MARCHE POUR LA PROTECTION DES ENFANTS : Les manifestants réclament des sanctions sévères
Le collectif dénommé «silence on tue nos enfants» a effectué une marche pacifique samedi dernier pour s’insurger contre les rapts suivis de tueries d’enfants. les hommes politiques et autres leaders d’opinion sont venus en masse soutenir la cause avec un seul leitmotiv : un durcissement des sanctions.
La procession a démarré au «Rond-point de La Poste Médine», là où un enfant a failli être enlevé jeudi dernier par une dame. Si celle-ci a été arrê- tée par la police, ce n’est pas encore le cas pour le meurtrier de Fallou Diop disparu pendant 15 jours avant d’être retrouvé sans vie dans un sac à 500 mètres de son domicile au quartier Gouye mouride de Rufisque. Suite à une indignation généralisée dans le pays, un collectif est né: «Silence, on tue nos enfants». Ses membres ahuris et écœurés ont marché samedi dernier jusqu’au «Rondpoint Sahm» en criant : «Sathioum Khalé Dafa doy (Ndlr : On en a assez des rapts d’enfants)». Vêtus de noirs, les membres du collectif pour la plupart des femmes, ont battu le macadam pour enfin exprimer leurs doléances dans un mémorandum. Ils demandent entre autres : la mise en place dans les hôpitaux de médecins référents sur les violences faites aux enfants, le soutien psychologique aux victimes et à leur famille par une gratuité des soins, la mise en place d’un numéro vert permettant à toute personne témoin de dénoncer des cas suspects dans la rue, les écoles ou les lieux publics ; une plus forte présence des forces de défense et de sécurité et des agents Asp aux abords des établissements scolaires et dans les quartiers périphériques, la mise en place d’une alerte enlè- vement en cas de disparition d’un enfant et qui passerait sur toutes les chaines de télévision ; un durcissement des sanctions pénales ; un contrôle vigoureux et systématique de personnes transportant des enfants en jour ouvrable surtout à certaines heures tardives, le contrôle stricte ou l’interdiction des véhicules aux vitres teintées… L’initiatrice de la marche, Anta Pierre de préconiser une plus grande sensibilisation dans les quartiers. Elle estime que «sous la colère, on dit que ce sont les parents qui ont démissionné». Elle affirme cependant que quelqu’un qui a porté son enfant pendant neuf mois ne peut pas renoncer comme ça. ousmAne sonko : «mAcky sAll n’A Aucun égArd pour son peuple» Il faut noter par ailleurs que de nombreux hommes politiques sont venus soutenir l’initiative. Parmi eux, Ousmane Sonko qui a déploré la réaction tardive du chef de l’Etat. Selon lui, Macky Sall n’a aucun égard pour son peuple. «On emballe tout sous le couvert de : «Nous gérons la situation, c’est sensible, c’est du secret d’Etat». Je pense que le premier acte était de communiquer avec la population pour l’informer. Et le deuxième c’était de rassurer les citoyens pour leur dire que voilà le dispositif et les mesures qui sont prises. Et le troisième c’était de se déplacer et d’aller vers les personnes qui sont directement impactées ; de la même manière qu’il s’est déplacé en France manifester pour Charlie Hebdo», a-t-il relevé. Pour lui, cette manière de gouverner témoigne d’un mépris vis-à-vis du peuple qui l’a élu. Il n’a pas manqué de lancer un appel au ministre de l’Intérieur pour lui demander de redéployer les moyens mis à sa disposition pour sécuriser les populations plutôt que de passer tout leur temps à surveiller des adversaires politiques à les pister et à se renseigner sur leurs activités. Le leader de Pasteef maintient toujours sa proposition pour l’application de la peine de mort concernant ceux qui tuent les enfants. Pour lui, quelqu’un qui kidnappe un enfant, l’enferme dans un bâtiment inachevé, l’étrangle pour ensuite la dépêcher parce qu’il a besoin de ses organes, ne mérite pas d’être logé à Rebeuss, nourri et blanchi par le contribuable sénégalais pour trente ans encore. Quant au Président du Grand parti Malick Gakou, la réaction du président de la République est tardive. Mais, convoquant l’adage, il dit que, «mieux vaut tard que jamais ». Il souligne que la famille sénégalaise est menacée et demande au gouvernement de prendre des mesures hardies des mesures de responsabilité pour que plus jamais ça au Sénégal. Pour lui, la manière dont la crise a été gérée par le gouvernement n’est pas efficace parce que le problème continue. Thierno Bocoum qui était également de la partie a soutenu que l’Etat doit sanctionner de façon vigoureuse pour dissuader les autres agents criminels. «Malheureusement, c’est comme si la peur est dans le camp des familles. Et c’est inacceptable. L’Etat n’a pas une démarche dissuasive, ne sanctionne pas et ne fait pas tout pour que ces malfaiteurs-là se sentent en insécurité sur notre territoire», a-t-il indiqué. Pour sa part, l’ancien Directeur de la protection de l’Enfance, Bassirou Kebé a estimé que ce phénomène n’est pas nouveau au Sénégal. «Le constat est que ces enlèvements ressurgissent à la veille de chaque élection. Mais notre problème, c’est pourquoi les enquêtes n’ont jamais abouti jusqu’ici», s’est-il désolé. Non sans déplorer le silence coupable des autorités. Il attire cependant l’attention sur le fait que le problème est plus sérieux avec les enfants de la rue qui n’ont plus d’attaches familiales. «Pourtant, on les tue mais personne n’est au courant », a-t-il déploré. Il demande à ce qu’on en profite pour éradiquer la mendicité des enfants dans le pays et exiger le retrait de ces derniers de la rue.