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Entourloupes politiques.Par Boubacar Sy

Le jeu politique actuel donne le tournis s’il est employé le cerveau pour essayer de le comprendre.

Pour hygiène mentale, il faudrait plutôt réfléchir sur autre chose tellement il est constaté une sorte d’imbroglio juridico-politique sans précédent.

A moins d’une année des élections présidentielles prochaines prévues pour se tenir en Février 2024, il est impossible d’identifier, de déterminer avec précision les candidats.

Pour certains, il y’a l’épée de Damoclès justice ou judiciaire.

Ce sont des hommes politiques sénégalais qui souhaitent être candidats et qui ont maille à partir avec la justice ou qui ont eu maille à partir avec la justice.

Il faudra, sans doute, une gymnastique juridique pour les réintégrer dans le jeu.

Pour ce faire, il faut dialoguer. Il faut le dire péremptoirement !

Il y’a les candidats qui n’ont eu maille à partir avec la justice. Ils ont, en conséquence, le casier judiciaire vierge.

Toutefois, il existe l’obstacle du parrainage. Il est broyeur d’ambitions présidentielles.

En 2019, beaucoup de candidats ont été mis sur la touche parce que n’ayant obtenu le nombre de parrainages exigés par la loi électorale.

Il reste le cas du camp Présidentiel. Il n’a qu’un candidat qui fait l’unanimité à ce niveau et qui est identifié Macky Sall.

Seulement, il doit régler le problème de la troisième candidature et son acceptation par une partie de la population sénégalaise.

Tout cela considéré fait obstacle à une prospective politique, au risque de faire de la météo ou du guissané politique.

Néanmoins, il y’a des actes posés fraîchement qui en disent long sur le machiavélisme qui sanctionne la démarche des leaders politiques sénégalais.

L’histoire est itérative, à ce niveau et conforte une thèse.

Celle qui adoube la froideur, le caractère morbide de la politique tel pensé et élaboré par Machiavel.

En effet, il est unanimement accepté la vérité que la politique est une activité ou s’entrechoquent des ambitions.

En conséquence, les ambitions peuvent prendre ou prennent forcément et toujours le dessus sur les alliances politiques.

Ces dernières se font, se défont et se recomposent autrement !

De sorte que les pires ennemis d’hier peuvent être les meilleurs amis aujourd’hui.

Il peut être donné des exemples simples.

Le rafistolage des relations Takhawou – BBY ou plus exactement le Maire de Dakar et le Président de la République.

Ou encore et contre toute attente ;

Le rabibochage entre la transfuge Aminata Toure et le leader de l’opposition radicale Ousmane Sonko pour former un bloc solide contre le Président de la République.

Il a été même enterré, en un temps record, la hache de guerre manifestée par les propos aigres doux entre les ennemis d’hier devenus partenaires d’un temps réduit ou d’une mission d’aujourd’hui, cela de part et d’autres.

Ainsi, la preuve de la versatilité ou de la froideur en politique est-elle patente.

Mieux, elle montre, comme le disait le politologue Babacar Justin Ndiaye « qu’en politique dès qu’on sort de son ambiguïté, on meurt »

Ou plutôt, qu’il n’y a de certitude en politique au Sénégal. Que tout le monde peut coaliser avec tout le monde. Pourvu juste de tirer son épingle du jeu et d’obtenir ce que l’on veut, IN FINE.

Tous les politiques réfléchissent ainsi.

Et la démarche qui n’est conforme qu’aux ambitions que l’on peut avoir déstructure et structure le faciès politique, changeant donc selon le contexte du moment.

Il faut des militantes et militants le comprendre. Cela permettra d’éviter des réactions épidermiques à la limite insensées.

Aujourd’hui, chaque leader se bat pour sa survie avec les armes dont il dispose, conventionnelles ou non !

Il est de même pour le Président Macky Sall qui ne se privera pas et qui a déjà entamé avec brio l’opération de démantèlement de l’opposition.

L’opposition renforcée à blocs à ses trousses pourrait lui être fatale.

En vieux briscard politique, il sait que régler la situation, c’est les opposer les uns aux autres.

Les sénégalais, relativement à ce point, oublient que Macky Sall a un dédoublement de fonction.

Bien que Président de la République, poste prestigieux et sans équivalence dans la hiérarchie des fonctions dans un État, il n’en est pas moins un homme politique qui cherche à se maintenir au pouvoir.

Il a besoin de tous les gages pour se sécuriser.

On ne peut lui reprocher de faire de la politique, en conséquence.

Et, il sait excellemment bien le faire. Que l’on essaie malencontreusement de le lui interdire ou pas !

Pour ce qui concerne le Takhawou Dakar, issu des flancs du Parti Socialiste, ce parti ne voit que Khalifa Sall et rien que Khalifa Sall.

Les militantes et militants de ce parti feront tout, en conséquence, pour qu’ils fassent de la partie en 2024. Quitte à dialoguer avec le Président Macky Sall. Quitte à fracasser le Yewwi-Askan Wi.

Relativement à la grande coalition de l’opposition Yewwi-Wallu, la rigueur intellectuelle voudrait que l’on professe sa visée électoraliste.

Si sa structuration à l’image du Benno Book Yakaar obéit à aucune logique idéologique, sa visée n’était que de fragiliser le pouvoir.

Aucun projet de société. Pour preuve, même pour le poste de Président de l’Assemblée Nationale qui devait être choisi dans la foulée des législatives, l’unanimité autour d’un candidat était impossible.

Alors que ce sont des considérations sur lesquelles anticiper pour les solutionner et, le cas échéant, faire montre d’une stratégie autre et plus ambitieuse que simplement être ensemble.

