MOUHAMED LAMINE GUEYE DELEGUE REGIONAL DU PARRAINAGE DE LA REPUBLIQUE DES VALEURS (RV): « Certains de nos délégués régionaux, corrompus par le parti au pouvoir, sont partis avec nos parrainages »
Dans cet entretien avec le délégué régional du parrainage de la République des Valeurs (RV) et coordonnateur dudit parti dans le département de Pikine, Mouhamed Lamine Guèye a déploré l’attitude de certains de leurs délégués régionaux qui, à l’en croire, ont été corrompus par le parti au pouvoir et sont partis avec plus de 40 mille signatures à la veille du dépôt des parrainages. Cependant, l’engagement en bandoulière, dit-il, ils ont réussi en moins de dix jours à combler le gap et à déposer leur liste. Il est également revenu sur la rivalité entre les candidats dans le département de Pikine, sur le groupe consultatif et la tentative du président d’écarter les candidatures de Karim et Khalifa Sall.
Le parrainage
« La République des Valeurs (RV) dirigé par le président Thierno Alassane Sall est un mouvement qui a été créé, il y a juste un an, le 28 octobre 2017. Et, nous avons réussi à collecter le nombre de signatures requis, c’est parce qu’il y a la volonté des membres et le soutien de la population qui a adhéré au projet porté par notre candidat. C’est le moment de signaler et de déplorer la démarche du parti au pouvoir qui, par l’achat des consciences, a tenté de démanteler notre formation politique. En effet, à la date du 11 décembre dernier, on avait collecté plus de 80 mille signatures. Malheureusement, certains de nos délégués régionaux, corrompus par le parti au pouvoir, sont partis avec nos parrainages. Nous nous sommes retrouvés avec un plus de 40.000 signatures. Mais, avec l’engagement et la détermination des responsables et de nos militants, en moins de 10 jours seulement, nous avions réussi à combler le gap de plus de 15.000 signatures. C’est l’occasion de rendre hommage à toutes ces personnes qui se sont investies pour franchir cet obstacle du régime. Le département de Pikine a joué un rôle important dans la collecte de signatures pour avoir donné au président Thierno Alassane Sall plus de dix mille parrains, soit le premier département parmi les 45 du pays . Nous avons des militants qui nous sont propres et nous ne risquons pas d’avoir des doublons Nous sommes allés vers les citoyens pour collecter des signatures nous n’avons pas d’inquiétude sur ce point ».
Achat de consciences
« On ne peut pas se limiter à condamner l’achat de consciences au plan politique seulement, il faudra aussi condamner ceux qui adhèrent à cette pratiques qui ne les honore pas. Ce n’est plus un achat de conscience, mais une vente de conscience, car ce sont des Sénégalais qui vous proposent leurs signatures moyennant une contrepartie financière. Ce qui n’honore pas notre démocratie. C’est une pratique à éviter, car si un politicien est élu sur la base de ces pratiques, une fois au pouvoir, il ne va pas s’atteler aux problèmes de ses concitoyens qui seront relégués au second plan. Il dira qu’il a été élu parce qu’il a déboursé de l’argent. Tous ceux qui s’adonnent à cette pratique doivent savoir qu’on ne joue pas avec une élection présidentielle. L’élection d’un président de la République implique l’avenir de toute une Nation. C’est pourquoi, nous prônons la République des Valeurs ».
Rivalité à Pikine
« Malgré que nous soyons un parti jeune, nous avons notre place dans le département de Pikine. En effet, si l’homme d’affaires, Harouna Dia et le directeur de la LONASE Amadou Samba Kane sont venus en renfort pour les responsables politiques locaux du département, cela veut dire que la coalition présidentielle a peur parce qu’elle est minoritaire dans cette partie de la banlieue. Nous, à la RV, nous n’avons pas besoin de soutien extérieur, tous nos responsables sont à Pikine et vivent à Pikine. Le président de la République est conscient de l’anti Macky en cours à Pikine et je ne pense pas que ces milliardaires puissent renverser la tendance. Sinon les présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade n’allaient jamais perdre les élections dans ce département. « Le président Macky Sall est persuadé qu’il ne peut passer au premier tour. Il y a certains de ses responsables qui sont en train de négocier l’après-Macky Sall, en proposant à certains candidats de l’opposition des soutiens financiers pour la campagne électorale comme certains l’avaient fait lors de la transition entre Wade et Macky. Les habitants de Pikine sont matures et ce n’est pas l’argent qui va conditionner leur vote. Sans nous enorgueillir, le département de Pikine constitue un maillon important de la République des Valeurs. En plus, de la forte contribution au parrainage, les responsables du parti à Pikine se sont investis dans la massification du parti dans la localité comme en atteste la forte mobilisation, lors de la cérémonie d’investiture de notre candidat. Une première du genre à Pikine. Cela démontre encore une fois que le président Thierno Alassane Sall accorde une attention particulière au département de Pikine ».
