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SENELEC, ENERGIES RENOUVELABLES, CONTRAINTES: Mouhamadou Makhtar Cissé se livre

Ses sorties sont rares. Mais en visite au Canada, le directeur général de la Senelec a accepté d’animer une conférence organisée par l’Association des Sénégalais de ce pays du nord de l’Amérique. A cette occasion, Mohamadou Makhtar Cissé a disséqué sa gestion de la Senelec.

«Je ne sors en public que pour les universités, parce que j’estime que le peu que nous savons, c’est l’école qui nous l’a donné. Donc, je me sens en position de devoir rendre un peu à l’école et à l’université. Sinon, je refuse», déclare le directeur général de la Senelec pour justi- fier son absence dans l’espace public. Lors d’une discussion à bâtons rompus sur la gestion de la Senelec, sur les défis énergétiques et notamment sur la transition énergétique, Makhtar Cissé s’est voulu catégorique. «Dans un environnement, l’accès énergétique est le plus grand défi parce qu’au delà du confort des populations, il y a toute l’économie qui est derrière. L’énergie qui arrive dans une zone reculée du Sénégal, c’est la garantie que les élèves vont mieux étudier. Et c’est cela l’avenir du pays. Force est de constater qu’il y a des enfants qui s’éclairent encore à la bougie pour apprendre. L’avenir du Sénégal ne peut pas être garanti dans ces conditions», affirme-t- il en soulignant que «la transi- tion énergétique, c’est de quit- ter les 60% de consommation de bois et de charbon de bois pour aller vers le gaz domes- tique. C’est d’abord de quitter l’obscurité pour la lumière. Et ce n’est pas tout de suite d’aller vers les renouvelables. On peut envisager des sauts qualitatifs et penser à la sauvegarde de la planète. Et dans l’absolu, per- sonne n’est contre l’énergie renouvelable, d’autant qu’on a un parc éolien à Taïba Ndiaye qui est en construction pour 150 mégawatts».
«Aujourd’hui, on est à moins 3 jours de coupure par année»
A propos des coupures d’électricité, l’ancien ministre du Budget se remémore les déclarations de la Banque Mondiale en 2010. «La Banque Mondiale disait qu’on ne peut pas établir les statistiques de coupures au Sénégal parce que c’était exponentiel. Et en 2011, on les a éta- blies à 900 heures par année, ce qui fait 36 jours dans l’année. Aujourd’hui, on est à moins de trois jours par an, ce qui n’est pas une grosse performance, mais qui est mieux», se vante le directeur de la Senelec. A ses yeux, «cette performance n’est pas un miracle, mais elle résulte de la volonté et du soutien de l’Etat ». Face aux Sénégalais du Canada, il déclare qu’il a la confiance du chef de l’Etat qui aide la Senelec. «J’ai la chance de pouvoir lui parler, de pren- dre des ordres, de discuter». Faisant l’inventaire de la société d’énergie, Makhtar Cissé estime que la Senelec a pesé comme une contrainte à la fois sur les finances publiques, sur les ménages, et sur l’économie du Sénégal, et il fallait casser cette dictature. «Il y a aussi la tyran- nie du pétrole parce que 90%
de notre parc est thermique. Et nous sommes importateurs net de produits pétroliers et de lubrifiants. Cela représente 70% des charges d’une compagnie électrique. Sur chaque milliard que la Senelec gagne, les 700 millions FCFA sont destinés à l’achat du combustible et des lubrifiants. Les 300 millions FCFA vont servir à créer de la valeur», informe M. Cissé qui veut travailler à renverser la tendance en agissant sur la production.

( Mamadou Mbakhé NDIAYE et Toutinfo.net )