ALLIANCE SONKO, KHALIFA, KARIM, MOUSTAPHA SY : L’opposition à quitte ou double
L’échappée solitaire d’Ousmane Sonko, Khalifa Sall, Karim Wade et Moustapha Sy offre deux alternatives aux autres franges restantes de l’opposition : rejoindre la dynamique unitaire ou périr face au rouleau compresseur de Benno bokk yaakaar qui n’a perdu aucune élection depuis son avènement.
L’alliance entre Ousmane Sonko (Pastef), Khalifa Sall (Taxawu Sénégal), Karim Wade (Pds) et Moustapha Sy (PUR), a créé un branle-bas au sein de l’opposition sénégalaise depuis son annonce. Faisant ainsi sortir de leur réserve toutes les autres factions les plus téméraires allant jusqu’à dénoncer un complot ourdi sur le dos de l’opposition et contre même la dynamique unitaire enclenchée par celle-ci en perspective des prochaines échéances électorales de 2022 et 2024. Il y a certes de quoi fouetter un chat au vu des secousses politico-médiatiques provoquées par ce qui peut être considéré comme un séisme politique. Ousmane Sonko, Khalifa Sall, Karim Wade, Moustapha Sy, en alliance ? Qui l’eut cru ! Mais à la lecture des faits, l’on voit nettement que le réalisme politique a primé sur toutes autres considérations des uns et des autres. Le baobab Benno bokk yaakaar n’est déboulonnable que par une force supérieure que l’opposition n’aura jamais sans une forte alliance qui regroupe tous ses ténors dans une seule entité. Les mêmes produits faisant toujours les mêmes effets, l’opposition, dans sa quête d’une troisième alternance au Sénégal, ne veut pas répéter les erreurs du passé comme aux élections législatives de 2017 qu’elle avait engagé en rangs dispersés, avant de mordre la poussière. Ousmane Sonko, Khalifa Sall, Karim Wade et Moustapha Sy auront donc analysé la situation avec lucidité et appris des erreurs du passé pour mutualiser leurs forces en direction des élections municipales et départementales du 23 janvier 2022 et qui s’annoncent cruciales pour leur avenir politique pour l’essentiel d’entre eux.
Echappée des quatre grands
Cette échappée de ces grands, aussi controversée quelle puisse paraitre, obéit pour autant à une logique politique. Au-delà des apparences, des vociférations et autres cris d’orfraie des autres factions et sections de l’opposition dont le Congrès de la renaissance démocratique et la coalition Jotna, cette alliance regorge les principales forces qui ont réussi un tant soit peu, à secouer le baobab Benno lors des échéances électorales précédentes. Le leader de Pastef, soutenu par la coalition Jotna, termine à la troisième place de l’élection présidentielle du 24 février 2019 avec plus de 687 000 voix, soit 15,67 %, derrière le Président sortant Macky Sall et l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, arrivé en seconde position et soutenu par la coalition Taxawu Sénégal de Khalifa Ababacar Sall. Avec à sa tête Issa Sall, le Parti de l’unité et du rassemblement (PUR) de Moustapha Sy s’est classé quatrième là où le Parti démocratique sénégalais qui dispose d’un appareil politique solide, avait jugé tout simplement utile d’adopter une posture neutre, devant l’inéligibilité et l’exil de son candidat déclaré Karim Wade à Doha.
Alliance non-négligeable
Du réalisme politique d’Ousmane Sonko du Parti des patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), à la volonté affirmée de Khalifa Sall de Taxawu Dakar de se repositionner sur l’échiquier politique sénégalais après son conflit politico-judiciaire contre le régime en place, en passant par le désir des libéraux du Parti démocratique sénégalais de réhabiliter leur leader en exil jusqu’ici à Doha au Qatar, et le rejet de Moustapha Sy du système Macky Sall, cette alliance est partie pour peser sur la balance. Mais aussi pour se positionner en une véritable alternative, au-delà même des élections municipales et départementales de 2022 et des législatives de la même année. L’axe Ousmane Sonko-Khalifa Sall-Karim Wade-Moustapha Sy déclenche une dynamique unitaire qui pourrait stopper nettement le rouleau compresseur de Bby, et compromettre par la même occasion, toutes les chances au régime de Macky Sall de se maintenir au pouvoir, si jamais il serait tenté par une troisième candidature qui fait déjà l’objet d’un rejet quasi général dans certaines franges de la société sénégalaise.
Abdoul Mbaye, Thierno Alassane Sall, Mamadou Lamine Diallo…obligés de suivre la mouvance au s’exposer au péril.
Toutefois, force est de reconnaitre que tout n’est pas pour le moment joué. Et que même si la dynamique unitaire enclenchée n’est pas négligeable, elle aura besoin d’être renforcée pour pouvoir parvenir à renverser la tendance. C’est là que l’attitude des autres formations de l’opposition sénégalaise comme le Congrès de la renaissance démocratique et la coalition Jotna entre autres, devient intéressante. Ousmane Sonko, Khalifa Sall, Karim Wade et Moustapha Sy sont certes les têtes de gondole de cette dynamique unitaire enclenchée, mais les autres franges de l’opposition sont inéluctablement le socle sur lequel elles doivent s’appuyer pour espérer secouer le cocotier, et peut être venir à bout du régime de Macky Sall. Mis devant le fait accompli avec la mise en place de cette alliance, l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, par ailleurs leader de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act) et ses autres alliés du Congrès de la renaissance démocratique (CRD) dont Thierno Alassane Sall (République des valeurs), Mamadou Lamine Diallo (Tekki), sont dans une situation peu confortable où il faut agir. Même s’ils se veulent jusqu’ici lucides face à une telle situation qui sonne comme un coup de massue, ils sont obligés soit, de rejoindre la dynamique unitaire enclenchée par la coalition des quatre grands, soit faire cavaliers seuls et périr dans ce cas. Leur alliance n’étant pas assez solide pour peser sur la balance à fortiori espérer venir à bout du régime en place. Leur pronostic vital politique serait enclenché si jamais ils décidaient de fermer toutes les portes du dialogue et de se replier sur eux-mêmes pour engager les prochaines joutes électorales. Les portes du dialogue n’étant pas définitivement fermées, ils peuvent susciter des concertations avec l’alliance qui vient de se créer pour mettre en place une entité beaucoup plus large et beaucoup plus balèze, en perspective des prochaines joutes électorales.
L’opposition face à ses propres démons
A la fois cosmopolite et hétéroclite, l’opposition sénégalaise présente dans son ensemble des atours difficiles à concilier dans une seule et unique entité, tellement les objectifs sont divergents. Le bonheur des uns a toujours fait le malheur des autres dans cette opposition sénégalaise. Qui plus est, n’ira jamais ensemble dans certaines de ses factions plus que jamais antagonistes, en dépit de la réalité politique du moment. Certains de ses leaders souvent imbus de leur aura et de leur forte personnalité, rechigneraient à se ranger derrière de jeunes leaders politiques de la trempe d’Ousmane Sonko, de Karim Wade ou tout simplement de Khalifa Ababacar Sall, même si, dans les faits, ils sont peu représentatifs en termes d’électorat. Ce ne sont pas les initiatives d’entente qui manquent. Dans le passé, beaucoup de coalitions de l’opposition ont vu le jour avant de disparaitre très souvent, comme elles sont nées, sans jamais parvenir à catalyser et à fédérer toutes les forces dans une seule entité. C’est à croire même que la désunion de l’opposition relève tout simplement d’une fatalité, au grand dam du pouvoir en place qui peut espérer une nouvelle fois, sur une dispersion des forces de celle-ci.
L’info