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COVID 19 : La restauration et la pêche calculent les pertes

ECONOMIE : Il est difficile de trouver un secteur qui ne soit pas touché par la pandémie de la Covid 19. Cette dernière a fini par mettre dans la tourmente le secteur de la restauration.

  La pandémie du coronavirus continue de charrier ses victimes de plus en plus dans le gouffre depuis son apparition. Parmi celles-ci, le secteur de la restauration fait partie des plus impactées

 Déjà, dès l’apparition du cas 0 de la Covid 19, la restauration commence à sentir les effets de la pandémie. Il s’y ajoute, le décret du Chef de l’Etat consacrant l’état d’urgence vient mettre une couche de plus sur le calvaire des professionnels du secteur. Après trois mois de couvre-feu, les acteurs du secteur font le diagnostic.

   En cette matinée, Mme Sow, directrice administrative et financière de la structure Go Restau de la cité Keur Gorgui a déjà entamé sa journée. La mine bien entretenue avec un maquillage uniforme, la mise soignée,  la dame confie que sa structure a connu une longue traversée du desert. «Le restau est resté  fermé durant les deux mois. C’est ce mois-ci que nous avons décidé de rouvrir pour voir ce que cela va donner. L’impact de la Covid 19 se ressent profondément », renseigne-t-elle. Mme Sow ne manque pas de souligner que l’équipe qu’elle dirige a fait preuve d’astuce pour fidéliser sa clientèle. Elle poursuit : « Du moment où beaucoup de clients ne souhaitent plus manger sur place, nous avons trouvé nécessaire de faire parvenir les repas dans leurs lieux de travail, et cela, sans frais de livraison. Le matin, nous envoyons via l’application WhatsApp, les menus du jour, ensuite les clients font leur commande ».  Malgré cette tentative d’adaptation, Go service n’est pas parvenu à conserver tout son personnel. C’est avec beaucoup de désolation que la Daf renseigne qu’elle a dû se séparer de la moitié de son personnel afin de préserver ce qui peut l’être. Apres avoir trainé un large sourire, la dame Sow indique qu’elle n’est pas dans les dispositions à respecter la décision du chef de l’Etat qui consiste à verser 70% du salaire des employés mis au chômage technique. «Franchement, on ne peut pas respecter cette décision car on traverse des moments difficiles sur le plan financier ; il y a moins de rentrées d’argent», s’afflige-t-elle.

  Au restaurant  La Villa, le jardinier s’attèle au désherbage. Il s’accroupit pour les besoins de la tâche. Il lève  légèrement la tête et répond « allez a l’intérieur, la gérante est là-bas.  Dès le franchissement du seuil de la porte, c’est un décor tendre qui vous accueille. La couleur rouge mâtinée avec un blanc immaculé couvre l’atmosphère de la salle. Rosette Cougna, la trentaine, est la gérante des lieux. A voix basse, elle livre : «C’est aujourd’hui que nous avons repris les activités. À la déclaration des  premiers cas de Covid 19, nous avions décidé de fermer. Après un mois passé, une reprise a été tentée avec le respect des normes édictées, mais les  choses n’évoluaient pas  favorablement. Dès lors, il a été décidé d’une seconde cessation des activités ». Malgré la proposition de services tels que la livraison à domicile et dans les lieux de travail ou encore la préparation de plats prêts à emporter,  La Villa  n’arrive toujours pas à sortir la tête de l’eau. «Le télétravail nous a beaucoup handicapé. Cela me fait dire que nous sommes au chômage technique », rajoute Rosette. Ce drame a pour corollaire hormis l’absence de la clientèle, la mise au chômage des 2/3 du personnel. Ceux qui sont maintenus résistent à peine à l’oisiveté. L’une des serveuses s’extirpe de son sommeil en sursaut. Elle dormait sous  les tables. C’est avec une voix tremblante qu’elle livre ses peines et ses espoirs : « tout est bouleversé. Mais nous pensons que cela va changer d’ici peu de temps ».

