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VAGUE D’ARRESTATIONS DES REWMISTES APRES LA PRESIDENTIELLE: Le Colonel Kébé arrêté pour son appel à la «révolte populaire»

Le Colonel Abdourahim Kébé, chargé de la défense du Parti Rewmi d’Idrissa Seck, a été arrêté hier à Saint-Louis et conduit dans les locaux de la Section de Recherches de la Gendarmerie de Colobane. Les pandores lui reprocheraient son post sur sa page Facebook dans lequel il appelle les populations à se «révolter» contre ce qu’il qualifie de «hold-up électoral». Mais d’après d’autres sources, il aurait violé le code militaire qui interdit à un officier d’intégrer un parti politique avant cinq ans après sa retraite.

«Sénégalais debout! Une riposte énergétique du peuple s’impose. Face à ce qui apparaît comme un hold-up électoral que veulent nous imposer les valets de Macron, une seule attitude, la révolte populaire. Nous ferons comprendre à la France que le Sénégal n’est pas un pays banania, et au pouvoir, que la confiscation de la volonté populaire ne sera pas acceptée», a écrit le Colonel Abdourahim Kébé, chargé de la défense du Parti Rewmi d’Idrissa Seck, sur sa page Facebook. C’est cette position qui lui a valu son arrestation, hier, à Saint-Louis, par des éléments de la Section Recherches de la Gendarmerie de Colobane qui l’ont conduit directement à Dakar. Selon nos sources, cette sortie sur sa page Facebook, qui constituerait une atteinte à la Sûreté de l’Etat, n’est pas la seule raison qui motive son arrestation. Le Colonel, qui doit pourtant bien connaître les textes, vu son grade, aurait violé le code militaire qui ne lui permet de s’activer ou d’adhérer à un parti politique qu’au bout de cinq ans après sa retraite. Ce qui ne serait pas le cas, à en croire nos interlocuteurs. En réalité, le gouvernement veut simplement invoquer le fameux article 80 pour mettre hors d’état de nuire les opposants et faire échec aux velléités de résistance d’Idrissa Seck et Cie. Le colonel Kébé est un ancien attaché à la Défense auprès de l’ambassade du Sénégal à Washington. Il était aussi attaché militaire de la flotte navale et de l’armée de l’air. Nommé chef de la Direction de l’Information et des Relations Publiques des Armées (Dirpa), il a participé à la Mission d’observation des Nations Unies en République démocratique du Congo (Rdc), de 2007 à 2008. Le Colonel Kébé a également bénéficié d’une formation à l’Ecole supérieure de guerre d’Allemagne de 2003 à 2005, avant d’occuper différents postes dans l’armée de terre et à l’état-major des armées du Sénégal. Abdourahim Kébé a suivi des cours d’état-major en Tunisie de 1992 à 1993, puis des cours de capitainerie d’infanterie aux Etats-Unis en 1998, indique un communiqué. De 1993 à 1995, il a dirigé la Division musée et archives de la Dirpa. Il a aussi assuré la fonction de chef de la Division gestion et formation de 2008 à 2010. Pour rappel, depuis que les premières tendances ont commencé à tomber et après la proclamation des résultats par la Commission Nationale de Recensement des Votes (Cnrv), une vingtaine de militants de la coalition «Idy2019» ont été arrêtées par les forces de l’ordre.

UNE VINGTAINE DEMILITANTS DE «IDY2019»ARRETES

Les dernières interpellations enregistrées dans le camp d’Idrissa Seck avant le Colonel Kébé sont celles de Djiby Diakhaté et de Khadim Fall, cueillis par la Division des Investigations criminelles (Dic) vendredi dernier (1er mars) à Touba. Dans des vocaux sur leurs téléphones portables, ils invitaient les populations à mettre le feu sur de grandes surfaces, agences nationales, stations d’essence, etc. Ces deux jeunes sont venus s’ajouter à la liste des Moussa Thiombane, Mory Guèye, Abdourahmane Diouf, Malamine Fall, Amady Ngom, Simon Sarr, Marième Soumaré, Amath Thiaw, Binta Mbaye, Yankhoba Sagna, Mamadou Diallo, Amadou Bathily, etc. Ils manifestaient au centre-ville et réclamaient un second tour avant la conférence de presse du Président de la Cnrv, le juge Demba Kandji, annonçant la réélection du Président Macky Sall pour un second mandat, dès le 1ier tour avec un taux de plus de 58,27% des suffrages, lors du scrutin du 24 Février 2019. Sur la Vdn, devant le siège de Bokk Giss Giss, la Gendarmerie a arrêté et déféré devant le procureur de la République 8 hommes et femmes pour participation à un attroupement non autorisé. Un coup dans la fourmilière de Rewmi que beaucoup assimilent à de l’intimidation.

( Hadja Diaw GAYE )