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La Famille du défunt et l’Asred exigent une enquête indépendante.

Deux jours après la mort de François Mancabou, les réactions continuent. Après la sortie du procureur de la République et des avocats Me Kabopu du barreau de toulouse et me Ousseynou Gaye de Dakar, c’est autour, cette fois-ci de l’avocat de la famille du défunt de réagir aux «dires du parquet». Selon Me Amadou Diallo, «il y a une démarche très inquiétante par rapport à son impartialité et sa volonté de rechercher et de trouver les responsables sur ce qui est arrivé à François Mancabou» a-t- il souligné. Ce dernier qui n’est pas en phase avec le procureur, a ajouté : «Quand il dit qu’il s’est cogné la tête tout seul et qu’il y a eu des vidéos, est-ce que ce n’est pas une façon d’écarter la responsabilité des agents de police ? C’est malheureusement maladroit de sa part. On apprécie le fait qu’il décide d’ordonner une autopsie, mais ouvrir une enquête qu’il confie à la police, ce n’est pas très rassurant. Il aurait pu choisir la gendarmerie puisque c’est des policiers qui pourraient être impliqués, ne serait-ce que pour faire preuve d’impartialité et rassurer la famille».

Poursuivant, il s’est étonné que le chef du parquet, «lui-même, se permette dès à présent, alors qu’aucune enquête n’a encore était ouverte, d’affirmer que François Mancabou s’est fait mal tout seul et qu’il dispose de vidéos qui en attestent. On peut penser que, quelque part, sans le dire, il cherche à orienter l’enquête. Ce qui est inadmissible».L’ASRED hausse le ton et exige une enquête pour situer les responsabilitésC’est dans un communiqué sorti hier que l’Association pour le soutien et la réinsertion sociale des détenus (ASRED) a ouvertement condamné la mort de François Mancabou «dans des circonstances douteuses». Selon le président Ibrahima Sall, «l’ASRED se dit disposée à apporter tout le soutien nécessaire à la famille de la victime» et se désole de «la sortie maladroite du procureur de la République au TGI Dakar qui, lors de sa déclaration en direct, a continué à charger le défunt avec des charges extrêmement lourdes».Très remonté par cette situation, ce dernier d’ajouter : «Et pourtant l’article 11 de la déclaration universelle des droits de l’homme, qui est le premier document juridique des droits de l’homme, parle du principe de la présomption d’innocence.

L’ASRED demande au procureur de retirer ses propos regrettables car le défunt ne peut pas l’entendre, ni se réveiller pour laver son honneur. L’ASRED affirme que le détenu a été torturé et cela ne peut pas rester impuni dans un pays qui est cité comme une exception démocratique en Afrique et où les gens meurent comme des rats sans contre-expertise, ni gain de cause pour les familles des victimes».Ce décès de François Mancabou a été l’occasion pour le président de l’ASRED de rebondir sur les cas de décès enregistrés lors d’une garde à vue. «Nous ne saurons oublier les cas de Cheikh Niass qui fût sauvagement torturé jusqu’à ce qu’il perde la vie. L’ASRED invite tous les organismes de défense des droits de l’homme du pays à s’unir et formuler une plainte conjointe par le biais de nos avocats, à porter le combat devant les juridictions internationales, mais également devant la commission des droits de l’homme sur la recrudescence des cas de torture au Sénégal», a-t-il rappelé. Par ailleurs, «l’ASRED demande au procureur d’ordonner des poursuites judiciaires à l’encontre des agents qui ont regardé librement Monsieur François Mancabou lorsqu’il se cognait sa tête devant les grilles de sa cellule pour non-assistance à une personne en danger». Ainsi cette association «invite les familles des détenus à boycotter les élections législatives 2022 et de se préparer à la vaste manifestation qui sera organisée devant le tribunal pour dénoncer ces vieilles pratiques».

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