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ALLONS-Y, MOUSTAPHA DIAKHATÉ

Il n’y aurait pas des Cheikh Oumar Anne, des Farba Ngom, des Mansour Faye et sa fille, des Samuel Sarr4 et autres membres de sa famille comme de sa coalition lourdement épinglés par les rapports de nos différents organes de contrôle

Les invités d’El Hadj Fallou Khouma à son émission Jokkoo de jeudi dernier étaient Moustapha Diakhaté, ancien président du Groupe parlementaire Bennoo Bokk Yaakaar (BBY) et un autre compatriote qui s’est auto-présenté de façon élogieuse, comme si nous ne vivions pas dans un petit village comme le Sénégal, où tout le monde connaît pratiquement tout le monde. Le lecteur me permettra de ne pas citer son nom. Tout au long de l’émission, l’ancien proche et aujourd’hui lointain collaborateur du président-politicien s’est évertué à convaincre les auditeurs que les conséquences de toutes les manifestations organisées par la Coalition Yewwi Askan wi (YAW) sont de la responsabilité directe de ses responsables, et principalement d’Ousmane Sonko[1]. Et, pour se faire plus convaincant, il invite les auditeurs à s’arrêter davantage sur les causes que sur les conséquences, les premières entraînant directement et forcément les secondes. Sans causes, sans conséquences, a-t-il tenté de démontrer tout au long de l’émission, et les causes sont e l’autre côté.

Je suis entièrement d’accord ici avec l’ancien président de BBY et accepte son invitation. Naturellement, je ne m’accrocherai pas, comme lui, seulement sur deux ou trois événements pour convaincre. Je monterai bien plus loin, et administrerai la preuve, que son ancien mentor est, pour l’essentiel, responsable de tous les maux, de toutes les difficultés que nous vivons depuis le 2 avril 2012. J’aurai naturellement besoin de la patience du lecteur et, pour lui faciliter la tâche, je présenterai le texte en deux jets. J’ai besoin d’un peu de temps et d’espace pour montrer, avec des arguments irréfutables, que si l’homme que nous avons confortablement élu le 25 mars 2012 avait seulement respecté le tiers ou, peut-être même la moitié des engagements formels qu’il avait pris, nous n’en serions pas à vivre aujourd’hui les événements dont son ancien et bref chef de cabinet met lourdement toutes les conséquences sur le dos d’Ousmane Sonko.

Naturellement, j’aurai besoin de rappeler car, dans notre pays, il faut toujours rappeler, pour ne pas donner raison au vieux président-politicien qui disait de nous, et sans état d’âme, que nous avions bien du mal à nous rappeler notre diner de la veille, et que nous ne croyions qu’à l’argent et aux honneurs. J’aurais pu me contenter des réseaux sociaux et, en particulier des Var qui mettent à nu cet homme qui nous gouverne depuis le 2 avril 2012. Avant d’entrer dans le vif du sujet, je passerai rapidement sur cette affaire Adji Sarr qui traîne depuis de longs mois entre les mains des autorités habilitées. On se rappelle que dans la nuit du 2 au 3 février 2021, si mes souvenirs sont exacts, cette jeune fille avait porté plainte contre Ousmane Sonko pour « viols répétés à mains armées avec menaces de mort ». On a des informations précises sur la maison où se seraient déroulés les viols répétés. La gamine subit jusqu’au quatrième ou cinquième viol pour se décider enfin à porter plainte, avec toutes les péripéties que l’on se rappelle.

Les autorités s’empressèrent alors de faire convoquer Ousmane Sonko le 8 février, en ignorant manifestement son immunité parlementaire et en arguant du fait que la loi le leur permettait. Ousmane Sonko n’a pas naturellement répondu à la convocation. Pourquoi cet empressement ? Pourquoi n’avoir pas attendu que le Ministre de la Justice Garde des Sceaux transmît à l’Assemblée nationale la demande du juge chargé de l’affaire, pour la levée de l’immunité parlementaire de l’opposant qui les empêche de dormir ? Il n’y a aucun doute que le Garde Sceaux s’y emploierait rapidement et Aymérou Gning et ses collègues seraient prompts à lever l’immunité. Ousmane Sonko n’aurait alors aucun autre choix que de répondre aux convocations et le juge aurait ainsi l’occasion de le placer rapidement sous mandat de dépôt pour plusieurs années, le viol, le vrai en tout cas, étant considéré comme un crime. C’est vrai que les militants et sympathisants de Sonko ne l’entendaient pas de cette oreille. En tous les cas, la convocation précipitée du député a été pour beaucoup dans les manifestations qu’il y a eu après, avec leur lot de conséquences que Moustapha Diakhaté met facilement sur le compte de son ennemi juré, dont il a été le premier à demander la radiation de la Fonction publique.