C’est la différence avec le Benno Book Yakaar qui a pu survivre après des élections et avoir une durée de vie de plus d’une décennie. Le Benno Book Yakaar n’est pas qu’une coalition électoraliste. Il est une coalition de gouvernance. Ce qui n’a jamais existé au Sénégal.

L’inter coalition Yewwi-Wallu ressemblait plus, pour ceux qui savent bien apprécier une configuration politique, d’un géant aux pieds d’argile.

Pour revenir à Takhawou Dakar, il se trouve que celui qui est aux manettes ou envoyé au charbon s’appelle Barthélémy Diaz.

L’acidité dont il a fait montre envers le leader de Pastef renseigne sur son niveau de détermination pour une validation de la candidature de Khalifa Sall.

L’histoire est encore itérative à ce niveau. Plus sérieusement, l’histoire montre avec fracas comment le sénégalais est doté d’une indignation à géométrie variable pour ne dire sélective.

Pour rappel, parce que très important, Diaz fils n’avait épargné feu Ousmane Tanor Dieng, pourtant son père spirituel et leader politique d’envergure de l’échiquier politique sénégalais, pour défendre celui qu’il distinguait et distingue toujours comme mentor politique ou le plus apte à diriger ce pays.

Il ne s’était guère gêné de faire preuve d’irrévérence envers la figure tutélaire du Parti socialiste.

Il avait, pour rappel et certainement à son corps défendant, combattu feu Ousmane Tanor Dieng. En tout cas, il n’avait mis de gants.

Au final, il avait été chassé du Parti Socialiste. Parti pour lequel, il s’est beaucoup battu.

Il faut comprendre donc qu’il ne se privera guère, qui plus est renforcé par son statut de Maire de Dakar obtenu par son solide travail et son bilan à Mermoz Sacré-Cœur, d’user du même stratagème pour défendre son champion.

En ce sens, il serait intéressant de rappeler deux vérités :

– Il vaut mieux avoir un Barthélémy à ses côté que de faire face à un Barthélémy. Teigneux, il connaît le fighting Spirit et les entourloupes politiques.

Du reste, et pour dire vrai, il est la meilleure arme de Khalifa Sall.

En ce sens, et contrairement à ses boutades insistantes qui disent le contraire avec une véhémence perceptible de ce qui va suivre, il ne faut écarter le Maire de Dakar des présidentielles de 

2024.

Il faut s’inspirer et réfléchir sur l’apophtegme De Maurice Talleyrand qui disait ceci :

LA PAROLE A ETE DONNEE A L’HOMME POUR DEGUISER SA PENSE ;

NB : Khalifa Sall  a une avance sur les autres leaders politiques.

Il a un vrai lieutenant qui pourrait, par la force des choses, être le candidat du Takhawou Sénégal.

Les autre leaders politiques, exceptés le Président Macky Sall qui peut trouver un lieutenant dans son bord politique et qui pour des stratégies politiques n’en trouvera pas en tout cas aujourd’hui, ont la carence du vide total derrière eux.

– les socialistes, qui capitalisent une expérience politique et dans la gestion de l’Etat, sont réputés très froids et peuvent faire preuve d’un machiavélisme rigoureux.

Ils n’ont d’état d’âmes quand il s’agit de prendre des décisions.

Khalifa Sall, pendant longtemps fidèle lieutenant de feu Ousmane Tanor Dieng, a voulu le guillotiner politiquement et par ricochet l’éjecter du siège de Secrétaire Général du Parti Socialiste.

Il a usé de froideur et de machiavélisme.

Sauf qu’il a eu en face de lui un Ousmane Tanor Dieng beaucoup plus froid, beaucoup plus stratège et formant un tandem très solide avec Macky Sall.

Khalifa a su lire et passer l’éponge quitte à désabuser Maître Aïssatou Tall Sall qui bandait les Muscles devant feu OTD.

Il a compris que l’erreur lui aurait été fatale d’ouvrir simultanément un front contre feu Tanor Dieng et un autre front contre Macky Sall respectivement puissant SG du Parti Socialiste et Président de la République.

C’était récent. C’était en 2014.

Il faut donc en politique se canaliser. N’ouvrir des fronts à l’emporte-pièce notamment face à des vétérans politiques.

La culture politique nous apprend que beaucoup de leaders politiques, pour faire face à leurs adversaires, ont signé avec leurs amis du même bord un PACTE DE NON AGRESSION. Cela pour se prémunir des turpitudes à venir et qui vont venir.

En réalité et en méconnaissance de ce qui est dit, ouvrir des fronts multiples alors qu’on peut les éviter, c’est montrer une inexpérience voire une impréparation. Ce qui sera constitutif d’une disqualification, la majeure partie du temps.

Pour terminer, le maître du jeu reste incontestablement le Président de la République Macky Sall qui n’a qu’à faire que d’Idrissa Seck.

Si même la situation politique actuelle ne le déplaît manifestement pas, son énergie va dans les sens de faire passer sa candidature et d’assurer une gestion du pays d’ici 2024 sans grands incidents pour ne dire fautes énormes de gestion de ses collaborateurs.

Cela pourrait également nuire à ses plans. Il faut donc rester zen et surtout avoir le sens de l’anticipation.

NB : Le buzz médiatique dont a profité Idrissa Seck récemment n’a pas tenu longtemps. Cela aussi interpelle. Comme quoi la lumière ne peut et ne doit rester braquée sur une personne durablement.

Wait and See

Boubacar Mohamed SY.

Juriste.

Conseiller Municipal / Commune de Patte d’oie