LA DÉCLARATION FORTE DE GUIRASSY A MACKY «J’en appelle à l’apaisement, au dépassement, à la hauteur…
Il doit être grand, être au-dessus de la mêlée»Moustapha Mamba Guirassi a haussé le ton, hier, devant le Tribunal de grande instance de Dakar, après le verdict du procès de Ahmed Aïdara. Au-delà de la condamnation à un mois avec sursis pour le maire de Guédiawaye, l’ancien ministre et maire de Kédougou a interpellé le Président Macky Sall sur le sort réservé à ses collègues parlementaires, Déthié Fall et Mame Diarra Fam, dénonçant un émiettement des «nos Institutions».«C’est une honte, et on comprend le calcul politique derrière», réagit Moustapha Mamba Guirassy après la condamnation du maire de Guédiawaye. «C’est tout simplement inadmissible, un maire pour une communauté aussi importante dans le pays et à Dakar, un leader aussi important qu’Ahmed Aïdara ; on comprend tout simplement la logique.»Pour lui, les intentions du pouvoir sont claires. «Je suis presque certain qu’on entendra à peu près le même type de sort, le même type de verdict (pour Déthié Fall et Cie)», soutient-il.
«Le plan de Macky Sall, le plan de la majorité, c’est tout simplement de casser l’opposition. Mais c’est peine perdue», prévient-il notant qu’«il s’agit des populations qui, aujourd’hui, veulent un changement, une transformation et revendiquent des droits».«J’interpelle tous les acteurs et surtout le président de la République à mesurer la gravité de la situation et à changer de ton et de tactique»«C’est tout simplement une honte pour un pays qui s’appelle le Sénégal, avec tous les combats démocratiques et historiques, toutes les victoires démocratiques remportées par le peuple sénégalais qu’on arrive à ce type de résultat», qualifie Guirassy, qui nourrit des craintes «pour la stabilité du pays, pour notre justice, pour la paix». Et, face à cette situation, «j’interpelle tous les acteurs de la société civile, les autorités et surtout le président de la République à mesurer la gravité de la situation et à changer de ton et de tactique».Et d’insister : «On interpelle le chef de l’Etat. Il doit être grand, être au-dessus de la mêlée.
Il est encore Président pour deux ans. On lui a laissé le Sénégal, on lui a légué le Sénégal dans des conditions que nous connaissons tous. Il n’a pas le droit d’émietter nos Institutions, il n’a pas le droit de casser la démocratie parce que là, il y a un désordre qui est en train de s’installer et qui est extrêmement grave.»«Encore une fois, le président de la République et c’est lui, il est directement et entièrement interpellé, c’est sa responsabilité qui est engagée. Il faut qu’il soit à la hauteur. J’en appelle à l’apaisement, au dépassement, à la hauteur parce qu’un pays sans la paix, c’est un pays qui vit tout simplement des moments extrêmement graves et dangereux», poursuit Guirassy, appelant à une mobilisation de l’opposition pour la manifestation annoncée ce mercredi 29 juin.«La justice rendue n’est pas juste, ce qui est en train d’être dit et fait, ce n’est pas juste»«On attend de l’opposition une mobilisation qui doit dépasser le cadre des partis et des coalitions, une mobilisation qui va justement se connecter aux populations, aux masses.
Et là, j’imagine et j’espère qu’il ne mettra pas des bulldozers devant les masses pour les écraser ni pour les tuer», lance-t-il, faisant ce rappel : «On se souvient de ce qui s’était passé avec le jeune étudiant Diop et lui-même Macky Sall était de cette marche-là, on se souvient de comment Macky Sall est arrivé au pouvoir.» Aussi, réaffirme Moustapha Guirassy, «la cause essentielle, c’est la paix, la démocratie».«Personne, aucun Sénégalais digne ne peut accepter de vivre longtemps cette injustice. Trop, c’est trop ! Et comme l’autre le disait : mettre en avant les chars et montrer ses muscles, c’est montrer sa force certainement. Mais savoir se dominer, c’est montrer qu’on a du pouvoir. Le Président Macky Sall doit savoir se dominer.
Actuellement, il est en train de perdre le contrôle, et le Sénégal est en train de basculer», interpelle-t-il.«Le monde entier est en train de vivre des moments de tâtonnement de notre démocratie, des moments d’émiettement et d’éclatement de la cohésion nationale. Encore une fois, depuis quelques années, cette cohésion nationale qui a été bien réussie par des Senghor et d’autres grands chefs d’Etat, c’est tout simplement une perte pour le pays et nous sommes en train de vivre cette perte-là», insiste-t-il«Encore une fois, j’en appelle au dépassement, c’est une affaire qui dépasse le cadre de Benno Bokk Yakaar et même de la coalition Yewi Askan Wi, c’est une question de la Nation sénégalaise. La justice rendue n’est pas juste, ce qui est en train d’être dit et fait, ce n’est pas juste. Ce sont des députés avec une immunité qu’on traîne comme des malfrats pour les juger de cette façon tout simplement parce qu’ils protestaient. (…) On n’avait pas le droit de les mettre dans ces conditions-là», dénonce-t-il.
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