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LASSANA SAMBOU, PRESIDENT DU CONSEIL COMMUNAL DE LA JEUNESSE DE VELINGARA : «Macky Sall ne considère pas les fils de notre ville… »

POINT DE VUE : Lassana Sambou est le président du conseil communal de la jeunesse de Vélingara. Dans cet entretien accordé à Toutinfo.net,  il nous explique le rôle de la structure qu’il dirige, son impact dans le développement de la commune non sans oublier de parler des actions qu’il a menées depuis son élection à la tête de ce conseil. Par ailleurs,  il est directeur de cabinet du secrétaire général du parti RCD (Rassemblement pour la Citoyenneté et le Développement) un parti de la mouvance présidentielle.

Toutinfo.net : Vélingara est une zone très pauvre, quelles sont les mesures prises par le conseil communal de la jeunesse pour aider les jeunes?

Lassana Sambou : Notre mandant a été placé sous le sceau de la lutte contre l’immigration irrégulière  et le chômage des jeunes.

Si les jeunes quittent leur terroir, c’est parce qu’ils n’ont pas une activité sérieuse chez eux. Nous avons essayé d’innover en faisant la promotion de l’auto emploi.

 On a voulu faire comprendre aux jeunes qu’ils ne doivent pas attendre le gouvernement pour travailler. Ils peuvent  eux mêmes partir avec leurs propres moyens pour vraiment être des self made men.

Les formations en leadership et en développement personnel destinées aux jeunes  visent à  développer  chez eux la confiance en soi et leur employabilité.

On n’a pas trop de moyens, c’est pour cela qu’on s’est ouvert à l’ ANPEJ, à la coopération allemande, la GIZ pour pouvoir atténuer le taux de chômage dans la localité de Vélingara.

Le manque de formation chez les jeunes n’est t-il pas à l’origine de ce chômage élevé?

C’est bien dommage qu’une ville comme Vélingara ne dispose qu’une seule école de formation.

 Et elle forme dans très peu de domaines. La formation technique est quasi inexistante à Vélingara aussi bien dans la commune comme dans le département.

On n’a pas d’écoles dignes de ce nom qui permettront aux jeunes d’avoir des formations qui feront qu’ils soient opérationnels une fois à la sortie.

 Il n’y a que l’enseignement général qui est dispensé et on sait tous ce que cela donne.

Vélingara se trouve dans une zone  frontalière stratégique, mais peine à  se développer.   Quel est problème ?

 Le problème  de cette ville est un problème de management. Vélingara est dans une position stratégique et a une  frontière  commune avec trois pays.

 Normalement cela devait être une richesse pour la commune, mais c’est devenu un handicap, d’autant plus qu’avec la porosité de frontières un problème de sécurité se pose.

 Ce sont les mairies qui peuvent vraiment impulser les villes. Depuis 2016, le maire refuse de  donner au conseil communal de la jeunesse une subvention, alors que l’article 309 du Code des collectivités locales a déjà tranché  cette question. On a un problème de management qui fait que Vélingara tarde à décoller.

Avez vous cherché à rencontrer le maire ?

Oui, en effet, on l’a contacté par  la voie officielle avec un plan d’actions du conseil avec toutes les activités prévues.  Et après, cela on a cherché à le rencontrer plusieurs fois, mais il dit carrément qu’il ne donne pas la subvention.

 On a rencontré le préfet et les services concernés pour leur expliquer, mais en vain.  Comme le pouvoir de tutelle est supprimé dans le nouveau Code des collectivités locales le préfet n’a pas aujourd’hui un pouvoir contraignant sur le maire.

Mais avec nos propres moyens nous parvenons à mener  nos activités. Récemment on a commencé à avoir des partenaires qui prennent en charge à coût de millions les formations destinées aux jeunes. Nous avons cherché à diriger la jeunesse velingaroise, on ne va pas rester les mains croisées pour dire que la mairie n’a pas dégagé de subventions nous n’allons rien faire.

 Il fallait qu’on se surpasse et c’est à ce moment qu’on est parti chercher des partenaires.

Aujourd’hui, on travaille bien avec l’ANPEJ, la GIZ et même en perspective avec la coopération italienne.

 Les ONG qui opèrent  dans la localité nous aide beaucoup dans l’emploi de certains jeunes de Vélingara. Sans moyens colossaux on se bat pour mener à bien notre mission pour la localité.

Quels sont les problèmes que vous rencontrez dans le fonctionnement de votre structure ?

 Notreprincipal problème est celui des moyens. Aujourd’hui, les sources officielles de financement du conseil communal sont la mairie.

Et c’est la loi qui stipule cela dans le Code des collectivités locales.   Le conseil municipal doit  appuyer les ASC et le Conseil communal. Mais depuis trois ans, on ne reçoit aucune subvention.

Votre formation politique est décrite comme un «  parti départemental » que  répondez vous ?

Ceux qui le disent  cela ne savent pas ce qui se passe, mais l’avenir nous en dira plus.  Un parti est toujours national, ceux qui vérifieront aussi notre bureau  national exécutif se rendront compte que cette formation politique est nationale. On est implanté un peu partout dans le pays même si on n’est pas trop pressé. On a une forte base à Ziguinchor, Oussouye Bignona. Vélingara est notre fief.

