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POSTS DE PHOTOS DE TRAVAILLEUSES DE SA FERME DE DJILAKH : Babacar Ngom ‘’lynché’’ sur sa page Facebook

Babacar Ngom a affiché fièrement des images de son projet d’agrobusiness à Djilakh sur sa page Facebook officielle. Des photos, notamment de femmes en uniforme, travaillant dans le périmètre, qui ont ravivé la colère des détracteurs du patron de Sedima. Ces derniers lui sont tombés dessus avec des commentaires de toutes sortes. Mais ces partisans ne se sont pas fait prier pour le défendre, lui et son projet. 

C’est à croire que les détracteurs de Babacar Ngom dans son conflit avec les populations de Ndengler et de Djilakh, ne comptent pas le lâcher d’une semelle. Ils le traquent jusque sur sa page Facebook. Alors que le patron de Sedima a posté avant-hier, des photos de son exploitation, avec des femmes en tenue, travaillant dans les champs, une nuée de critiques et de remontrances s’est abattue sur lui. 

‘’On leur paye 1500f la journée sous ce chaud soleil. Une exploitation des paysans. Restituez-nous nos 80 hectares’’

C’est sur son compte Twitter que le patron d’Amnesty International Sénégal, Seydi Gassama est allé vilipender Babacar Ngom. Photo à l’appui, il a souligné d’emblée : ‘’Il serait intéressant de savoir la paie journalière de ces ouvrières en uniforme’’. La réponse, c’est Thierno Diop habitant de la localité qui la donne. ‘’On leur paye 1500f la journée sous ce chaud soleil. Une exploitation des paysans. Restituez-nous nos 80 hectares’’, clame-t-il dans son commentaire sur la page de M. Ngom. ‘’Les riches continuent de s’enrichir, les pauvres continuent toujours d’être des pauvres, dommage !’’, balance Lamine Lô. Abondant dans le même sens, Bohi Diallo qui précise qu’il ‘’habite Ndengler’’, de marteler à l’intention du patron de la Sedima : ‘’avec tous les milliards que tu as, tu es en train de détruire la vie de tout un village qui risque la famine. Rends aux populations leurs terres. Prends exemple sur le propriétaire de SENICO (Abdoulaye Diop qui a offert leurs terrains aux populations après avoir eu raison sur elles au Tribunal)’’. Baye Demba Ndoye, lui, demande également au patron de la Sedima d’avoir ‘’la grandeur de rendre aux populations de Ndengler leurs terres’’, car Dieu peut lui donner plus et mieux. ‘’Ayez de l’empathie pour ces pauvres paysans. L’arrêté du préfet ne vous empêche pas de continuer à cultiver vos terres qui ne font pas l’objet de litiges et vous allez commercialiser vos récoltes. Par contre, ce même arrêté empêche aux pauvres paysans d’accéder à leurs terres et de préparer l’hivernage qui est leur unique source de revenu’’, déplore Kor Faye. Et Mansour Mbaye de marteler comme une sentence finale : ‘’Amassez autant de fortunes que vous voulez, amassez autant de terre que vous voulez. Produisez autant que vous voulez, mais dans la légalité. La fin est certes proche et l’histoire retiendra que tu as ôté à des dizaines de pauvres, leurs terres pour t’enrichir davantage toi et ta famille. Rendez à ces pauvres leurs terres’’. 

‘’On doit donner les terres à Babacar Ngom, pare qu’on donne des hectares de terres à des non Sénégalais’’

Mais Babacar Ngom n’a pas que des détracteurs. Ses soutiens sont aussi nombreux. Et ils ont tenu à le manifester. ‘’Le Sénégal a besoin des hommes comme vous. Il nous faut mille Babacar Ngom, mille Cheikh Amar, mille Bougane, mille Serigne Mboup et le Sénégal sera émergent. C’est ça l’émergence. Des champions nationaux’’, affirme Djibril Samb. Idem pour Abou Hane, qui est convaincu qu’on ‘’doit donner les terres à Babacar Ngom, pare qu’on donne des hectares de terres à des non Sénégalais’’. Et pour lui, c’est d’autant plus important qu’aujourd’hui, ‘’cultiver demande du matériel’’ et que le projet de la Sedima va ‘’faire revivre le village, en y amenant l’eau, la route, l’électricité, l’emploi’’. Des retombées déjà visibles selon Thierno Seydou Faye. ‘’Nous qui vivons dans ce village de Djilakh, nous pouvons être les plus grands témoins de l’impact social (du projet) dans cette zone. Je le jure sur le Saint Coran, il n’y a plus de chômage dans mon village Djilakh. En plus, beaucoup de jeunes et de femmes de Ndingler y travaillent et gagnent dignement leur quotidien. Ce projet fera de la zone, le pôle agricole de développement du département de Mbour’’, explique-t-il.

L’Etat invité à donner aussi des titres fonciers aux paysans qui auraient accès aux banques…

Entre les parties antagoniques, il y a ceux qui croient dur comme fer qu’une solution peut être trouvée au bénéfice de tous. ‘’Monsieur Ngom est une icône dans le monde des affaires au Sénégal, une référence sans conteste. Cependant, son service de communication devrait revoir sa stratégie. Il gagnerait beaucoup à développer sa relation avec les populations en les associant au projet, plutôt que de brandir les agréments de l’Etat. Car dès fois, faire profil bas permet d’atteindre nos objectifs sans querelles. C’est juste mon avis car l’échec d’un tel projet ne profite à personne. Convaincre du bien-fondé est une ultime solution’’, soutient Lamine Diagne. Par ailleurs, d’autres internautes interpellent l’Etat, qui pour eux, devrait pouvoir donner les mêmes facilités d’accès à la propriété terrienne aux paysans qui occupent les terres depuis leurs ancêtres. ‘’Si l’Etat donnait des titres fonciers aux habitants de ces villages sur une partie de leurs terres, n’importe quelle banque leur prêterait de l’argent pour faire de l’agrobusiness’’, souligne Seydi Gassama. Moussa Cissokho, quant à lui, ne demande ni plus ni moins, qu’on permette à ces cultivateurs d’avoir des papiers pour pouvoir faire des prêts dans les banques, afin de mieux exploiter leurs terres. Et ils sont nombreux à avoir la même position. En définitive, pour Ameth Diagne, ‘’à partir de plus d’un hectare, l’Etat doit veiller à ce que les terres ne puissent pas faire l’objet de délibérations gracieuses, mais données sous forme de location en accord avec les populations’’.