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REBOND PAR MLD : Polémique sur le nouvel avion présidentiel : Entre les arguments techniques du Général Madické Seck et la communication présidentielle désastreuse …

L’Etat du Sénégal a donc décidé d’acquérir un nouvel avion de commandement, un Airbus A320 Néo neuf, un appareil moyen-courrier qui est en train de subir des transformations pour se muer en long-courrier. Selon les experts, cet aéronef est très économe en termes de consommation de kérosène (-25% de carburant par rapport à la moyenne). La polémique est vive au sein de l’opinion mais nous avons l’intime conviction qu’il faut éviter de céder à l’émotion pour analyser avec recul l’avis des sachants. Le Général Madické Seck, ancien pilote de l’avion présidentiel en est vraiment un et les arguments techniques qu’il a récemment partagés sont pour le moins convaincants. Nous préférons de loin les avis techniques de ce genre aux débats politiciens soporifiques entre pro ou anti  mouvance présidentielle. L’actuel avion présidentiel, la Pointe Sarène, est vétuste, il a atteint presque 20 ans de mise en service. Dans le domaine aéronautique, c’est l’âge-limite pour une quelconque mise en vente car au-delà, il ne vaudra que dalle sur le marché, même en pièces détachées. C’était justement le cas de la Pointe de Sangomar acquis sous Senghor en 1976 et qui a servi trois Chefs d’Etat (Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade). Le hic, c’est que cet appareil a connu des ennuis techniques mémorables au large de l’Ile de MALTE. C’était en 2007 et le Président Wade, grand voyageur devant l’Eternel, avait piqué la frayeur de sa vie, lui et sa forte délégation. Le pilote était obligé d’atterrir in extrémis pour éviter l’irréparable. De 1960 à nos jours, le Sénégal a réceptionné trois avions de commandement destinés aux voyages du chef de l’Etat pour le rayonnement de sa diplomatie. Il s’agit d’abord de la Flèche des Almadies(1966), acquis à l’époque en seconde main puis la Pointe de Sangomar, un avion flambant neuf en 1976 et enfin l’actuel appareil dénommé la Pointe Sarène, fabriqué en 2001 et mis en service en 2011. Il faut rappeler qu’un avion a une durée de vie. Dès la 20 ème année, il consomme plus de carburant, nécessite des réparations fréquentes et onéreuses mais aussi de longues périodes d’immobilisation. Une fois ces considérations techniques évacuées, il faut dire que le débat de fond qui divise actuellement l’opinion publique sénégalaise tourne plutôt autour de la question suivante: Quelle est aujourd’hui l’opportunité d’une telle dépense, qui plus est dans un contexte Covid, surtout  que des voix s’élèvent pour parler de dépense de prestige ? C’est à ce niveau précis que la communication présidentielle a été pour le moins désastreuse d’autant que le contrat d’achat du nouvel avion qui sera mis en ligne en juillet prochain a été signé …en juin 2019. Autrement dit, bien avant la Covid…Un argument de taille que la communication présidentielle n’a jusque-là pas mis en exergue! Dites donc, depuis deux bonnes années, qu’est ce qui a empêché les Spin Doctors du Palais de communiquer sur le dossier? L’argument du Secret défense brandi par le ministre porte-parole du gouvernement a très peu convaincu l’opinion. Tous les spécialistes de la Com’ vous le diront; si le gouvernement avait fourni l’info depuis 2019, cette vive polémique ne se serait jamais invitée sur la place publique. En Afrique, les gouvernements anticipent rarement, pis ils excellent dans la Com’ réactive et n’ont aucune prise sur la Com’ de crise, autrement plus délicate. Résultat des courses, ils jouent très souvent les sapeurs-pompiers face à une opinion de plus en plus exigeante, à juste raison. Les temps changent et il faut juste s’adapter!