ASSOCIATION DE MALFAITEURS, EXTORSION DE FONDS…Moise Rampino et Cheikh Gadiaga risquent 5 ans ferme, Gaston Mbengue 3 mois avec sursis
5 ans de prison ferme ! C’est la peine requise par le ministère public pour Cheikh Gadiaga et Moise Rampino. Ce dernier est poursuivi pour « association de malfaiteurs, tentative d’extorsion de fonds, complicité de diffamation et exercice illégale de la profession de journalisme », tandis que Gaston Mbengue et Cheikh Gadiaga comparaissaient pour « tentative d’extorsion de fonds, diffamation et complicité de diffamation ». Plus chanceux, le promoteur de lutte encourt 3 mois assortis de sursis. Les prévenus devront prendre leur mal en patience car le dossier sera vidé le 8 janvier prochain.
Les prévenus Moise Rampino, Cheikh Gadiaga et le promoteur de lutte Gaston Mbengue ont été attraits, hier, devant la barre du Tribunal Correctionnel de Dakar. Le premier est poursuivi pour « association de malfaiteurs, tentative d’extorsion de fonds, complicité de diffamation et l’exercice illégale de la profession du journalisme » tandis que ses acolytes sont poursuivis pour « diffamation, tentative d’extorsion de fonds et complicité de diffamation ». Si les réquisitions du maître des poursuites sont appliquées, Rampino et Cheikh Gadiaga encourent 5 ans de prison ferme et Gaston Mbengue 3 mois assortis du sursis.
Il ressort des débats d’audience que le sieur Gadiaga avait créé un site d’information nommé « Sénégal-info » où il a engagé Moise Rampino comme journaliste. Ce dernier s’attaquait à des personnalités publiques comme le ministre des Finances Amadou Bâ, Mamour Diallo, le DG du Cadastre, l’opérateur économique El Hadji Mor Ndao, le colonel des Douanes Issa Niang, Cheikh Alassane Sène et le Directeur des ADS, Pape Maël Thiam et autres.
Suite à ces agissements, ces derniers ont porté plainte pour diffamation. Suite à des investigations de la Dic, les prévenus ont été arrêtés.
Rampino : « Gaston et Gadiaga ont reçu entre 5 à 10 millions de la part du ministre des Finances »
Face au juge, Rampino a reconnu la paternité de ses écrits sur le site de Gadiaga. Il explique qu’il l’a fait dans le but de combattre le régime de Macky Sall, car il est un opposant d’une part et d’autres part pour répondre aux articles commandités par le ministre de l’Economie et des Finances dans certains sites. Mais, poursuit-il, il nie les accusations, selon lesquelles il s’est présenté comme un journaliste devant Gadiaga. « J’ai connu en prison Cheikh Gadiaga qui m’a fait savoir qu’il a un site. A ma sortie, je l’ai contacté pour faire des contributions. Je suis blogger et non journaliste. Il n’y a jamais eu d’entente entre nous. En tant qu’opposant, j’attaquais le régime avec des sources sures. J’ai écrit sur des personnalités de manière patriotique et non pour s’enrichir », jure-t-il.
Pour l’extorsion de fonds, le prévenu explique qu’il est à l’abri du besoin. « Gaston m’a promis monts et merveilles pour que j’écrive un papier pour lui, mais j’ai décliné l’offre. Gaston m’a promis aussi de m’amener au palais pour voir Macky Sall, mais j’ai refusé. Mieux, c’est à la gendarmerie que j’ai su qu’Amadou Ba les a remis entre 5 et 10 millions à Gaston et à Gadiag», soutient Rampino. Il ajoute : « Au nom de la liberté d’expression, je m’exprime à travers ma plume. Je me suis fondé sur l’article 19. Pour les insultes, je ne rapporterai les preuves que quand Moustapha Cissé Lo le fera. Je ne fais que des contributions. Par ailleurs, sur trois articles, je me suis concerté avec Cheikh Gadiaga et sur d’autres, je les ai faits de mon propre chef », a-t-il précisé.
A son tour, Cheikh Gadiaga reconnait être le propriétaire du site Sénégal-Info et il a engagé Rampino comme journaliste. « Je lui payais 250 mille francs. Par contre, je ne sais ni lire, ni écrire. Je ne gère que les recettes pour mon site. Je ne savais pas que c’est un opposant. Je ne lui ai jamais demandé d’attaquer des personnalités. J’ai nommé Rampino directeur de publication. Mais, aussi, je ne suis ni gueuweul ni le laobé de Cheikh Amar. Je ne suis jamais parti chez le ministre Ba en compagnie de Gaston », jure-t-il pour sa défense.
Pour sa part, Gaston Mbengue a soutenu s’être rapproché de Cheikh Gadiaga pour le réconcilier avec Amadou Ba. C’est ainsi que ce dernier, leur a donné une somme insignifiante, en guise de reconnaissance.
La partie civile réclame 200 millions
L’avocat des parties civiles, Me El Hadji Diouf pense que ce n’est pas sérieux de dire que « le Dg de Ads recrute ses maitresses et les paye 700 0000 francs sans avoir des études poussées ». C’est de la pure diffamation, selon Me Diouf réclamant 200 millions de francs Cfa pour la réparation du préjudice.
Dans son réquisitoire, le parquet de la République estime que les faits sont têtus. Pour lui, il y’a eu une entente. Rampino a fait usage de fausse qualité et usurpation de fonction. Il a requis 5 ans contre Gadiaga et Rampino et 3 mois avec sursis contre Gaston Mbengue.
« La partialité dans le traitement de la procédure est anormale »
Ne partageant pas cet avis, Me Ousseynou Fall pense qu’il y a une justice sélective dans ce pays. « Comment on peut requérir 5 ans de prison ferme contre Rampino, 3 mois avec sursis contre Gaston Mbengue. Cette partialité dans le traitement de la procédure est anormale », fulmine l’avocat de Rampino Me Ousseynou Fall. « Mon client n’a pas de famille dans ce pays, le contraire de Gaston. Le cerveau de l’affaire comparait libre. La partialité dans le traitement de la procédure est anormale. Une entente a eu lieu entre Gaston et Gadiaga mais pas avec Rampino. On a abusé de la naïveté de mon client », dit-il en plaidant à titre principale la relaxe et à titre subsidiaire une application bienveillante de la loi. Même son de cloche pour les avocats de Gaston Mbengue et de Gadiaga. Délibéré au 8 janvier prochain.
( Bineta DIOUF )