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VOTE DU PROJET DE LOI SUR LE PARRAINAGE DEMAIN: L’opposition affûte ses armes

Le groupe parlementaire «liberté et démocratie» et les non-inscrits ont organisé hier une conférence de presse pour exprimer leur hostilité à la réforme constitutionnelle élargissant le système de parrainage aux partis politiques. me Madické Niang et ses collègues comptent se battre jusqu’à la dernière énergie afin que ce projet ne puisse pas aboutir. Ils invitent également le peuple à venir massivement à la place Soweto pour peser sur la balance.

En attendant le jour fatidique, c’est à dire la plénière du jeudi 19 avril 2019, on affûte les armes d’un côté comme de l’autre. Ce qui est sûr, c’est que l’opposition veut imposer un rapport de force au régime pour tenter de faire avorter le projet de révision constitutionnelle sur le parrainage. En conférence de presse hier, Me Madické Niang a estimé que l’heure est grave du moment que le texte a été adopté en Commission lundi dernier. C’est surprenant, dit-il, que le chef de l’Etat ait appelé au dialogue et qu’il tente en même temps un coup de force en faisant adopter la réforme en commission des lois. Selon lui, si le président de la République était vraiment sincère, il allait suspendre le processus ou remettre le vote à une date ultérieure afin d’ouvrir un dialogue sérieux. Le mal étant déjà fait, le président du groupement parlementaire «Liberté et démocratie» renseigne que les députés de l’opposition vont se battre sur le terrain du droit pour leur montrer que cette loi remet en cause des principes intangibles qui fondent l’exercice d’une démocratie tout à fait mure. mE madICKé nIang : «lE parraInagE Est un votE avant la lEttrE» Convaincu que le parrainage est un leurre, il indique que cette réforme est une voie ouverte à l’Administration partisane au service du candidat Macky Sall de barrer la route à de nombreux adversaires potentiels du chef de l’Etat. En plus, Me Madické Niang affirme qu’ «avec ce système, on dit qu’il faut 65 000 signatures pour un candidat et qu’un électeur ne peut parrainer plus de deux candidats. Ce qui signifie que c’est un vote avantla lettre. Si un électeur doit choisir parmi les candidats un seul pour le parrainer, il est évident qu’il votera pour ce candidat à la présidentielle. Alors que le vote doit être secret. Donc, cette loi viole la Constitution. A vrai dire, ce parrainage est instauré pour favoriser un candidat, éliminer d’autres et contrôler le processus électoral». Tout ceci étant, le responsable libéral soutient que la situation est grave et qu’ils joueront leur rôle en tant que députés. Maintenant, précise-t-il, il appartient au peuple pour qui les lois sont votées de se mobiliser pour montrer son désaccord à cette loi scélérate. Néanmoins, le député libéral est d’avis que l’ouverture des élections aux indépendants est une bonne chose. Mais, dit-il, on ne peut pas mettre sur le même pied les partis politiques et les indépendants. «La Constitution elle-même ne les met pas sur le même pied d’égalité. Allez voir l’article 14 de la Constitution, il dit que les partis politiques concourent à l’expression du suffrage universel. C’est après avoir parlé des partis politiques que la Constitution a fait état des indépendants et de leurs participations aux élections dans des conditions qui seront déterminées par la loi», a-t-il expliqué. El Hadj Issa sall : «CEttE loI n’Est pas négoCIablE. EllE Est antIConstItutIonnEllE» Prenant la parole le professeur El Hadj Issa Sall a soutenu que cette loi n’est pas négociable pour la bonne et simple raison qu’elle est anticonstitutionnelle qu’elle n’est pas conforme à la Constitution. Le député du PUR de marteler que, «l’article 103 dit que le mode d’élection du président de la République ne doit pas faire l’objet de révision». Cela étant, il affirme que même si la loi passe, le Conseil constitutionnel devrait la récuser. Toujours selon le professeur Issa Sall, cette loi pose également des problèmes de mise en œuvre. «Hier (Ndlr : lundi dernier), j’ai posé la question au ministre, il a cafouillé pour faire comprendre qu’ils sont en train de réfléchir sur la mise en œuvre. Mais avant de proposer une loi, il faut au préalable regarder sa mise en œuvre», a-t-il déclaré. Cette loi est aussi inopportune parce qu’on est à huit mois des élections, a ajouté le député du PUR qui dans la foulée indique qu’on ne peut pas modifier la Constitution à huit mois des élections. «S’il tient vraiment à rationaliser les candidatures, le Président n’a qu’à faire recours au bulletin unique. Qu’il mette de côté ce parrainage et choisisse une personnalité neutre pour organiser les élections», a-t-il clamé en définitive. Quant à la lionne du Baol, elle a demandé à ce que le peuple démontre qu’il est plus fort que la majorité à l’Assemblée nationale qui est aux ordres de Macky Sall. Pour Aida Mbodj, en voulant instaurer le système de parrainage, Macky Sall refuse une dévolution démocratique du pouvoir. Elle prévient en soutenant que si on laisse passer, Macky Sall essayera un troisième mandat en 2024. La députée Aida Mbodj estime qu’il appartient au peuple de prendre ses responsabilités et d’empêcher ce vote. Embouchant la même trompette, Mamadou Diop Decroix estime que des sondages commandités par Macky Sall révèlent qu’il sera perdant en 2019. Et c’est ce qui est à l’origine de toutes ces manœuvres, renseigne-t-il. Le leader d’AJ n’a pas manqué en outre de préconiser une jonction des forces avec les enseignants. «Qu’on aille, si nécessaire, à une grève générale et à des journées ville morte. Aujourd’hui, on est dans une situation exceptionnelle et il faut une position exceptionnelle», a-til conclu.