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Hôpital le Dantec : Les mille et un maux d’une fermeture

Prévue hier lundi 15 août, la fermeture de l’hôpital Aristide le Dantec au grand public doit, en principe, être acté aujourd’hui mardi 16 août 2022. Mais sur place, hier, c’était un impressionnant ballet des camions de déménagement pour convoyer les matériels médicaux et administratifs vers les destinations choisies pour accueillir le redéploiement de la structure sanitaire vieille de plus de cent ans. Et ceci sous haute surveillance policière.Mais cette situation a fini d’installer le désespoir chez des patients qui apparemment ne croyaient pas que ce jour allait arriver malgré l’annonce faite par les autorités, depuis des mois. C’est le cas de Fama Thioune qui habite Tattaguine. Cette jeune maman a été évacuée in extrémis à l’hôpital le Dantec après une complication y cherchait désespérément du personnel soignant. «J’ai subi une césarienne, il y a deux semaines de cela. Aujourd’hui je devais changer mon pansement pour une deuxième fois, mais il n’y a personne. La première fois, je suis venue et j’ai fait le tour des services avant de trouver une infirmière qui m’a clairement dit que je devais suivre scrupuleusement mes rendez-vous sinon ils n’allaient plus me soigner.

C’est pourquoi je suis là malgré que le 15 août est un jour férié», fait-elle savoir en continuant son chemin pour trouver de l’aide. Une autre dame attire l’attention : d’âge mûr, le teint noir, ses environs 1,60 m drapés d’un grand boubou en voile de couleur blanche, elle est visiblement abasourdie par la situation. Cette native de Touba qui a quitté très tôt la ville sainte pour venir à son rendez-vous, cache à peine son amertume : «Je suis très malade. Actuellement je souffre quotidiennement. La douleur est trop persistante. Je suis là pour voir mon médecin traitant, mais il n’y a plus de médecins sur place. Ni de consultations et il n’y a personne pour nous informer ou nous orienter. Hier dimanche mes petits-enfants m’ont dit que l’hôpital a fermé ses portes, mais je n’y croyais pas car depuis un an et demi je suis une patiente dudit hôpital. La moindre des choses c’est de nous appeler pour nous informer de la situation». Dépassée, elle s’interroge avec lassitude :

«Maintenant on fait comment ? Moi je suis très malade. Sans soins je ne vais pas tenir longtemps».Comme elles deux, d’autres patients qui avaient un rendez-vous médical ce 15 août et qui avaient peur de le rater malgré le férié d’hier lundi faisaient le pied de grue devant les portes de certains services. De même des accompagnants qui ont toujours leurs proches hospitalisés dans certains services, ont aussi déploré le manque d’assistance médicale. «Mon grand frère est ici depuis des semaines. Il a la jambe amputée. C’est pourquoi on est toujours là. Il est sous assistance respiratoire. Mais la chambre est quasi vide. Il n’y a plus de matériel pour le soigner. Il est couché dans son lit depuis vendredi. Il ne bénéficie plus de soins et on ne nous dit rien de clair pour son évacuation. Si seulement on avait les moyens, on serait partis depuis fort longtemps car moi je ne sais plus quoi lui dire pour calmer ses souffrances», lance Ibrahima Barry, dépité. Une situation qui risque d’empirer avec la fermeture définitive, avant destruction et reconstruction de cette structure sanitaire qui joue un rôle incontournable dans la prise en charge des malades en situation difficile.

Toutinfo.net avec Voxpop