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MORTS EN GARDE À VUE DANS LES COMMISSARIATS : Une si longue liste…

Le décès en garde à vue d’Abdou Faye, un des présumés complices de l’évasion de «Boy Djinné» a défrayé la chronique hier. Un mort de plus qui vient allonger la liste déjà assez fournie de citoyens morts dans un poste ou commissariat de police. Sans être exhaustif, «L’info» revient sur les cas les plus marquants de 2007 à ce jour. 

Abdoulaye Faye, présumé complice de «Boy Djinné» lors de son évasion de la prison du Camp pénal, a été retrouvé mort hier dans sa cellule de garde à vue, au Commissariat central de Dakar. Le défunt qui faisait l’objet d’un retour de parquet le jour même, se serait suicidé. Une thèse qui est loin de satisfaire les défenseurs des droits de l’homme et une bonne partie de l’opinion, qui soupçonnent des faits de torture, et réclament une enquête pour déterminer les circonstances réelles de la mort de Faye. Mais le cas Abdoulaye Faye n’est que l’arbre qui cache la forêt des nombreux décès de gardés à vue dans nos commissariats, notamment durant ces 10 dernières années. 

Aïcha Camara, Aboubacry Dia en 2008

On se rappelle encore le cas Aïda Camara, morte dans les locaux du commissariat central de Dakar, le 27 novembre 2008. Elle s’était suicidée, après avoir reconnu sa responsabilité dans la mort d’une française pour laquelle, le mari de cette dernière a été accusé. Un peu moins d’un an après, le 18 novembre 2009, Aboubacry Dia, perdait la vie dans les locaux du commissariat de Matam. Le 10 juillet 2010, le pays a été secoué par un autre décès en garde à vue, celui de 
Abdoulaye Wade Yinghou, tué le 14 juillet 2010 par des policiers du commissariat de Yeumbeul, lors d’une manifestation. 

2017-2018, l’année charnière, avec les décès de Elimane Touré, Dominique Lopy, Alioune Badara Diop, Pape Sarr…

L’année 2017 a été particulièrement marquée par le nombre important de personnes décédées en garde à vue. Le 19 février 2017, Elimane Touré est mort dans le poste de police du Port de Dakar. Pour son cas, la police avait aussi avancé la thèse du suicide. Mais la famille avait botté en touche. Depuis lors, elle réclame justice, en vain. Moins de deux mois après, le 13 avril 2017,Dominique Lopy est décédé dans les locaux du commissariat de Kolda, le 13 avril 2007. Le président du Conseil régional avait porté plainte contre lui pour vol d’un poste téléviseur et d’un matelas, fait qu’il a toujours nié. ‘’Notre frère a été sauvagement battu et torturé par des policiers du commissariat urbain de Kolda’’, avait accusé son frère Tino Lopy. D’ailleurs, sa mort avait entrainé de graves émeutes à Kolda, avec l’incendie des demeures des deux policiers. Toujours en 2017, le 13 décembre, Alioune Badara Diop a perdu la vie dans les locaux du commissariat de Ndorong à Kaolack. Ce dernier a été convoqué à la police sur plainte de Sergine Ndame Gassama pour l’intimider et faire pression sur lui, afin qu’il ne lui laisse pas la responsabilité de rembourser à sa place, l’argent des motos qu’il avait acquis par prêt en son nom. Le même jour du 13 décembre 2007 aux environs de 1h du matin, M. Sergine Ndame Gassama aurait été appelé au commissariat afin de constater que M. Aliou Badara se serait suicidé en usant de sa chemise. La série macabre s’est poursuivie en 2018 (15 juillet), avec le décès atroce de Pape Sarr brûlé vif au commissariat de Thiaroye, avant de mourir de ses blessures à l’hôpital. ‘’J’ai assisté de bout en bout aux tortures subies par mon frère. C’est d’abord du diluant qu’ils ont déversé sur mon frère, avant d’utiliser leur matraque électrifiée. C’est le contact de l’électricité avec le diluant qui a mis le feu aux habits de mon frère. Ils étaient tous surpris par le feu et ont fui et c’est alors que l’un d’eux est revenu pour rouler mon frère sur le tapis herbacé pour tenter d’éteindre le feu. Hélas, le mal était déjà fait. Tout s’est déroulé devant moi’’, avait témoigné sa sœur Ndèye Ami Sarr. La police n’est pas la seule qui a connu ces morts malheureux. La gendarmerie aussi a vécue quelques décès dans des brigades. 

L’info