Tunisie: la résilience, une vertu essentielle pour les migrantes subsahariennes
Le gouvernement tunisien tente d’apaiser le ton après les propos du président Kaïs Saïed sur les migrants subsahariens. Mais pour les migrants qui restent, le sentiment d’insécurité demeure. À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, mercredi 8 mars, découvrez le parcours de Dominique et Sonia, deux Ivoiriennes en Tunisie qui hésitent à repartir chez elles.
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Partir ou rester ? Le dilemme est bien là pour Dominique et Sonia, deux Ivoiriennes installées en Tunisie depuis 2019. L’une travaille dans une association, l’autre est nounou. Les débuts dans le pays ont été semés d’embûches, comme l’explique Sonia, 30 ans : « Les différents boulots que j’ai eu à faire, je suis partie parce qu’il y avait de mauvais traitements. Il y avait du mépris, et puis, il y avait de l’exploitation. »
Dominique, 34 ans, a souffert du racisme : « Tu es maltraitée dans le bus, on te dit des gros mots. Tu es en train de marcher dans la rue, on voit que tu es noire, la personne te dit : « mon amie, mon amie, sexe à dix dinars ». » Elle a pu résister grâce à son envie de travailler : « Tu ne peux que t’encourager avec le travail que tu fais. Tu vas au travail, tu rentres à la maison, tu vois la vie du bon côté, tu retiens toujours le positif de la chose. »
« Le mal est déjà fait »
Dominique ne sait pas si elle va rester. Elle n’a toujours pas obtenu la résidence : « Si les choses se compliquent encore plus, je serai obligée de rentrer au pays. Tu travailles, mais tu ne peux pas avoir un compte bancaire, tu ne peux pas envoyer d’argent à ta famille parce que tu n’as de carte de séjour. »
Sonia, elle, dit se sentir toujours en insécurité, malgré le ton d’apaisement lancé par la présidence et le gouvernement durant le week-end du 4-5 mars : « Le problème, c’est que le mal est déjà fait. Actuellement, moi comme tous les autres migrants, sommes sur le qui-vive. Nous sommes sur nos gardes. »