A Dakar dans les localités comme Diamniadio, Rufisque, Keur Mbaye Fall Khar Yallah, on y  est fortement représenté. Ouakam est notre base affective à Dakar. Ceux qui disent que le RCD est un parti vélingarois ne savent pas ce qui se passe. On est en train de se massifier dans tout le pays et même à l’étranger.

Que répondez vous à ceux qui vous reprochent d’investir dans le folklore plutôt que dans des activités lucratives pour les populations ?

Ceux qui disent cela, sont des gens qui ont un problème avec la culture d’abord. Ils ne sont pas trop imprégnés dans la culture sénégalaise.

 Ces activités culturelles font revivre même une ville. Il y a des gens qui ne voyaient Wally Seck qu’à la télé, on leur amène Wally à Vélingara,  c’est un moment fort de communion qu’ils ont eu avec lui.

 Quand de grands artistes tels que Wally Seck, Baba Maal, ou Viviane viennent à Vélingara, c’est comme la Tabaski, les salons de coiffures sont pleins, les taxis motos peuvent gagner jusqu’à 25 mille  francs par nuit. Les ateliers de couture travaillent nuits et jours. Les hôtels et les auberges sont pleins parce que les gens viennent de partout pour rallier Vélingara.

Ce sont des activités qui économiquement boostent même une ville. Quand certains disent que ces activités culturelles sont du folklore, c’est de la naïveté. En général, tout l’argent qu’on récolte à travers ces activités culturelles on l’investit pour le financement des femmes de Vélingara.

Aujourd’hui le parti ne peut pas continuer à financer seul. C’est pourquoi, il faut trouver des activités génératrices de revenus qui lui permettront d’appuyer les femmes. Et c’est ce qu’on est en en train de  faire.

Le RDC partira t-il seul aux prochaines élections ou sera t-il en coalition ?

Pour les locales qui se profilent à l’horizon, le RCD partira sous sa propre bannière avec sa propre coalition. Le contrat qui nous liait au Président Macky Sall était  de l’aider à obtenir un second mandant.

Les élections locales,  c’est une affaire locale on partira avec l’ensemble des partis et mouvements qui accepteront de travailler avec nous pour le changement local.

C’est la population qui choisit les hommes qu’elle veut pour  diriger la mairie. On souhaite un changement à Vélingara. Malgré notre appartenance au sein de Benno,  on ne va pas monnayer cela.

Qu’en est-il de votre alliance avec l’APR ?

Quand le Président Macky Sall nous avait reçu en 2017, on lui avait dit que notre soutien se fera sans condition, mais avec conviction. On est la seule formation politique de Benno à battre campagne pour le Président sans rien recevoir.

On fait le tour du Sénégal pour montrer aux populations les réalisations de Macky Sall. Notre conception du pouvoir ne se résume pas au partage de richesses après la victoire. Notre soutien au candidat Macky Sall était sans condition.

Au RCD, on dit que le pouvoir n’est pas un partage de gâteau, mais un partage de responsabilités. Dans ce sens nous savons qu’aujourd’hui le secrétaire général, Ibrahima Barry fait partie des meilleurs profils de ce pays.

 Le Président Sall est libre. S’il pense que Barry peut lui servir à quelque chose, il est libre de faire appel à lui. L’essentiel pour nous est de satisfaire les populations à travers nos actes.

On est un jeune parti qui est né,  il ya deux ans, mais on est une réelle force politique qui est en train d’étendre ses tentacules partout et même dans la diaspora. En novembre  le RCD a organisé sa première réunion internationale, en Espagne.

Vélingara a toujours plébiscité le pouvoir. Pourquoi, il n’y a t-il jamais eu de retour d’ascenseur des différents régime ?

C’est un peu compliqué par rapport à ce qui se passe chez nous. Tous les régimes ont gagné avec des scores soviétiques à Vélingara et dans la région de Kolda. En général, Vélingara es une ville qui vote toujours le pouvoir à l’exception du 2e tour des élections de 2000.

Le régime libéral n’a rien fait à Vélingara. Le régime actuel a eu à apporter quelques changements. Macky Sall n’aide pas notre ville.  On a constaté, cependant,  dans la commune l’érection d’une caserne de sapeurs pompiers, de nouvelles routes ont été construites il ya aussi un poste de police des  frontières qui a été construit, et d’autres réalisations… On peut s’en réjouir, mais c’est très peu par rapport aux efforts que Vélingara a faits. On a le plus grand électorat de la Casamance, mais à chaque fois quand il s‘agit de nommer des ministres on nous snobe. Les gens nommés dans les autres localités surtout dans le Sud ne sont pas plus méritants ou mieux outillés que les fils de Vélingara. On a besoin d’écoles, de formation, on a besoin d’un hôpital digne de ce nom. Vélingara ne peut plus continuer dans cette lancée. On va changer les choses.

Entretien conduit par Maïmouna SANE