Rappelons, puisque que dans notre pays il faut toujours rappeler, que deux députés ont été soupçonnés d’implication dans une affaire grave de trafic de passeports diplomatiques. Combien de temps les autorités habilitées ont-elles mis pour demander  la levée de leurs immunités parlementaires ? Pas loin de deux mois. Ils ont été ensuite jugés et condamnés à des peines particulièrement légères. L’un est déjà sorti de prison d’ailleurs, après avoir purgé sa « peine » de trois mois. J’ai été condamné en première instance, moi le pauvre Mody Niang, à trois mois de prison avec sursis et à payer dix millions de francs CFA d’amendes à ce Cheikh Oumar Anne, ancien Directeur général du COUD et très proche du président-politicien. Il avait porté plainte contre moi pour avoir dédicacé un livre de Papa Allé Niang, et pour y avoir traité sa gestion de scandaleuse.

Et il n’est pas impossible que, dans ce Sénégal du président-politicien, un juge me condamne plus sévèrement et m’envoie en prison en appel. Pourtant, la gestion de ce M. Anne est plus que scandaleuse. Son lourd dossier déposé par l’OFNAC sur la table du Procureur de la République y dort d’un sommeil profond depuis l’année 2016. Sa gestion a été si scandaleuse que, dans l’une de ses recommandations, l’OFNAC demandait qu’il fût immédiatement relevé de ses fonctions et que plus jamais, aucune responsabilité ne lui soit confiée dans l’administration. Contre toute attente, le président-politicien le défend publiquement et le bombarde ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, en remplacement du Pr Mary Teuw Niane, excellent mathématicien, et pas seulement d’ailleurs.

Cette position particulièrement partisane et plusieurs fois répétée du président-politicien a créé beaucoup de frustrations. Des frustrations parfois difficilement soutenables et qui ont été à la base de grosses difficultés, notamment de manifestations pouvant entraîner des conséquences que l’ancien président du Groupe parlementaire BBY est toujours prompt à mettre sur le compte des seuls organisateurs, son ancien et peut-être actuel mentor (caché) n’y étant pour rien. Cette position, ce parti-pris flagrant est à l’origine du sentiment du deux-poids-deux-mesures et de la division du pays en deux camps nettement opposés (Kumba am ndey ak Kumba amul ndey) qui habite de plus en plus nombre de Sénégalaises et de Sénégalais. S’y ajoute que cet homme que nous avons élu le 25 mars 2012 s’est montré particulièrement décevant dans sa gouvernance qui est tout le contraire de celle « sobre, transparente et vertueuse » qu’il nous avait fermement promise.

Dans la suite, le second et dernier jet de ce texte, j’entrerai dans le vif du sujet pour montrer, arguments irréfutables à l’appui, à Moustapha Diakhaté et aux hommes et aux femmes de son acabit, que leur mentor est directement responsable des gros risques de chaos qui pèsent lourdement sur notre pays

Naturellement, je suis loin, très loin d’être d’accord avec lui et avais commencé à le démontrer dans le premier jet, et donnais rendez-vous aux lecteurs à celui-ci, le second et dernier. Mon avis, ma forte conviction est que son ex-mentor est, pour l’essentiel, responsable de toutes les menaces qui pèsent lourdement sur notre pays depuis le 2 avril 2012. Si cet homme que nous avons élu le 25 mars 2012 était exactement ou presque le même que celui qui nous gouverne depuis un peu plus de dix ans avec, en bandoulière, ses engagements respectés à la lettre ou du mieux qu’il peut, le Sénégal que nous vivons aujourd’hui serait bien plus tranquille. Malheureusement, ente les deux hommes, il ne reste plus que le nom : l’un et l’autre sont comme Yalla ak yaali.

Pour avoir une base solide d’arguments me permettant de le démontrer, je suis obligé de faire des rappels, encore des rappels dont mes compatriotes ont toujours besoin, étant donné leur fâcheuse tendance à vite oublier et à passer indifférents, devant les événements les plus lourds de menaces pour notre pays. Je me contenterai de deux rappels : son premier message à la Nation, le 3 avril 2012, et l’interview qu’il a accordée à Béchir Ben Yaymed1 de l’hebdomadaire Jeune Afrique, le 14 juin 2012. Ce 3 avril donc, il s’adresse ainsi au gouvernement : « Je (vous) donne mission de traduire en actes la forte aspiration au changement massivement exprimée le 25 mars. Cette occasion historique constitue pour nous tous, un nouveau départ pour une nouvelle ère de ruptures en profondeur dans la manière de gérer l’État au plan institutionnel et économique. C’est pourquoi, je tiens à ce que toutes les femmes et tous les hommes qui m’accompagnent dans l’exécution du contrat de confiance qui me lie au peuple, comprennent et acceptent que cette mission ne crée pas une catégorie de citoyens privilégiés, au-dessus des autres et de la loi.

 Au contraire, cette charge se décline en un sacerdoce sans ambiguïté : il est question de servir et non de se servir2 . Déjà, comme vous le savez, j’ai décidé de ramener à cinq ans le mandat de sept ans pour lequel je suis élu sous l’empire de l’actuelle constitution. » Le lecteur a bien lu : je n’ai rien inventé.

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