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GUY MARIUS DEMYTHIFIE LA FONCTION ELECTIVE ET ANNONCE LA COULEUR

«Appelez-moi votre mbindaan, je suis votre mbindaan…Le président de la République est le premier des sourgueu»Guy Marius Sagna a appelé, ce mercredi, en conférence, à repenser la relation entre le peuple et ses élus. Le nouveau député en a profité pour décliner les missions de l’Assemblée nationale, gardant au chaud son manteau de défenseur des intérêts de la société.Guy Marius Sagna défend de «condidérer un député comme un dieu, ah non ! Le député est juste une personne, mbindaan leu (c’est un serviteur). Appelez-moi votre mbindaan, je suis votre mbindaan. Appelez-moi votre sourgueu, je suis votre sourgueu. Je vous dispense du terme honorable», déclare-t-il. «Et les 165 députés ne sont rien d’autre que des sourgueu. Il ne sont pas autre chose. Leur employeur, c’est le peuple sénégalais. Même s’ils sont élus demain président de l’Assemblée nationale ou si vous les apercevez se pavanner dans des 4X4, ce sont des mbindaan. Théoriquement, ce sont des mbindaan. Pratiquement, ils doivent être des mbindaan.

Reste maintenant à savoir qui va respecter sa parole ou pas. On saura celui qui est au service du peuple et celui qui se sert du peuple.»Mais Guy Marius se veut clair : «Le président de la République est le premier des mbindaan, des sourgueu, des serviteurs. Avec un ministre, on a tous eu l’impression d’avoir affaire à une personne spéciale alors qu’il est choisi par notre mbindaan.» Pour lui, «il faut se débarasser définitivement de ce complexe au Sénégal. Transformer radicalement, c’est vrai, la relation entre l’Afrique et le reste du monde, mais aussi transformer radicalement la relation entre le peuple et ses élus, tant que ces deux conditions ne sont pas réunies, nous demeurerons au stade actuel où nous en sommes».Guy n’aime pas non plus être félicité. «Aucun parmi nous, à mon avis, n’a eu à féliciter son serviteur à son premier jour de travail dans sa maison, qu’on se dise la vérité.

Donc, vous ne félicitez pas celui que vous avez choisi. Je considère que c’est tromper le peuple en soutenant que ce n’est plus le président de la République que vous voyiez hier. Mais le président de la République est juste un serviteur. Il est vrai qu’on lui doit le respect parce qu’il parle au nom de 17 millions de citoyens. Nous lui avons tous délégué notre signature, notre voix», poursuit-il.«Ce que le peuple sénégalais, après le 31 juillet dernier, attend des nouveaux députés»Toujours aussi critique vis-à-vis de la gouvernance de Macky Sall, Guy Marius catégorise la classe politique sénégalaise en deux camps : «les pro-impérialistes qui maintiennent le projet impérial et les anti-impérialistes, les patriotes, qui travaillent pour la souveraineté nationale», dit-il, affirmant que «la prochaine étape», après les bons résultats de Yewwi Askan Wi «aux Locales et aux Législatives, est d’élire notre candidat Ousmane Sonko à la Présidentielle de 2024».Toutefois, prévient-il, «ça ne sera pas facile, le Président Macky Sall fera tout ce qu’il peut pour présenter une 3e candidature».Revenant sur le dernier scrutin, le leader du FRAPP avance que «si les élections étaient régulières, Macky Sall n’aurait pas plus de 70 députés ou tout au plus 75 députés. Mais aucune élection n’est régulière au Sénégal.

