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Refonte de la liste électorale à Madagascar: l’opposition s’inquiète, la CENI se veut rassurante

À Madagascar, alors que le recensement des électeurs en vue de la refonte totale de la liste électorale a commencé il y a un mois, le parti d’opposition TIM affiche son inquiétude sur cette opération cruciale en vue des prochaines élections, notamment de la présidentielle de 2023. Le parti de l’ancien président Marc Ravalomanana déplore notamment un manque de moyens matériels et humains. La CENI, elle, se veut rassurante. Pour le parti de l’opposition TIM, les quelque 5 000 agents déployés dans l’île et leur matériel de recensement sont insuffisants. «Un mois est déjà passé et l’opération n’a pas encore démarré dans de nombreux fokontany (quartiers ou localités, NDLR) », fait remarquer son secrétaire général Ny Rina Randriamasinoro. Il ajoute que « le taux d’exécution de recensement dans la ville de Tuléar (sud-ouest de l’île, NDLR) est de 0%, d’après le rapport présenté par la CENI vendredi » lors d’une réunion entre cette dernière et les partis politiques.

« Il y a des localités où l’acheminement des fiches de recensement ont accusé des retards mais pour le moment, les fiches sont déjà déployées au niveau des districts », indique le président de la CENI, Dama Arsène Andrianarisedo.

Pour l’heure, la Commission électorale nationale indépendante a recensé seulement 1,2 million d’électeurs. Un chiffre « rassurant », estime le président de cette institution, « puisqu’il représente l’enregistrement d’électeurs au niveau de deux provinces et demi ». « Nous avons constaté une motivation des gens à s’inscrire. Nous sommes optimistes mais cela n’exclut pas de renforcer la campagne de sensibilisation », poursuit-il. Un protocole d’accord a d’ailleurs été signé mercredi 2 novembre avec le groupement du patronat Malagasy (FIVMPAMA) pour sensibiliser et faciliter l’inscription des salariés.

Si le président de la CENI reconnaît que les agents recenseurs ne peuvent être déployés dans les localités reculées, les électeurs peuvent s’inscrire directement au niveau des commissions locales de recensement des électeurs mises en place dans les bureaux administratifs de quartiers, souligne t-il.

« Nous n’avons pas de retour »

Le TIM, qui réclame aussi un audit du logiciel utilisé par la CENI pour cette refonte de la liste électorale, considère que cette dernière « fait la sourde oreille » face à ses recommandations. « Nous déplorons le manque de volonté manifeste de la CENI à corriger les méthodes d’élaboration de la refonte (…) Si la CENI ne procède pas sérieusement à une vraie refonte, nous pourrions boycotter les élections », fait savoir le secrétaire général du parti, Ny Rina Randriamasinoro.

« La CENI reste toujours ouverte à toutes formes de propositions et de dialogues avec les différentes parties prenantes. (…) À plusieurs reprises, nous demandons aux différentes parties prenantes de nous envoyer des spécialistes, des techniciens en matière de logiciel pour émettre des avis. Nous sommes ouverts mais jusqu’à maintenant, nous n’avons pas de retour », affirme de son côté le président de la CENI.

Au-delà de la liste électorale, le parti TIM estime que « la refonte du cadre légal électoral devrait être la priorité du régime pour pouvoir organiser une élection libre, inclusive et acceptée par tous ». Il évoque, entre autres, le manque d’indépendance financière des institutions en charge de l’organisation des élections.

RFI