CHRONIQUE DE MLD : Le paradoxe sénégalais

Quel est le lien entre le Train Express Régional (TER) et l’affaire Pout Dagné ? Question saugrenue de prime abord mais pleine de sens et d’une brûlante actualité au regard des récents débats qui ont alimenté la chronique locale. Autant le Ter nous sort littéralement des ténèbres et des affres de l’immobilité pour nous projeter dans la modernité, autant l’affaire Pout Dagné nous replonge dans l’obscurantisme et la nuit noire… Ces deux évènements révèlent le paradoxe sénégalais dans toute sa plénitude. Le Ter, symbole du génie sénégalais est un bijou infrastructurel mis à la disposition de nos concitoyens. Il va participer activement à l’amélioration de la qualité de la mobilité urbaine dans un contexte particulier marqué par cette macrocéphalie ayant fait de Dakar un monstre qui concentre près d’un quart de la population nationale ; autant de monde qui s’agglutine sur moins d’un pour cent de la superficie du pays. Sous ce rapport, le simple fait d’ériger le TER découle franchement d’une vision, d’un sens de l’anticipation et de la prospective remarquables.

Vu et analysé sous cet angle, cet important outil de décongestionnement de la capitale reste un investissement de premier plan visant entre autres le progrès humain et la qualité de vie. Le problème c’est que les arguments des contempteurs de ce projet cher au Président Macky Sall ne manquent pas de pertinence. Ces observateurs évoquent quelque part un TER de la démesure au vu des sommes colossales mobilisées au titre de l’endettement du Sénégal auprès de bailleurs de fonds comme la Banque islamique de développement (Bid) et la Banque africaine de développement(Bad).

C’est vrai qu’avec 780 milliards fr cfa (coût du bijou), on aurait pu réhabiliter globalement tout le réseau ferroviaire national hormis la relance de la ligne historique Dakar /Bamako mais nous devons à la vérité de dire qu’on ne peut refaire le monde avec des si. Le TER est bel et bien un outil de développement et de souveraineté dont la mobilisation des fonds nécessaires à sa réalisation témoigne par ricochet de la qualité de la signature du Sénégal à l’international. Ces partenaires au développement n’ont jamais été des philanthropes. Ne boudons pas notre plaisir, aimons le TER, apprécions-le à sa juste valeur et préservons –le afin que d’autres pays africains puissent s’en inspirer.

Pout Dagné symbole de l’obscurantisme Si le TER a eu le don d’impulser un élan fédérateur pour avoir fouetté l’égo de nos compatriotes et le sentiment national, l’affaire Pout Dagné nous rappelle brutalement que nous sommes assis sur des équilibres sociétaux assez fragiles. En 2021, comment peut-on interdire l’inhumation d’une créature de Dieu en prenant prétexte sur des motifs liés aux castes ? Ce qui s’est passé dans cette localité du Diobass des profondeurs (Département de Thiès) est de nature à nous replonger dans la nuit noire de l’obscurantisme. Or, l’irrationnel ne saurait rimer avec les attitudes d’un peuple supposé très focus sur les religions révélées. A moins que nous soyons tous des comédiens et des êtres lunatiques qui se nourrissent au quotidien de paradoxes, de reniements et de revirements.

Ce pays si divers et si attachant sait être déconcertant !Entrer