compte des spécificités. Nous avons perdu dans quelques villes comme Dakar, Guédiawaye ou Ziguinchor. Mais, nous sommes sortis vainqueurs dans d’autres telles que Podor. Les Sénégalais sont d’égale dignité, chaque voix est l’expression d’une adhésion à une vision. A ce titre, Benno Bokk Yakaar demeure majoritaire dans le pays. Pour l’essentiel, nous gardons nos bases. Nous devons travailler à les consolider en inversant la tendance dans les villes qui ont échappé à notre razzia.
Que prônez-vous pour que BBY puisse inverser la tendance aux prochaines joutes électorales ? La recette de notre coalition demeure l’unité et la solidarité et l’élargissement des bases. C’est ce qui nous a permis de sortir vainqueurs de toutes les élections auxquelles nous avons participé jusqu’ici. Il nous revient de rester mobilisés à la base. Les Sénégalais, dans leur écrasante majorité, ne sont pas dupes. Il nous faudra la reprofiler, mais surtout renforcer la présence sur le terrain. Entre le choix de l’aventure que vend l’opposition et celui de l’émergence, les Sénégalais sauront faire la part des choses. Aujourd’hui, malgré le choc Covid, le Président Macky Sall a mis le pays sur la rampe de l’émergence, au moment où plusieurs grandes économies sont à genoux. A titre d’exemple, sur instruction du chef de l’Etat, le filet social a été sensiblement renforcé avec plus de 350 milliards FCFA qui sont mobilisés au titre de subvention de l’énergie, 157 milliards FCFA alloués aux ménages face à la flambée mondiale des prix.
Et avec la revalorisation salariale et les différentes subventions, l’Etat va consacrer pas moins de 627 milliards FCFA pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages dans un contexte de flambée de prix à l’échelle mondiale. Par ailleurs, 542 956 ménages du Registre National Unique sont pris en charge à travers le programme de transferts monétaires exceptionnels d’un montant de 43 436 480 000 FCFA lancé au mois de mai dernier. Donc, au regard du bilan élogieux du Président Macky Sall, la majorité aborde la Présidentielle dans la sérénité.Depuis la proclamation des résultats des Législatives, tout le pays attend la nomination du Premier ministre et la composition d’un nouveau gouvernement . Qu’est-ce qui bloque ?Il n’y a aucun blocage pour ce que j’en sais. Ce sont les domaines réservés du chef de l’Etat. Pour la première fois de notre histoire, nous devons, dans la même séquence temporelle, installer une nouvelle Assemblée nationale dans le cadre de la 14e législature, renouveler intégralement le Haut Conseil des collectivités territoriales, et mettre en place un nouveau gouvernement. Il s’agit en somme de trois institutions. Jusqu’à l’heure où je vous parle, les ministres continuent d’exercer leurs missions. La gestion des inondations en constitue une parfaite illustration, comme la prise en charge d’autres questions liées aux priorités des populations.
Il n’y a, que je sache, aucune vacance du pouvoir. Il faut juste considérer que le gouvernement sera mis le moment venu, et pour l’heure, la 14e législature sera installée le 12 de ce mois, c’est-à-dire dans une semaine. Et le reste, comme la nomination d’un Premier ministre ou de membres du gouvernement, c’est de la prérogative constitutionnelle du président de la République. Il n’y a aucun péril en la demeure.Que pensez-vous des déclarations de candidature à la Présidentielle d’Ousmane Sonko, Malick Gakou, Karim Wade et Bougane Guèye Dany?Nous connaissons l’histoire des déclarations de candidature dans notre pays. Une déclaration de candidature demeure un vœu, et très souvent, il s’agit de vœu pieux. A l’état actuel, je préfère me concentrer sur notre majorité et les défis qui nous interpellent, tels que le coût de la vie, sortir nos compatriotes des inondations, en somme, s’occuper des Sénégalais et de leurs préoccupations prioritaires.Les opposants lient la nomination de Mamadou Badio Camara à la tête du Conseil constitutionnel comme une volonté du Président Macky Sall de vouloir briguer un troisième mandat. Quel commentaire en faites-vous ?
Je ne vois pas le rapport. Mamadou Badio Camara est un juge émérite dont les états de service et l’ancienneté en font un choix très sage. Badio dirige l’institution constitutionnelle qui décide en assemblée. Et les membres du Conseil ont une haute idée de leur responsabilité. Je pense que nous sommes en présence d’une opposition schizophrène qui souffre d’une incapacité chronique de proposer mieux que le Plan Sénégal Emergent et qui s’agrippe à la bouée du populisme et de l’affabulation. Et dans le cas d’espèce, il ne s’agit que de la fébrilité d’une opposition énervée, parce que pas sûre d’elle pour 2024.Que vous inspire le boycott de l’opposition lors des élections des membres du Haut Conseil des collectivités territoriales (HCCT) qui se sont déroulées ce dimanche ?
Cette stratégie du boycott est un rideau de fumée, parce que l’opposition ne veut pas que les Sénégalais constatent que Benno Bokk Yakaar est majoritaire dans le pays, au niveau des communes et des départements, dont les membres des Conseils constituent l’électorat et les candidats. Et quand elle invoque les économies qu’on pourrait réaliser, c’est chercher à vendre du vent aux Sénégalais. Autrement, comment comprendre leur objectif d’augmenter les charges à l’Assemblée nationale en voulant constituer plusieurs groupes parlementaires ? Et enfin, pourquoi avaient-ils siégé dans le Conseil sortant où ils étaient partis à la compétition et gagné une localité comme Dakar ? Tout compte fait, c’est une épreuve de vérité pour l’opposition, dans la sincérité de son alliance et des valeurs cardinales qu’elle projette et sur lesquelles elle est attendue comme le non cumul des mandats.