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BAISSE ANNONCÉE DU PRIX DU LOYER

Propriétaires de maisons et courtiers dans la tourmente Depuis plus d’une décennie, le prix du loyer ne cesse de monter. Ce qui n’est pas dans l’intérêt des goorgoorlus sénégalais. A Dakar, les prix des loyers dépendent du quartier. En effet, ils sont plus chers dans le centre-ville que dans les zones périurbaines et urbaines. Cela s’explique par l’accessibilité et la proximité à certaines infrastructures tels que les hôpitaux, les écoles et les supermarchés.Sadio Ndao, gérant d’une agence immobilière, évolue dans ce domaine depuis 2008 à Dakar et dans sa banlieue. Il est bien informé des questions de loyer devenues une équation à cause des prix élevés. «C’est parce que, souvent, la demande dépasse largement l’offre sur le marché. Ce qui fait évoluer les prix d’une manière exponentielle», a indiqué M. Ndao. A l’en croire, eux-mêmes les acteurs, sont souvent confrontés à des difficultés. «Par exemple, pour un logement de deux chambres + salon, entre Mamelles, Ouakam et Almadies, nul ne peut l’avoir à moins de 300 000 francs.

Avec une enveloppe de 250 000 francs, l’on ne peut s’offrir qu’un appartement à un niveau basique, soit un bâtiment vétuste. Et une fois là-bas, l’on va estimer le loyer entre 150 000 ou même 125 000 francs».Cependant, il arrive que des bailleurs fixent eux-mêmes leurs conditions de location face à une conjoncture souvent difficile à gérer. «Pour les nouvelles constructions avec un niveau acceptable, il faut décaisser 350 000 francs. Les bailleurs en abusent des fois. Parce que si toi Sénégalais, tu refuses de payer un tel montant pour le loyer, un expatrié va l’accepter», a renseigné M. Ndao. Les expatriés gagnent la confiance des bailleursDes agences et autres propriétaires de maisons ont leur préférence. Et les nationaux ne sont point leur priorité. En effet, ils affichent sans gêne leur préférences aux locataires étrangers plutôt que ceux de nationalité sénégalaise.

Pis, ils vont même jusqu’à demander des garanties comme le bulletin de salaire. «Il y a aussi des propriétaires de maison qui ne veulent pas louer à un Sénégalais sous prétexte qu’ils ne sont pas de bons payeurs ou qu’ils gâtent la propriété. Donc, ils préfèrent louer leurs maisons à un toubab ou à d’autres nationalités. Les zones comme le Centre-ville, Point-E, Fann Hock, Mermoz, Sacré-Coeur, Cité Keur Gorgui, Mamelles, Ouakam, Almadies, Yoff, etc. sont les zones où on note la cherté du loyer à Dakar. La cherté de la location ne se fait ressentir que dans les quartiers résidentiels et pratiquement tout le monde veut habiter là-bas. Pour cause, les entreprises ne sont pas loin et certains aussi veulent inscrire leurs enfants dans de bons établissements scolaires. Les bouchons, un calvaire qui pousse à vouloir habiter près de son lieu de travail et aux environs de l’école des petits», a dit M. Ndao soulignant qu’«au-delà, des localités comme les Parcelles Assainies et autres, il y a des locaux adéquats et pas chers».

Pour lui, plusieurs facteurs expliquent le retard de l’effectivité de la baisse des prix du loyer, malgré tout ce qu’a entrepris l’Etat : «Parfois, ces immeubles que vous voyez sont des prête-noms, soit ils appartiennent à des gens qui sont dans les sphères de l’Etat, soit à des autorités qui vont tout faire pour le bloquer, dès qu’il y a une baisse annoncée».L’Etat seul garant pour cerner le secteur «La baisse des 38%, si l’Etat le veut, il peut le faire. Et ce sera simple pour lui de réguler ce secteur. D’ores et déjà l’écho que je commence à entendre du côté des propriétaires de maisons, c’est qu’ils veulent prendre les devants par rapport à cette baisse des prix du loyer qui est annoncée. Ils s’apprêtent à gonfler le loyer, c’est-à-dire, la location d’un studio qui était jadis chiffrée à 200 000 F va passer à 300 ou 350 000 francs. Ainsi, si la loi passe dans sa phase d’application, ils pourront réajuster les tarifs et revenir aux prix initiaux», a-t-il révélé en insistant sur le fait que «le problème demande un suivi qui ne sera pas seulement sur une durée de six mois, comme la précédente baisse initiée. Mais, l’Etat doit être rigoureux. Et je crains, pour cette fois-ci, que l’on ne vive pire».

Comme solution, Sadio Ndao est d’avis qu’un «contrôle, au niveau des impôts et domaines est nécessaire. Il faudrait exiger que les propriétaires enregistrent tous leurs contrats, à ce niveau».Ndeye Fatou Ndiaye, négociatrice à Emma conciergerie parle d’une montée en puissance notée dans le loyer : «Nous pouvons dire que, depuis 2014, les prix de la location ont connu un boom. Une hausse qui s’est poursuivie depuis». Mais, elle dit croire en la possibilité de casser les prix : «A propos de cette réduction de 38% sur le prix de la location, je crois à sa possibilité vu la situation de la location au Sénégal. Une tendance à l’exagération qui évolue de jour en jour. Les agences immobilières et les bailleurs travaillent sans réglementation. Il faut donc l’implication de l’Etat pour réguler le secteur même si cette baisse va engendrer une perte pour les investisseurs et professionnels de l’immobilier».Les appartements meublés et chambres meublées plus rentablesCependant, la location n’est pas que mensuelle, une autre particularité est notée dans ce secteur et qui a pris de l’ampleur surtout dans la capitale sénégalaise. Il s’agit des «appartements meublés» et «chambres meublées». La location peut être journalière, hebdomadaire ou même mensuelle. C’est selon la nature du séjour. Là aussi, les prix varient selon la zone. «Je pense que cela ne nous concerne pas. Mais, si les bailleurs baissent les prix, nous aussi nous pourrons baisser les nôtres», rassure un gérant de «meublés».

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