INHUMATION DE FRANÇOIS MANCABOU, HIER Famille, proches et des élus réclament toujours justice

François Mancabou a été inhumé mardi au cimetière Saint-Lazare de Dakar, dans la tristesse et la douleur. La levée du corps a eu lieu à l’église des Martyrs de l’Ouganda, devant une foule nombreuse composée de proches et d’élus de la République.Le petit-frère de François, Gabriel Mancabou, était inconsolable. «C’est mon frère, c’est mon frère. On dormait dans le même lit», révèle-t-il, la voix étreinte par des sanglots, se refusant à aller plus loin. «Ce n’est vraiment pas politique. On n’a qu’à penser à mon frère, prions pour lui. Qu’on évite la politique. J’ai foi que justice sera faite. J’ai vraiment foi que justice sera faite», ajoute-t-il, avant de fondre en larmes dans les bras d’un proche.Arrêté le 17 juin dernier dans le cadre d’une enquête pour «actes de terrorisme et atteinte à la sureté de l’état», la fameuse «Force spéciale», François Mancabou est décédé depuis le mercredi 13 juillet dernier alors qu’il était en détention.

La famille espère toujours que justice lui sera rendue.Il n’y avait pas que les proches à la levée du corps de François Mancabou, qui a reçu l’hommage de la Fédération des jeunes Mankagnes du Sénégal, vêtus de tee-shirts rouges où on pouvait lire «Je suis François Mancabou (recto) et Justice pour François Mancabou (verso)». Leur président, Christophe Bandiaky, explique : «Nous sommes là pour accompagner notre frère à sa dernière demeure. Ce sont toutes les structures mancagnes qui se sont mobilisées. Mais, je voudrais qu’on sache que ce n’est pas une affaire de Mancagne. C’est une affaire de citoyen sénégalais. Qu’il soit Diola, Sérère ou Mancagne, que tout le monde se mobilise.»Un ex-codétenu : «Si François a fini ainsi, c’est parce qu’il sait dire non»«La couleur rouge, c’est pour exprimer notre grande peine, notre indignation. Nous voulons la justice pour lui et pour tous les autres. Nous voulons que l’Etat respecte d’abord la dignité humaine parce que si on en est arrivé là, c’est à cause d’eux.

Que la lumière soit faite sur cette affaire !» clame-t-il.C’est également en larmes qu’une proche a prié pour «que toute personne impliquée n’échappe pas au jugement de Dieu». Un ex-codétenu du défunt, qui a eu un meilleur sort, a appelé : «Revoyons nos comportements et nos actes parce qu’il y a trop de violence. Une simple arrestation n’aurait pas dû se terminer comme ça. Si François a fini ainsi, c’est parce qu’il sait dire non. Vu son comportement dans la cellule, on sentait qu’on lui a causé du tort. Je ne crois pas qu’il soit coupable des faits qu’on lui reproche. Que justice soit rendue à François Mancabou.»Des autorités comme Barthelemy Dias, maire de Dakar et nouveau député à l’Assemblée nationale, et l’honorable Guy Marius Sagna ont pris part à la cérémonie. Le leader du FRAPP s’est notamment exprimé sur sa page Facebook, pour soutenir sa famille, sa communauté mancagne en ces moments difficiles de tristesse, de douleur. «Va François Mankabou ! Va à notre Seigneur ! Va te reposer !» indique le néo-député.Victorine Ndèye :

«Au-delà de l’émotion, j’en appelle à la sérénité…en attendant les conclusions de l’enquête»«A Clémentine Coly femme d’un époux assassiné par Macky Sall et des policiers tortionnaires, aux enfants de François Mankabou, enfants d’un père assassiné par Macky Sall et des policiers tortionnaires, je vous présente à nouveau mes condoléances», ajoute-t-il. «Nous exigeons à nouveau lumière et justice sur les conditions inhumaines, cruelles et dégradantes ayant causé la mort de notre frère François Mankabou.» Et de lancer : «Macky Sall, range ton épée avec laquelle tu as assassiné François Mankabou, Alexis Abdoulaye Diatta, Idrissa Goudiaby, nos 14 martyrs de mars 2021…et n’oublie jamais : qui tue par l’épée périra par l’épée. Plus jamais ça !»Victorine Ndèye, secrétaire d’Etat, chargé du Logement. Ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, a, elle, écrit : «Après avoir pris le soin de m’entretenir avec le Roi de la communauté Mancagne, Joan Marius Mancabou, et lui avoir témoigné compassion, je m’incline devant la mémoire de François Mancabou et présente mes condoléances à ses parents, proches et amis.»«Je connaissais personnellement François Mancabou et je suis peinée par sa disparition», ajoute-t-elle. «Au-delà de l’émotion, j’en appelle à la sérénité des uns et des autres en attendant les conclusions de l’enquête annoncée par le procureur de la République et confirmée par mon collègue le ministre de la Justice.»

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