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YEWWI, DEPART DU PDS ET DE BOUGANE, KARIM WADE…: Barthélémy Dias assène ses vérités

C’est pour des «détails» et des «ambitions personnelles» que l’opposition n’a pas pu fédérer ses forces regrouper autour de Yewwi askan wi. C’est l’avis de Barthélémy Dias, qui souligne que Yewwi est au service exclusif d’une cause commune et des populations, et ne saurait être une coalition pour promouvoir des leaders ou lutter pour leurs cas personnels. Pour lui, tout leader qui veut exister au Sénégal, doit descendre sur le terrain pour lutter. Invité hier de «Jury du Dimanche» de Iradio, le khalifiste, maire de Mermoz-Sacré-Cœur et candidat déclaré à la mairie de Dakar trouve que les opposants, qui se tirent dessus depuis un bon moment, doivent savoir qu’ils ont un seul adversaire, Macky Sall et un seul objectif, lui prendre le pouvoir.

L’absence d’unanimité sur une coalition unique de l’opposition peut être vue comme la manifestation de la «vitalité de la démocratie» sénégalaise. C’est l’avis de Barthélémy Dias, qui déplore cependant que des leaders et partis, notamment le Pds et Bougane Guéye aient quitté Yewwi askan wi pour des considérations, qui pour lui, sont des détails plus en rapport avec des ambitions personnelles qu’avec l’intérêt du pays et des populations. ‘’Le plus important est qu’on n’a pas le droit de servir aux populations des détails. Nous avons cherché à construire la plus grande coalition possible pour le bien des citoyens, mais la réalité politique nous a conduit à cette situation que nous vivons présentement et pour moi, ce sont des détails. (…). Je ne vois pas pourquoi au lieu de parler aux Sénégalais de leurs problèmes qu’on doit venir leur exposer nos problèmes à nous’’, martèle le maire de Mermoz-Sacré-Cœur. Qui ajoute : ‘’J’ai fait tout ce que j’ai pu pour garder Bougane Guéye Dany dans cette coalition. C’est comme mon ami Thierno Bocoum. Jusqu’à présent, je pense que nous devons être en mesure de nous donner la main’’. Pour lui, cela est d’autant plus important que leur objectif commun est le même, faire perdre le pouvoir au Président Macky Sall. ‘’Nous devons tous faire face au Président Macky Sall qui, aujourd’hui, cherche à briguer un troisième mandat. Et ces élections locales constituent pour nous, le premier tour de l’élection présidentielle de 2024’’, dit-il. 

‘’Je ne vois pas pourquoi, au lieu de parler aux Sénégalais de leurs problèmes, on doit venir leur exposer nos problèmes à nous’’

Non sans inviter les uns et les autres à éviter de se tirer dessus. ‘’J’encourage le Président Abdoulaye Wade, Bougane Guéye Dani et leurs alliés. Mais ils doivent tous comprendre, et nous aussi, que nous avons un seul adversaire : le Président Macky Sall. Je refuse de critiquer qui que ce soit qui se dit être opposant du Chef de l’Etat. (…). Par devoir de responsabilité et de vérité aux Sénégalais, on ne peut pas dire qu’on s’oppose à Macky Sall et on pense à autre chose qu’à s’opposer à lui. (…). Je comprends l’ambition du Pds qui est de revenir au pouvoir. Elle est légitime. Je comprends le vœu du Président Abdoulaye Wade qui considère que le Pds doit exercer le pouvoir pendant 50 ans, mais laissons les Sénégalais décider s’ils sont d’accord ou pas. Pour l’instant, si nous avons décidé de s’opposer au Président Macky Sall, nous devons être en mesure de prendre de la hauteur et d’avoir de la tenue et de la retenue’’, explique l’un des leaders les plus en vue de Taxawu Sénégal de Khalifa Sall. 

