ACCUSATION DE CORRUPTION PAR LA BBC: Aliou Sall annonce une plainte contre le média britannique
La diffusion d’un document télévisuel par la BBC a soulevé le tollé dans le pays. «Un scandale à 10 milliards de dollars», du nom du document qui porte de graves accusations de corruption sur la personne de Aliou Sall, maire de Guédiawaye et non moins frère du président Macky Sall. Le mis en cause a organisé, hier, une conférence de presse illico presto pour se laver à grande eau,non sans annoncer une plainte contre le média britannique.
«Nous allons immédiatement et sans délai porter plainte contre la BBC. Au niveau international, c’est un cabinet d’avocats basé à Londres qui va s’en charger. Et au
niveau local, c’est nous-même qui allons-nous en charger.» C’est en ces termes que Me Moustapha Dieng, commis par Aliou Sall, a refermé la conférence de presse organisée hier par le maire de Guédiawaye pour répondre aux accusations de BBC. A en croire l’avocat, le média britannique a
employé des méthodes déloyales et non conformes aux dispositions de la loi pénale en vigueur dans le pays. Sur ce, dit-il, il annonce une procédure en diffamation contre BBC pour laver l’honneur d’Aliou Sall. Un peu plus tôt, le mis en cause a essayé de démonter point par point les différentes accusationsportées contre
lui. Concernant d’abord le rachat des actions de Franck Timis par BP qui, d’après BBC, s’élève à 250 millions de dollars, soit environ 150 milliards de F CFa, Aliou Sall se défend en informant ne pas être au courant d’une telle transaction. «Je n’ai jamais rencontré un seul responsable de BP. Et je considère que si un tel accord
existait, il ne concernerait que ces deux entités et je n’ai rien à voir dans un tel accord.» Poursuivant, il s’est désolé que son salaire soit injustement révélé par laBBC. «Il s’agit d’un contrat privé donc
confidentiel et qui n’est en rien illégal. Je dois aussi dire que j’avais des collègues dans la même entreprise qui percevaient plus que moi, d’autre autant, et d’autres
moins. Ce salaire est totalement conforme à la pratique dans le milieu du pétrole et du gaz », argue-t-il.Avantd’ajouter qu’iln’a
jamais reçu de la société, directement ou indirectement, un quel-conque payement de la part de Timis Corporation à travers Agritrans. «Agritrans est une société qui existe depuis 2011, dont l’existence est signalée comme toute autre entreprise créée au Sénégal sur le site de l’APIX. Il n’y
a donc aucune volonté de cacher son existence. Elle n’est plus active depuis que je travaille de nouveau dans le gouvernement du Sénégal. Les affirmations de BBC sont totalement fausses et mes conseils donneront une suite adéquate à cette affaire », a-t-il martelé. Poursuivant, il soutient n’avoir jamais sollicité entant que gérant du bureau national de PétroTim une demande de payement de taxes pour le compte de
l’Etat du Sénégal. «Je ne vois pas comment le nom de Agitrans a pu apparaitre à ce niveau. Je soupçonne simplement qu’il y ait des intentions de nuire ; que des gens cherchent des informations de gauche à droite pour construire une histoire qui n’existe que dans leur tête. » Dans la foulée, il rappelle avoir créé Agitrans en octobre 2011 pour confier la gérance à Abdoulaye Thimbo, parce qu’étant à l’époque fonctionnaire. «En2012, il y a eu une alternance et j’ai pris ma disponibilité en tant que fonctionnaire pour venir dans le privé.Et dans le même sillage, Thimbo a été nommé Directeur général de l’AMPEJ et il ne pouvait plus continuer à assurer les fonctions de gérant d’une société privée. J’ai repris la gérance de la société, comme j’étais revenu dans le privé », laisse-t-il entrevoir.
«JE SUIS PRÊT À RÉPONDRE À UNE COMMISSION D’ENQUÊTE»
Aliou Sall jure qu’il n’a jamais eu le sentiment d’avoir fauté dans cette affaire au plan de la moralité. « Je suis revenu de Chine en 2012.
- J’étais haut fonctionnaire de l’Etat du Sénégal.A ce moment précis que le fils d’Abdoulaye Wade était accusé d’implication dans la gestion des affaires de l’Etat. Et il n’était pas convenable que j’assure des fonctions publiques. Dans ce contexte, je suis
parti à la recherche d’opportunités dans le privé. Atepa m’a recommandé à Franck Timis qui m’a proposé de gérer ses affaires à Dakar. Aaucun moment, Macky Sall n’a été au courant que je suis impliqué dans ce processus. Il a été au courant d’ailleurs tardivement», explique-t-il. Ceci étant, il répète que de la signature du contrat à sa démission, il n’a eu aucun sentiment d’avoir fauté ou exercé une activité illégale. A la
question de savoir s’il ne devrait pas démissionnerde son poste de Directeur général de la Caisse de
dépôt et de consignation (CDC), Aliou Sall de répondre en soutenant qu’il ne voit pas ce que ses fonctions de Directeur général de la CDC ont à avoir avec ses fonctions d’antan, en tant que citoyen qui était dans le privé et qui n’avait rien à voir avec l’Etat du Sénégal. « Maintenant s’il y devrait y avoir une commission
d’enquête, je suis prêt à répondre
à cette commission. Et je suis même prêt à répondre à d’autres tribunaux au plan international », fait-il savoir. Il avoue cependant que s’il avait soupçonné un seul moment que des découvertes aussi importantes allaient être faites, il n’allait pas s’aventurer dans cela.
( Seydina Bilal DIALLO avec Toutinfo.net )