Ziguinchor : Le triste film de la mort des 3 manifestants
Ziguinchor a connu une «folle journée», hier jeudi. Entrés dans une colère noire à l’annonce du verdict de l’affaire de viol opposant Sonko à Adji Sarr, les manifestants ont mis le feu sur toute la ville. Sidya Diatta, Omar Sarr et Ousmane Badio, mécanicien, sont trois manifestants tués «par balles», selon des témoins. De nombreux blessés, trois (3) établissements scolaires de l’enseignement moyen, notamment le CEM Boucotte Sud et le CEM Soucoupapaye, et le lycée Djignabo ont été vandalisés. Les dégâts sont loin d’être exhaustifs : la Maison de justice a été saccagée, le siège de l’IPRES incendié, ces violentes manifestations ont transformé Ziguinchor en une «ville morte».
Ziguinchor dans un «jeudi noir», sous haute tension, hier. Routes barrées, pneus brûlés, la circulation bloquée dans toute la ville de Ziguinchor qui avait tout l’air hier, jeudi, d’une ville morte. Trois (3) jeunes manifestants, Sidya Diatta membre de la JPS (Jeunesses patriotiques), Omar Sarr et Ousmane Badio, mécanicien, ont été tués par «balles réelles», selon les témoins qui ont évacué les victimes à l’hôpital.
Tout a démarré à l’annonce du verdict du procès condamnant Ousmane Sonko, le maire de Ziguinchor, à deux (2) ans de prison ferme. En colère, des manifestants, qui se sont signalés un peu partout, ont investi les rues, érigé des barricades, brûlé des pneus, avant d’en découdre avec les Forces de l’ordre visiblement dépassées par la déferlante des jeunes.
Le siège de la Maison de la justice a été vandalisé par les manifestants qui ont cassé chaises et autres matériels dans cette institution. «Il n’y a plus de justice dans ce pays…», lance avec dépit un jeune manifestant encagoulé, pierres entre les mains.
Pendant que les nuages de fumée couvraient une bonne partie du ciel de Ziguinchor, le siège de l’IPRES, sis au quartier Santhiaba, a été la cible de manifestants qui ont incendié l’institution. Et comme si cela ne suffisait pas, les manifestants s’en sont pris à certains établissements publics comme le CEM Boucotte Sud complétement vandalisé tout comme le CEM Soucoupapaye.
Le lycée Djignabo a été aussi vandalisé par les manifestants qui ont saccagé tous les bureaux. C’est la deuxième fois, en moins d’un moins, que ce lycée, le plus grand dans la région, subit la furie des manifestants qui ont tout détruit dans le bloc administratif ; ils ont même mis le feu dans le bloc.
LE FILM DE LA MORT DES TROIS MANIFESTANTS
Sidya Diatta membre de la JPS tué, son corps a été évacué à l’hôpital par ses camardes qui sont catégoriques : «il a été tué par balle réelle», précisent-ils. Un peu plus tard dans l’après-midi, une autre victime est enregistrée ; il s’agit d’un jeune répondant au nom d’Omar Sarr qui, selon des témoins, a reçu une balle à bout portant sur la tête. Et pendant que la tristesse et la consternation gagnaient la ville, les manifestants, comme «déchainés», perdent dans leur rang Ousmane Badio, mécanicien à Korentas, qui a succombé à ses blessures à l’hôpital Silence.
N’eût été l’intervention de l’Armée qui s’est déployée dans le Centre-ville, les manifestants allaient faire incursion au quartier Escale, centre des affaires. Repoussés juste à quelques encablures de l’entrée de la ville, ils ont, dans leur retraite, balancé des cocktails Molotov qui ont touché les abords d’une station à Essence. Les manifestants ont maintenu cette tension jusque dans la soirée, plongeant la ville dans une situation aux allures de couvre-feu.
Cette spirale de victimes dans les manifestations place Ziguinchor dans le lot de régions qui ont payé un lourd tribut de ces manifestations politico-judiciaires. Les trois morts enregistrés hier, jeudi, lors des manifestations, allongent la liste des victimes depuis mars 2021. Il y a moins de deux semaines, deux (2 morts), un policier tué par le véhicule de Police et un jeune tué par «balle» au quartier Néma 2, avaient été enregistrés dans cette même ville qui a perdu aussi Idrissa Goudiaby, un autre jeune tué «par balle» lors de manifestations.
A cela s’ajoutent les morts enregistrés à Bignona, toujours dans la mouvance de manifestations politico-judiciaires. La note est vraiment trop salée pour Ziguinchor, la ville d’où est originaire le leader du Pastef, par ailleurs maire de Ziguinchor.
Sud Quotidien