LA CHRONIQUE DE MLD : Campagne électorale permanente…
Ce pays est étrange ; nous sommes en campagne électorale permanente !
A peine avons-nous fini d’analyser les résultats d’un scrutin législatif harassant et historique que tous les acteurs politiques se projettent littéralement sur l’élection présidentielle de 2024.
Les hommes politiques, la presse, la société civile, l’opinion publique ; bref toutes les forces vives du pays vont visiblement concentrer toute leur énergie sur ce rendez-vous au cours des dix-huit mois qui nous séparent de cette échéance fatidique.
Tous les actes que nous posons au quotidien convergent vers cette élection.
Alors qui va finalement s’occuper de l’activité économique, de l’emploi des jeunes et de l’administration publique dans un contexte de crise internationale et de renchérissement du coût de la vie ?
Autant dire que le Sénégal est carrément dans l’impasse du fait d’un leadership politique défaillant, plutôt obnubilé par les ors du pouvoir, la manipulation des masses populaires et son corollaire à savoir le contrôle des consciences et le musèlement des intelligences.
Aujourd’hui, plus que jamais, c’est le duel Macky Sall/ Ousmane Sonko qui cristallise toutes les attentions mais le burlesque réside dans le fait de se poser la pertinente question de savoir si ladite confrontation aura lieu en 2024 surtout que ni l’un ni l’autre ne sont assurés de participer au scrutin du fait d’évènements que nous connaissons et dont nous ne maîtrisons nullement les prochains développements.
C’est quand même tragique de voir que nous filons droit vers des lendemains d’incertitude car la radicalisation des discours politiques et les manœuvres politico-judiciaires n’augurent rien de bon.
Le pouvoir et l’opposition radicale se braquent au grand désarroi d’un peuple en avance sur sa classe politique mais visiblement impuissant face à la délicatesse des évènements.
Il n’est pas exagéré de soutenir que ce Mortal Kombat Macky / Sonko tient ce pays en haleine et … en otage surtout que d’autres potentiels prétendants au fauteuil présidentiel que sont Karim Wade et Khalifa Sall, sont suspendus à la seule magnanimité du Prince, clé de voûte de nos Institutions et seul dépositaire du pouvoir d’amnistier qui que ce soit.
Justement il est intéressant de rappeler la place centrale du Chef de l’Etat dans un régime présidentialiste fort comme celui du Sénégal.
Macky Sall, véritable Hyperprésident, est visiblement en proie aux dures charges domestiques d’un pays pauvre très endetté et assez porté sur la politique politicienne. Son action politique est plombée par un environnement international peu favorable au décollage d’une économie nationale extravertie et essoufflée.
Sans oublier les zones d’ombre qui planent sur la nature du gouvernement qu’il compte mettre en place mais aussi sur le profil de ce nouveau Premier ministre qu’il est obligé de nommer dans les meilleurs délais.
Autant la machine politique Benno qui le tractait depuis 2012 s’avère grippée, autant la stature internationale du Président Sall prend de plus en plus d’ampleur et de consistance.
Le Président en exercice de l’Union africaine parle au nom d’un continent considéré comme l’avenir du monde. Il se met forcément dans la peau d’un visionnaire au leadership inspirant et rayonne à l’international en multipliant les initiatives pour engranger de bons points. A l’image de ses rencontres historiques comme celle avec Poutine pour la disponibilité du blé ou encore sa participation à la réunion du G7 en compagnie des grands de ce monde Joe Biden, le chancelier Allemand Olaf Scholz, Emmanuel Macron…
Le Sénégal est donc à la croisée des chemins et la configuration du nouveau gouvernement et surtout l’analyse profonde du choix du prochain Premier ministre permettront de savoir la direction que compte emprunter Macky Sall jusqu’en 2024.
Par ailleurs, le Chef de l’Etat n’est pas le genre à lancer un dauphin, il va encore cacher son jeu et laisser les plus téméraires faire des devinettes jusqu’à la dernière minute.C’est son style à lui il ne s’en départira jamais.
Une situation qui va davantage exacerber le clair-obscur voire l’impasse dans laquelle se trouve le Sénégal.