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Le syndicat international des footballeurs s’inquiète des nouvelles compétitions FIFA

Le « toujours plus » de la FIFA inquiète le syndicat international des footballeurs professionnels (FifPro). Celui-ci a prévenu jeudi 10 mai sur son site qu’il faudra connaître les effets sur la santé des joueurs causés par la refonte des compétitions projetée par le président de la FIFA Gianni Infantino.

Gianni Infantino, président de la FIFA, souhaite dépoussiérer la Coupe du monde des clubs qui serait organisée tous les quatre ans, dès 2021, avec 24 clubs. La compétition actuelle, organisée chaque année, regroupe sept clubs.

Le successeur de Sepp Blatter souhaite aussi créer une Ligue mondiale des nations, sorte de mini-Coupe du monde, qui regrouperait tous les deux ans huit sélections nationales, issues des Ligues des nations continentales.

Des gros sponsors en vue pour la FIFA

Infantino assure qu’un groupe d’investisseurs garantirait jusqu’à 25 milliards de dollars (20,9 milliards d’euros) de revenus pour ces deux compétitions. La FIFA envisage de convoquer une réunion extraordinaire de son Conseil, avant la fin mai, pour tenter de faire approuver ces réformes. Début mai, l’Association européenne des Ligues de football professionnel (EPFL) a déjà fait part de sa « ferme opposition » à ces projets.

« Si d’autres parties prenantes peuvent avoir d’autres priorités, la santé et le bien-être des joueurs doit être notre première priorité », a déclaré Bobby Barnes, président de la section européenne de la FifPro. « A la lumière des discussions actuelles, il serait inconséquent que la FifPro n’explore pas l’impact de ces propositions sur les joueurs », ajoute-il. Le dirigeant s’exprimait lors de l’assemblée générale du syndicat mondial des joueurs en Serbie.

Quels dangers pour les joueurs

« Il y aura encore plus de casse, avance l’ancien joueur de Marseille Marc Libbra, notamment consultant pour RFI. Il faut quand même un temps de récupération ! Il faut au moins 6 semaines d’arrêt par an ». Selon lui, avec des saisons à rallonges, « les joueurs sont éreintés ». « J’ai fait une saison à 60 matches, j’étais sur les genoux, et pourtant j’étais jeune ! C’est vrai que l’on a envie de jouer ! Moi, j’avais deux ou trois mois de fatigue dans la saison », ajoute Marc Libbra.

Quels sont les principaux dangers pour un joueur ? « Ce sont certainement les blessures à la suite de la répétition des efforts et de la multiplication des déplacements. Il peut y avoir aussi une lassitude psychologique », nous confie Stéphane Saint-Raymond, directeur de la communication de la division Afrique de la FifPro.

Une étude de la FifPro, auprès d’une soixantaine de fédérations – qui devrait être publique dans peu de temps – démontre que les joueurs aspirent à quatre semaines de coupure après leur championnat et demandent une vraie trêve en fin d’année. Ils mettent en avant la fatigue psychologique. « Les joueurs ne peuvent pas faire autrement que de donner le meilleur d’eux même. Il ne faudrait pas qu’ils aient recours à des pratiques dopantes pour se montrer à leur meilleur dans les périodes de transfert ou de complétions importantes. On sait que les grands rendez-vous FIFA peuvent être un révélateur pour un footballeur », avance Stéphane Saint-Raymond.

Trop de matches selon José Mourinho

En janvier dernier, le Français Rudi Garcia, entraîneur de l’Olympique de Marseille, avait plaidé pour une pause plus longue à la mi-saison et durant l’hiver.

L’entraîneur portugais José Mourinho qui officie à Manchester United a fait une sortie sur le trop grand nombre de matches que son équipe devait jouer en avril (8) et parlait de « calendrier pas humain ». Dans son effectif actuel, ils sont environ une douzaine à pouvoir prétendre jouer la Coupe du monde en Russie cet été.

Déjà, en 2003, la surcharge du calendrier international était évoquée par les grands clubs de foot européens. Une délégation de 14 clubs avait déposé une série d’exigences fermes sur la table de Joseph Blatter et de la FIFA. Ils voulaient supprimer la Coupe des Confédérations et réduire le nombre des matches amicaux.

Il n’y a pas que dans le football que la surcharge des calendriers est au cœur du problème. Dans le rugby, sport de plus en plus exigeant pour le corps, on dénonce depuis un moment les cadences infernales qui nuisent à la santé des joueurs. En 2013, Rory Kockott, demi de mêlée à Castres, avait lancé sur Twitter : « Trois matches en une semaine… C’est une première pour moi. Je pourrais finir sur un croc de boucher dans une chambre froide ! »
( rfi.fr )