COMMENTAIRE : Quand les choix économiques du chef de l’Etat l’emportent sur la logique sanitaire
Le président de la République a dessiné, ce lundi, dans son discours à la nation les scénarii pour relancer la machine économique et le tissu sanitaire mis à rude épreuve par la covid-19. Certes, le discours était moins martial, mais il n’a pas manqué de solennité et de gravité.
En effet, l’heure est encore grave sur le plan sanitaire au regard des statistiques à la date du 29 juin 2020. Le Sénégal a enregistré 6698 cas positifs dont 4341 guéris, 108 décès. Quelque 2248 malades sont encore sous traitement dans les centres de traitements dédiés.
C’est dans ce contexte que Macky Sall a pris sur lui la décision de libérer les énergies, bridées par plus de trois de couvre-feu, assorti de l’Etat d’urgence. C’est « l’ère post-covid-19 » inaugurée par le discours à la nation de Macky Sall de ce lundi 29 juin.
L’option clairement indiquée par le chef de l’Etat est de privilégier les solutions économiques aux problèmes sanitaires causés par la covid-19.
L’objectif clairement avoué du Président est de « rattraper le temps perdu ». Plus facile à dire qu’à faire. Avec un taux de croissance qui passe de 6,8% à 1,1%, voire moins et un endettement lourd la relance économique va être un travail D’Hercule qui va demander beaucoup de sacrifices, de larmes et de sueurs, en commençant par les dirigeants eux.
Pour l’instant le fonds de riposte et de solidarité Force-covid-19, doté de 1000 milliards n’a pas encore donné les effets attendus. En lieu et place, on a constaté de multiples scandales au tour de la distribution des vivres.
Le secteur de la santé qui devait bénéficier d’une enveloppe conséquente de 63 milliards pour sa modernisation, son équipement et le recrutement d’un personnel qualifié en quantité étale chaque jour sa misère comme en témoigne les récents mouvements d’humeur des doctorants servant dans les centres de traitement des patients covid-19.
Certes, le secteur public de la santé ne va pas cracher sur le plan de recrutement de 500 médecins et de 1000, infirmiers, sages-femmes et autres agents de santé, mais ce dont il a le plus besoin, ce sont des moyens pour prendre correctement en charge ici et maintenant les malades de la covid-19 et des autres pathologies.
Comme l’a bien dit le Président Macky Sall «malgré les difficultés nous devons rester debout, combatifs et compter sur nos propres forces d’abord dans une lutte sur deux fronts : Celui de la santé et celui de l’économie ».
En un mot comme en mille, la logique économique l’emporte sur celle sanitaire.
Mamadou SARR