C’est le Président Macky Sall qui choisit les électeurs, ça commence depuis les inscriptions sur les listes». Mais, selon lui, «le rejet du Président Macky Sall par le peuple sénégalais est tel que, malgré tout ce qu’il a fait, il a perdu 40 députés en cinq ans». Pour autant, il ne s’explique pas le faible engouement. «Non, cette abstention est inadmissible. Il nous est même difficile de voter. Que fera-t-on alors s’il s’agira de faire la marche. Mais ne pas voter parce qu’il pleuvait ou pour un verre de thé», fulmine-t-il.«Je considère que le 31 juillet dernier, le peuple a notamment montré que nous devons changer de cap. Nous devons tourner le dos à tout ce que faisions jusque-là parce que c’est cela qui est l’origine de nos souffrances, de nos peines, de nos difficultés dans tous les domaines», estime-t-il mettant notamment en exergue les problèmes des pêcheurs, «parce que nos ressources halieutiques ont été vendues aux Occidentaux. Ce qui les pousse à aller se tuer en Gambie, en Guinée Bissau, en Mauritanie.

S’ils sont chanceux, ils sont détenus en prison en Guinée Bissau»Et, c’est là qu’interviennent les missions des nouveaux élus. «Ce que le peuple sénégalais, après le 31 juillet dernier, attend des nouveaux députés, c’est de faire résonner dans l’Assemblée nationale les revendications populaires, d’informer le peuple sur la réalité de la gestion calamiteuse de l’argent du peuple. C’est de proposer des lois contre la souffrance sociale, qui rétablissent la souveraineté nationale, de s’opposer aux lois et politiques anti-populaires et anti-nationales. C’est de veiller au respect des droits individuels et collectifs des citoyens, à promouvoir la solidarité panafricaine et internationaliste des peuples, à faire en sorte que l’Assemblée nationale soit sérieusement informée par l’Etat de ses agissements sur tous les dossiers, notamment pour pouvoir contribuer à une vraie paix en Casamance», énonce Guy Marius Sagna.Marche ce samedi pour sauver Le Dantec ; la cause des étudiants admis dans les Universités françaises«Maintenant au Sénégal, il faut justifier nos bonnes actions, il ne faut plus justifier nos mauvaises actions. On doit arrêter avec ça», clame-t-il, considérant qu’«il faut savoir ce qu’on veut. On ne libère pas un peuple, il se libère. On ne libère pas des étudiants, des paysans, des pêcheurs, ils se libèrent. Et, dans ce processus de libération, certains comme moi ou le FRAPP seront à vos côtés», soutient-il. «Qu’on arrête certaines postures, il ne doit plus y avoir de délégation de combat.

»Aussi Guy Marius Sagna appelle-t-il à l’unité dans le combat pour l’hôpital sénégalais, l’hôpital Aristide Le Dantec. «Si on n’est pas uni pour la défense du Sénégal, si on n’est pas uni contre les tortures des Sénégalais, contre la privatisation rampante mais quasiment debout de l’éducation et de la santé par le sabotage de l’école et de l’hôpital publics – en fait, sans argent, si on est malade, on meurt – ; si on n’est pas uni dans ça, on va être uni dans la défaite, dans le malheur», dit-il, annonçant une manifestation ce week-end, en soutien au collectif pour la défense de l’Hôpital Aristide Le Dantec. «Donc, donnons-nous la main samedi, de 10h à 14h. Retrouvons à la place de l’Obélisque et marchons jusqu’à la RTS, nous fils du Sénégal, nous les malades, nous qui avons des parents malades, notamment à l’hôpital Aristide Le Dantec, parce que la décision de Macky Sall signifie une condamnation à mort.»Portant également la cause des étudiants sénégalais qui ont obtenu des préinscriptions en France, Guy Marius Sagna a déploré que beaucoup parmi risquent la forclusion faute de visa, alors que «l’année universitaire commence en France au mois de septembre», alerte-t-il, dénonçant la posture de l’ambassade de France, identique selon lui à «quasiment toutes les ambassades de l’espace Schengen, de l’Union européenne. (…) Non seulement, ils leur facturent beaucoup d’argent qui n’est pas restitué en cas de non-obtention de visa, mais en plus, ils prennent en otage plus d’un mois le passeport des Africains. Nous demandons à l’ambassade de France de respecter les Africains, les Sénégalais». Avant de plaider : «L’Afrique doit utiliser ses ressources pour un système éducatif de qualité, pour des Universités de qualité que les Africains restent chez eux, en Afrique.»