‘’Quiconque veut exister au Sénégal doit comprendre que le combat se passe au Sénégal. Et il faut être au Sénégal et se battre au Sénégal’’

Barthélémy Dias précise d’ailleurs que la coalition n’est pas un tremplin pour la promotion de quel que leader qu’il soit, encore moins une plateforme de lutte pour régler des situations personnelles de leaders politiques. ‘’On n’est pas là pour faire rayonner ou faire briller qui que ce soit, y compris Khalifa Sall et Ousmane Sonko. Ils sont des leaders de partis politiques, ils ont leur appareil politique, ils vont se battre pour pouvoir exister’’, assène-t-il. Et d’enfoncer le clou, avec une allusion nette à Karim Wade, même s’il se garde de le citer. ‘’Quiconque veut exister au Sénégal doit comprendre que le combat se passe au Sénégal. Et il faut être au Sénégal et se battre au Sénégal. Il faut qu’on se comprenne. On est en politique’’, lance le Khalifiste. Qui se veut plus précis, quand on lui souligne que Karim pourrait retourner en prison s’il revient au pays. «Quelle contrainte par corps? Il faut s’assumer et assumer. Aucun acteur politique au Sénégal n’a fait autant de séjours carcéraux qu’Abdoulaye Wade. Il est devenu président de la République, parce qu’il s’assumait et assumait», cogne-t-il.

‘’Abdoulaye Wade, s’il était seul aux commandes, je crois qu’on serait ensemble…Karim Wade sait, je sais…’’

D’ailleurs, pour éclairer la lanterne des Sénégalais dans sa relation avec le Pds, notamment ses leaders Wade et son fils Karim, Barthélémy Dias est revenu sur l’échec de leurs négociations pour la formation d’une coalition lors des législatives de 2017. ‘’La dernière fois que j’ai parlé avec Karim Wade remonte en 2017. Et c’était à la veille de la mise en place de la coalition pour les élections législatives où, au finish, on s’est retrouvé avec Khalifa Sall, tête de liste Mankoo Taxawu Sénégal. (…). Le président Abdoulaye Wade n’a été impliqué ni de près, ni de loin à l’implosion de la coalition de 2017. Karim Wade m’entend. J’ai discuté avec lui pendant 72h. Il sait ce qui s’est passé, moi je sais ce qui s’est passé. Khalifa Sall aussi, à sa décharge, était en prison. Il m’a contacté pour me faire dire qu’il n’est pas candidat à la tête de liste et que la tête de liste ne doit pas être le moteur de cette implosion. C’est moi qui me suis opposé par principe’’, soutient-il. Et de noter que si Wade était le seul à décider pour le Pds à l’époque, ils seraient surement allés aux législatives ensemble. ‘’Abdoulaye Wade, je reste convaincu que s’il était le seul aux commandes, parce que Wade reste un homme politique, je crois qu’on serait ensemble. C’est tout ce que je peux dire. Je ne peux pas aller trop loin. Abdoulaye Wade n’est pas aux commandes. Est-ce que ce serait Karim Wade?’’, affirme le candidat déclaré à la mairie de Dakar. Qui précise qu’en 2017, avant qu’il ne propose Khalifa Sall comme tête de liste, Karim Wade avait lui-même confirmé que son père n’était pas candidat aux législatives. ‘’Je lui ai demandé est ce que son père était candidat, il m’a dit non. Je lui ai fait comprendre que Khalifa Sall était en prison et qu’on voulait faire de lui une tête de liste pour la symbolique. Au moment où je lui parlais, le Pds avait fait de lui son candidat pour l’élection présidentielle tout en sachant qu’il n’est pas éligible. Si Karim Wade me dit être un homme politique et qu’il n’est pas en mesure de comprendre cela, que voulez-vous que je vous dise. Dans la réalité, le président Abdoulaye Wade n’était pas supposé être sur les listes’’, raconte-t-il. Et de prendre comme témoin, Oumar Sarr, ancien n°2 du Pds, aujourd’hui dans la mouvance présidentielle, pour « infirmer ou confirmer» ses propos.