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LA CHRONIQUE DE MLD: La tragique dualité Macky Sall/Conseil constitutionnel. Par Mamadou Lamine DIATTA

Tout est parti de ce fameux décret présidentiel ayant acté le report de la présidentielle du 25 Février 2024.
Depuis, le Sénégal a entamé une véritable plongée en apnée avec en toile de fond un jeu de ping-pong entre le Chef de l’Etat et le Conseil constitutionnel juge électoral par excellence. Une dualité, sorte de crise diffuse qui déteint sur l’atmosphère irrespirable dans laquelle vivent présentement 18 millions de Sénégalais.
On avait déjà vécu la dualité Wade- Idrissa Seck au plus haut sommet de l’Etat au début de la première alternance démocratique mais la dualité actuelle est pire au regard de l’issue incertaine qui a fini de plonger tout le monde dans l’anxiété et l’incertitude.
L’air de rien, le Chef de l’Etat aurait invité le Conseil constitutionnel à désigner un intérimaire dès le 02 avril prochain. Comme pour reconnaître par ricochet la prééminence des 7 sages. Que nenni !
En vérité, cet Hyperprésident est un pratiquant invétéré du Tout-Politique.
Chez Macky Sall, tout part et revient à la politique en termes de manœuvres. Il maîtrise à merveille l’art de la « Combinazione » à savoir ces petits arrangements qui ont établi la réputation des plus grands politiciens du monde.
C’est d’ailleurs tout le sens qu’il faut donner à ce dialogue national à laquelle il tenait tant pour baisser la tension, assurer une certaine désescalade et accorder le pardon via l’amnistie à certains acteurs jugés un moment indélicats par la justice.
Mais nous devons à la vérité de reconnaître que Karim Wade qui n’était pourtant pas le plus beau parmi les candidats recalés dits spoliés a été finalement le grand gagnant de ce dialogue peu inclusif car boudé par 17 des 19 candidats validés.
Dites –donc quelle est la plus-value que Karim apporte par rapport aux autres?
Quelles sont ses états de service ? Pourquoi sa réintégration est-elle si vitale pour le Sénégal ?
Pourquoi tant d’énergie pour remettre en lice un candidat- fantôme vivant à mille lieues du théâtre des opérations ?
Le fils du 3ème Président de la République du Sénégal n’est –il pas un prétexte pour le pouvoir ?
Si vous parvenez à répondre à toutes ces interrogations, vous pourrez aisément démêler l’écheveau dans lequel s’est embourbé le Sénégal depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois…
A vrai dire, Wade-fils est l’absent le plus présent de la classe politique.
On comprend quelque part pourquoi Idrissa Seck qui ne le porte pas en haute estime a boudé le dialogue.
De manière caricaturale, nous pouvons avancer qu’il s’agissait entre autres d’un dialogue pour Karim sorti victorieux de l’exercice.
Par ailleurs, le régime souffle le chaud et le froid : de la date du 15 décembre 2024, on est retombé au 02 juin 2024 pour la tenue de l’élection présidentielle. Cette reculade de six mois sous la pression populaire indique que les « Dialogueurs » sont plus raisonnables que les élus du peuple.

Surenchère et économie en berne…

C’est assurément le temps de la surenchère. Quelle idée d’organiser un dialogue en l’absence de 17 des 19 candidats validés, reconnus et consolidés ?
Un forcing qui ne dit pas son nom. Au nom de quelle logique ?
Il est évident que le clair-obscur et la manipulation sont érigés en plan d’action par l’essentiel des acteurs.
Les hommes politiques sont quasiment amnésiques et dépourvus d’empathie.
De 2021 à nos jours, la Covid, la crise économique et son lot de fermetures d’entreprises et de hausses vertigineuses des prix sont passés par là. Tout est au point mort et les grands fournisseurs commencent à éviter le port de Dakar
L’économie nationale fonctionne au ralenti.
La paix est le premier intrant au développement et il faudrait que le Chef de l’Etat et le Conseil constitutionnel prennent leurs responsabilités en trouvant rapidement une date pour le scrutin présidentiel afin de nous permettre de sortir de cette situation anxiogène qui ne profite finalement à personne d’autant qu’en un mot comme en mille, le Sénégal nous survivra.