Tunisie. Une femme proche des islamistes remporte la mairie de la capitale
Pour la première fois, une femme devient maire de la capitale, Tunis. Au-delà du caractère historique de cet événement, la victoire de Souad Abderrahim, tête de liste d’Ennahda lors du scrutin municipal qui a eu lieu début mai, représente une grande avancée pour le parti islamiste.
“Les dignitaires d’Ennahda ont raison de pavoiser. C’est un coup de maître, à la fois médiatique et politique, à l’impact considérable que vient de réussir leur mouvement avec la brillante élection de Souad Abderrahim à la mairie de Tunis”, constate Leaders. La nouvelle maire, 53 ans, docteur en pharmacie, a été élue au second tour par 26 voix sur 60, contre 22 pour son principal adversaire, Kamel Idir, candidat de Nidaa Tounes, l’Appel de la Tunisie, parti centriste au pouvoir en coalition avec le parti islamiste Ennahda. Après le scrutin municipal du 6 mai, le premier du genre depuis la chute en janvier 2011 du dictateur Ben Ali, il a fallu deux mois de tractations et l’abstention de plusieurs conseillers municipaux pour que ce vote puisse avoir lieu.
“Cette victoire est aussi et surtout la défaite du camp démocrate en Tunisie”, poursuit le site tunisien, qui souligne que les Tunisiens “qui n’ont pas la mémoire courte ne sont pas près d’oublier sa petite phrase sur les mères célibataires”. Lors de son mandat de députée au sein du bloc Ennahda de 2011 à 2014, Souad Abderrahim avait provoqué l’indignation des défenseurs des droits de l’homme en s’en prenant aux mères célibataires. “Les mères célibataires sont une infamie pour la société tunisienne” et “ne devraient pas aspirer à un cadre légal qui protège leurs droits”, avait-elle affirmé fin 2011.
Croire en des leaders de pacotille
Militante de la première heure dans l’Union générale tunisienne des étudiants (UGTE), syndicat étudiant islamiste dissous en 1991 sous Ben Ali, Souad Abderrahim a été arrêtée à cette époque et a connu la prison durant deux semaines. Quelques années plus tard, elle abandonne le voile et se consacre à la vente de produits pharmaceutiques. Après la chute de Ben Ali, cette femme d’affaires, mère de deux enfants, revient à la politique sous l’étiquette d’Ennahda, tout en se définissant comme indépendante et en affichant un style de femme moderne.
Pour le site Leaders, cette élection est révélatrice de la courte vue et des dérives de l’opposition tunisienne, “ce qui ne nous étonne pas de la part de la gauche la plus bête du monde”. Meme son de cloche sur le site Business News , qui pointe du doigt “un obscur courant progressiste tunisien qui a toujours du mal à tenir la dragée haute au parti islamiste. Le fait que Souad Abderrahim soit devenue la maire de Tunis ne déroge pas à cette règle et nous rappelle, encore une fois, que la Tunisie est bien trop grande, trop précieuse pour ces petits charlatans de la politique.”
Et d’asséner : “Continuez à croire en des leaders de pacotille pendant qu’Ennahda donne des leçons de manipulation politique. Préparez-vous, votre Tunisie, vous allez bien la pleurer en 2019”, année durant laquelle sont prévues des élections législatives et présidentielle.
Source Courrierinternational