Groupe consultatif
« En Economie, on ne peut pas ne pas contracter de dettes et on ne peut pas non plus critiquer un gouvernement qui contracte une dette. Seulement, faudrait-il que cette dette soit utile. Ce qui n’est pas le cas avec le pouvoir en place. Nous étions partis pour chercher 2000 milliards et on revient avec 7000 milliards. A qui profite cette dette ? En tout cas, pas au Sénégal. Cette dette n’a pas été contractée pour relancer notre économie, c’est-à-dire, pour relancer les entreprises sénégalaises et le secteur privé national. Ces entreprises qui vont réaliser des profits en faveur de notre économie. Au contraire, nous empruntons pour relancer l’économie des autres pays. J’en veux pour preuve l’affaire « Alstrom » avec le projet du Train Express régional (TER) qui a permis de relancer cette usine conformément à la promesse du président Hollande pour que l’usine ne mette pas la clé sous le paillasson. Il vient au Sénégal et a proposé une dette de 500 milliards de francs CFA pour réaliser le TER et d’avenant en avenant le TER nous revient à plus d’un milliard d’euros, c’est à dire 1200 milliards de frnacs CFA. Malheureusement, nous ne sommes pas conscients de cet endettement extrême qui est en train d’être opéré sur le dos de la population. C’est pourquoi, le successeur du président Macky Sall sera contraint d’endetter plus notre pays ou procéder à la hausse des prix des denrées de premières nécessités. On n’a pas le choix, le pays est lourdement endetté. Malgré tout, nous avons des problèmes pour éponger notre dette intérieure. Les militants de la coalition présidentielle sont les seuls à se féliciter du groupe de Paris. Et, c’est dommage ! »
Le pétrole
« Nous avons, certes, du pétrole, mais ce n’est pas pour nous. Ce sera comme du pétrole gabonais exploité par des multinationales étrangères. C’est pourquoi, Thierno Alassane Sall avait dénoncé la signature du contrat avec « Total » avec toutes les malversations qui entourent cette affaire qui ne restera pas impunie. Le président Macky Sall, dès qu’il quitte le pouvoir, aura de sérieux ennuis judiciaires. On ne peut pas lui pardonner cela. C’est la raison pour laquelle, il essaie par tous les moyens de s’accrocher au pouvoir ».
Les cas Khalifa et Karim
« Il faut se désoler de cette situation qui consiste à écarter certains candidats de l’opposition pour passer au premier tour. Ce sont des manœuvres qui n’honorent pas le Sénégal et notre justice. Toutes les juridictions internationales ont condamné la procédure contre Karim Wade et Khalifa Sall. Cela ne me surprend pas. Lorsque Aida Ndiongue a été arrêtée, c’est le procureur de la République qui s’est présenté à la presse pour condamner l’ancienne sénatrice. Et lorsque, la justice l’a relaxée, c’est le même procureur qui monte au créneau pour s’insurger contre cette décision de justice. Cela démontre que le procureur de la République est sous pression de sa hiérarchie. Au-delà de ces deux cas, c’est notre pays qui est déshonoré et qui perd sa crédibilité au plan international. L’investisseur, avant d’injecter son argent, s’assure d’abord de la stabilité du pays. Laquelle stabilité est garantie par la justice. En cas de coup de force, il reviendra au peuple de prendre ses responsabilités. Il ne faut pas négliger cette de réaction du peuple si l’on se rappelle les évènements du 23 juin 2011. Je ne pense pas que le président Sall n’ira pas jusque-là, car les Sénégalais ne se laisseront pas faire ».
( Propos recueillis par Moussa CISS )