Mondial 2018 – Racisme : en Russie, « les supporters continuent à viser les joueurs noirs avec des cris de singe »
Le racisme prospère dans les stades russes et inquiète la planète football à quelques heures du coup d’envoi de la Coupe du monde 2018. Témoignages et analyse.
La Russie, pays organisateur du Mondial 2018, dont le match d’ouverture opposera la sélection russe à l’Arabie Saoudite le 14 juin, fait face à deux dangers à l’aune de sa Coupe du monde. Le plus anecdotique est sportif. La Sbornaya, le surnom de l’équipe nationale, court le risque d’une élimination précoce, tant ses résultats récents sont médiocres. Une sortie de route dès la phase de poule serait un véritable camouflet pour le chef de l’État, Vladimir Poutine , qui veut profiter de l’événement le plus suivi à la télévision à travers le monde, pour faire briller le blason russe.
La seconde menace qui pèse sur la Coupe du monde prête moins à sourire. De nombreuses délégations étrangères craignent des actes de racisme à leur encontre et même des menaces physiques dans le pire des cas. Les nombreux incidents, qui se sont produits ces dernières années dans les stades russes , ont en effet de quoi jeter un coup de froid.
Lors de match amical opposant la France et la Russie à Saint-Pétersbourg le 28 mars dernier, l’attaquant des Bleus, Ousmane Dembélé a été ciblé par des cris de singe à deux reprises au moment de tirer des corners. La Fifa a ouvert une enquête. Un incident parmi des dizaines d’autres. En 2015, la star brésilienne Hulk qui jouait alors pour le Zénith Saint Petersbourg déclarait : « Je dois dire que je vois des actes de racisme se produire à quasiment chaque match ». Un phénomène qui a poussé l’international anglais Danny Rose à déconseiller sa famille de l’accompagner au Mondial en raison du « racisme et des autres choses qui peuvent arriver ».
Une multiplication des chants racistes dans les stades
L’ONG Football against racism in Europe (Fare) a comptabilisé cette saison une hausse des chants discriminatoires envers les footballeurs africains dans les stades du pays. « Nous notons que malgré l’attention des médias et les efforts de la Fédération russe de football, les fans continuent à viser les joueurs noirs avec des cris de singe (…) Une nette augmentation du nombre de chants discriminatoires, dont des cris de singe, indique un enracinement profond du racisme et un manque d’éducation et de prévention de la part des clubs », note l’organisation dans son rapport sur la saison 2017–2018 en Russie. L’ONG a comptabilisé douze actes racistes anti-noirs autour des terrains lors des derniers mois.
Source: Jeune Afrique