   « Comme tous les commerces et autres activités économiques, on vit cette situation difficilement. C’est vraiment critique, la plupart de nos employés sont en congé. Même si on essaye de maintenir le maximum d’employés. J’estime la perte de recettes à 70%. En plus, il y a plus de 50% du personnel qui sont mis au chômage. Et ce sont 70% du salaire qui sont versés aux travailleurs. Si vous ne faites pas cela, vous ne pouvez pas vous en sortir », admet Saïd Wardini, gestionnaire de la glacerie  Mamamia.

  Avec une panoplie de services qu’elle propose, la Boulangerie jaune tente d’amoindrir l’impact de la Covid à travers la diversité de ses activités. Même si l’hôtel et le restaurant sont fermés, la boulangerie parvient à maintenir tant bien que mal à flot le groupe. « Je dirai que ce que nous avons perdu dans l’hôtellerie et la restauration, la boulangerie a compensé ça en quelque sorte. Mais cela à engendrécdes charges supplémentaires pour un bon fonctionnement du service », explique El Hadji Djibril Diouf, gérant de la Boulangerie jaune. D’après lui, les facteurs explicatifs de cette forte demande en pain sont à chercher dans la période du ramadan et l’arrêté du ministre du cCommerce interdisant la vente de pain dans les boutiques. Néanmoins d’après Djibril Diouf, les bénéfices réalisés par la boulangerie sont réinvestis  dans les autres secteurs.

SOUMBEDIOUNE : la covid-19 prive les pêcheurs de recettes

 En ces temps de pandémie du coronavirus l’économie halieutique est fortement impactée. Haut lieu de l’offre et la demande de poissons, Soumbédioune  végète dans la pauvreté.

Lorsqu’on débarque  au marché de Soumbédioune, ce qui frappe, c’est le calme plat. Le long du quai, des pirogues sont stationnées. Il y a bien longtemps que les moteurs des pirogues sont à l’arrêt avec l’instauration du couvre-feu, assorti de l’état d’urgence.

A cette heure de la journée, il est presque impossible d’entendre un vrombissement de moteur de pirogue.

Le visiteur est accueilli par  le bruit des vagues qui charrient un vent frais. Quelques  rares pêcheurs sont présents sur les lieux. Pourtant d’ordinaire, le quai de pêche de Soumbédioune est très fréquenté pour la variété et la qualité des produits halieutiques qui y sont échangés.

Mais, cela c’était avant l’instauration du couvre-feu, assorti de l’état d’urgence. En effet, il est maintenant très difficile de voir du poisson sur les étals  de ce marché à cause de la pandémie du covid 19.

RARETE ET BAISSE DES PRIX

Rares sont les pécheurs qui s’aventurent en mer maintenant. « Avant la covid-19 on vendait le poisson à un bon prix mais maintenant avec cette crise le prix a fortement chuté, le kilo de poisson qui coûtait 7000 francs FCA est vendu, aujourd’hui à 2000 francs FCFA ou 1500 francs FCA. Si c’est une aubaine pour les clients, c’est une situation difficile pour les pêcheurs du pays», déplore Samba Ndiaye, un pécheur qui connait très bien le marché pour y avoir travaillé durant de nombreuses années.

La fermeture des frontières aériennes et maritimes  a fait que les touristes qui représentaient une bonne partie  de leur clientèle ne viennent plus. Comme un malheur ne vient jamais seul la fermeture des frontières maritimes fait que le poisson se fait rare.

«L’absence de sociétés agréées à l’exportation des ressources halieutiques dans d’autres pays ralentit fortement le chiffre d’affaires des pêcheurs», renchérit un autre pêcheur, sous le couvert de l’anonymat. La fermeture des restaurants  a été également un coup dur pour les pêcheurs.

A Soumbédioune comme ailleurs, on attend une assistance de l’Etat pour balancer  les pertes. «Je préfère ne pas aller en mer, parce que le prix de l’essence est cher et on ne bénéficie pas d’aide de la part de l’Etat. La vente de poisson ne nous permet pas de renflouer nos caisses qui se vident au quotidien », dénonce Ibrahima,  un mareyeur trouvé sur sa pirogue.

Amadou SAMOURA&Mapaté NIANG