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PARCOURS, PASSAGE A LA SONES, MACKY, DÉMOCRATIE… Dr Abdourahmane Diouf écrit le livre de sa vie…

Le livre du Docteur Abdourahmane Diouf à paraître ce samedi 30 octobre 2021, sera sans nul doute un livre de référence pour l’histoire  du pays. Au-delà du « récit politique », de son parcours personnel, il aborde les problématiques de l’heure, revient sur les réformes institutionnelles, les analyse et propose une solution bien documentée: « De la concurrence à la concordance ». « Info » a lu pour vous.

L’ancien  porte-parole de Rewmi revient sur son parcours. Trajectoire personnelle, de succulentes anecdotes.  Rufisque, son lieu de naissance, Kignabour le village de son papa, maître coranique qu’il aidait à inculquer des connaissances aux « Ndongo daara ». De l’université Gaston Berger de Saint-Louis, à  l’Université de Genève, en Suisse où il a complété des études de droit embrassées presque par hasard, Docteur Abdourahmane Diouf relate sa vie, lui le diplômé de droit  international qui a  « côtoyé les ambassades et les organisations de la Genève internationale ». 

Un universitaire « sans une carrière universitaire », renchérit-il. « Je côtoie l’université. J’y enseigne. Je la questionne. Je la fréquente, mais sans jamais l’avoir épousée. J’ai enseigné à Genève, à Dakar, à Arusha, à Abidjan, à Douala, à Yaoundé, à Kaboul, à Khartoum, à Casablanca, à Cotonou, à Lomé et un peu partout, avec la passion de transmettre des connaissances liées à l’Afrique, aux étudiants et aux cadres, pour faire prospérer les positions africaines. Aujourd’hui, je suis un peu en retrait de l’enseignement », écrit-il dans un livre que « L’INFO » a lu pour vous. 

Le chemin

Un long chemin qui est loin d’être linéaire. Car, avant d’en arriver là, Diouf s’est heurté à certaines difficultés à l’image de beaucoup de jeunes sénégalais. Un exemple…Sur le chemin qui mène vers la Suisse : Pour rationaliser les dépenses et garder un peu d’argent de poche pour l’arrivée, j’avais cru ingénieux d’acheter un billet aller simple Dakar/Genève. Suprême erreur ! Les agents de Swissair, qui existait encore à l’époque, m’ont refusé l’embarquement, au motif que mon retour n’étant pas garanti, je ne pouvais embarquer pour un voyage aller…sans garantie de retour. Je n’y comprenais rien. Toujours est-il que j’ai dû attendre une semaine supplémentaire, combler le gap de 50 mille CFA qui auraient permis d’acheter un billet aller/retour avant de pouvoir aller continuer mes études en Suisse. » Le livre est ainsi « parsemé » d’histoires pareilles, des scènes de vie, comme cet attentat mortel auquel il a assisté en Suisse. Son  sans-froid et le  destin l’ont  sauvé, semble-t-il dire. 

« Moi DG de la Sones »

Son bref parcours de DG de la Société nationale des eaux du Sénégal (SONES), il le raconte brièvement. Amèrement. Déçu d’un constat, d’une certaine conception de la « gouvernance sobre et vertueuse ».

« Nous sommes dans un pays où le critère de nomination d’un Directeur Général (DG) est perçu par le Président de la République (PR) lui-même comme une récompense. Il faut l’accepter et s’inscrire dans une forme de redevabilité individuelle au PR, sans référence aux compétences et aux performances. On n’attend pas du DG des résultats, mais plutôt une forme de loyauté infantilisante qui n’est compatible ni avec le culte professionnel du résultat ni avec les valeurs républicaines. J’avais bien conscience de ne pas avoir passé un concours pour  devenir DG de la SONES. Mais j’avais la naïveté de croire que mon parcours et mes expériences pouvaient aider à faire bouger les lignes ». Il poursuit : « Mon rapide passage à la SONES m’a fait comprendre les choses de l’intérieur. Sur la politisation de l’administration. Sur les lourdeurs du pouvoir hiérarchique. Sur notre manque de patriotisme économique. Et sur bien d’autres choses qui retardent notre développement. Quand j’ai fait le diagnostic du secteur autour des compétences dévolues à la SONES, j’ai informé qui de droit. Et devant le manque de réaction, j’ai essayé de saisir les plus hautes autorités de l’Etat, pour partager mon expérience, discuter des disfonctionnements notés et proposer des solutions, avec l’aide des ingénieurs de la boîte. Je me suis heurté à un mur. Il y avait un grand problème de régulation du secteur, au point que la SDE n’avait plus aucune forme de respect vis-à-vis de la SONES qui est censée la contrôler. La SDE savait pouvoir passer par-dessus la tête de la tutelle pour arriver à ses fins. Elle avait tous les droits sans aucune responsabilité. Elle encaissait et se gaussait de toutes les parties prenantes. », informe le bientôt leader d’un parti politique qui sera lancé ce samedi. 

« Nous aurons passé 12 ans de la vie de notre pays à gérer des humeurs et des états d’âmes… »

Docteur Abdourahmane Diouf dit dans son livre, les choses telles qu’il les conçoit et juge le style du président Sall. Quid de son  limogeage de la direction de la Sones ? « C’est ce jour-là que j’ai compris que je ne pourrais plus jamais travailler sous l’injonction de son décret. Il a de vrais problèmes de casting, de coaching et de monitoring. Il ne s’élève pas au-dessus de la fonction. Il règle des comptes. Et nous aurons passé 12 ans de la vie de notre pays à gérer des humeurs et des états d’âmes, à fomenter des coups et à réduire tous les récalcitrants à leur plus simple expression. Quel triste bilan ! », martèle Diouf. 

Un livre volumineux de plus de 300 pages qui aborde des thèmes de grande importance. Le point d’orgue étant naturellement sa  « concordance » théorisée, documentée et bien défendue en lieu et place de la concurrence. Il ose le débat. Un livre agréable à lire qui sera utile pour les chercheurs et pour tous ceux qui sont intéressés par la marche du pays, de l’Afrique, du monde.

L’info