CITE TOUBA RENAISSANCE AUX MAMELLES: Les résidents menacent poursuivre mbackiyou Faye Justice
Comparée à d’autres cités, celle de Touba Renaissance manque presque de tout. Une visite organisée par les résidents, ce samedi, a permis de constater la détérioration des deux canaux devant évacuer les eaux usées et de pluie, l’absence de routes bitumées dont les frais de travaux de bitumage ont été déjà payés, l’inexistence d’espaces communs comme une mosquée et de lieux d’épanouissement. Des manquements qui font partie des engagements non respectés du promoteur, Mbackiyou Faye. Les résidents comptent saisir la Justice si le visage de leur Cité ne change pas.
Ibra Diakhaté, le président de l’Association des Propriétaires et Résidents de la Cité Touba Renaissance (APRTR) aux Mamelles, ne cesse de passer et de recevoir des coups de fil. Au bout de la ligne, c’est toujours un membre de l’association qui demande des informations concernant la visite guidée organisée, ce samedi, au sein de la Cité. Après les derniers réglages, un cortège composé de cinq véhicules s’ébranle pour s’arrêter juste à quelques mètres du lieu de rassemblement, le terminus de la Ligne 7 de la société Dakar Dem Dikk. Ici, les belles maisons cohabitent avec un environnement que les résidents considèrent comme étant agressé. Au bas de ces immeubles, des maçons s’activent pour le moulage de briques qu’ils rangent soigneusement. Les résidents de la Cité Renaissance ont d’autres voisins encombrants que sont des charretiers qui ont fini de transformer les lieux devenus insalubres. Pourtant, au début, cette cité dénommée Touba Renaissance, une propriété du promoteur immobilier Mabckiyou Faye, devrait avoir un décor plus reluisant. Mais les engagements pris par ce dernier n’ont pas été respectés. A commencer par le système de canalisation. Le canal devant assurer le service d’évacuation des eaux de pluie est obstrué et bouché par des arbustes, des gravats, des branches d’arbres ou encore des déchets empêchant les eaux de passer correctement avant de se déverser dans la mer en passant par Ngor. Les résidents de la Cité sont encore plus remontés du fait de l’installation d’un garage sur le passage du canal, l’enterrant du coup. Pour le président de l’Association des Propriétaires et Résidents de la Cité Touba Renaissance, pendant l’hivernage, les eaux de pluie vont inonder le quartier du fait de ce canal qui ne fonctionne plus. Et pour comprendre l’origine de ce problème d’évacuation des eaux, il faut entrer dans la Cité Touba Renaissance composée de 400 lots. Au milieu de ce quartier dont les propriétaires ont déboursé entre 60 et 80 millions de francs CFA pour acheter le terrain, les maçons ne chôment pas. Dans les coins ils s’activent dans la construction de ces belles bâtisses. Aux bruits de marteau, se mêlent ceux des engins et autres matériels électriques utilisés pour la construction. Devant un bâtiment en finition, des jeunes carreleurs travaillent à embellir cette maison dont les résidents vont cohabiter avec un canal à ciel ouvert. Des déchets, des pneus, des bouteilles et autres objets de tous genres sont jetés dans cette conduite. La couleur verdâtre de l’eau s’ajoute aux moustiques qui empêchent les ouvriers d’à-côté et les résidents de dormir.
MANQUE D’ÉTHIQUE
« Au début, c’était un canal fonctionnel qui s’est bouché, parce que l’autre ne fonctionnait plus », lance un ouvrier venu expliquer les raisons de cette situation. « Nous avons saisi toutes les autorités compétentes depuis près de deux ans, mais jusque-là nous n’avons reçu aucune réponse. Après des lettres adressées au promoteur, les résidents ont également envoyé des correspondances aux notaires qui leur ont facilité l’acquisition de ces terrains, à la mairie de Ouakam, à la DSCOS, à la Direction de l’Urbanisme et au ministre Diène Farba Sarr qui avait en charge l’Habitat et le Cadre de Vie. « Il faut qu’on sache qui doit s’occuper de ces canaux, car ils se renvoient tous la balle. Mais pour l’instant, c’est nous qui en sommes les victimes. Tous ces courriers n’ayant pas obtenu de réponses, les membres de l’association, selon son président, comptent passer à une étape supérieure si le promoteur persiste dans le non-respect de ses engagements. « Si aucune de ces entités ne réagit, je pense qu’on va saisir la Justice qui est là pour tout le monde », avertit Ibra Diakhaté. Plus loin, les membres de l’association nous montrent le caractère désordonné et désorganisé dans la vente de ces parcelles à coup de millions. A quelques mètres du mur de l’aéroport de Dakar, des constructions viennent juste de débuter sur le passage du canal. Des engins, des baraques servant de lieux d’habitations pour les ouvriers, ou encore des tas de bétons composent le décor. Sur cette partie de la cité, le canal n’est plus visible car les terrains ont été déjà vendus. « Ici, le maire ne vient que quand un propriétaire commence à construire pour lui demander son autorisation de construire. Elle ne se soucie pas de notre santé, encore moins de l’environnement », lance le viceprésident, Albert Diallo qui accuse le promoteur d’avoir manqué d’éthique et à l’Etat de laisser faire. Comparée à d’autres cités de Dakar, celle de Touba Renaissance manque de presque tout. Dans ses engagements, le promoteur Mbackiyou Faye avait promis de bitumer les routes qui passent à l’intérieur de la Cité. Mais depuis près de trois ans, la centaine de voitures qui entrent dans cette cité empruntent une route impraticable pour se rendre chez eux, sans compter l’étroitesse des routes qui doivent être élargies. « Tous les résidents ont déjà payé les frais pour le bitumage dont les travaux tardent à être entamés. Il a lui-même assuré avoir payé la société soustraitante pour ce travail », nous confie Ibra Diakhaté entouré des membres de l’association. En plus de la détérioration des deux canaux, les résidents de la Cité Touba Renaissance ne disposent pas d’espace commun. « Nous n’avons pas de mosquée, les espaces verts ont été morcelés et vendus. Il ne nous reste que ce carré central qu’il compte vendre ou y ériger des immeubles », nous renseigne le chargé de la communication de l’association Souleymane Gningue qui précise que la société de gardiennage est payée par les résidents. Nous n’avons pu recueillir la version de Mbackiyou Faye. Toutefois, les colonnes lui restent ouvertes.
(Amadou THIAM avec Toutinfo.net)