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7 MARS 2017- 7 MARS 2019: Khalifa boucle aujourd’hui ses deux ans de prison

Le mois de mars ne sourit pas à l’ancien maire de Dakar. Il y a deux ans, jour pour jour, Khalifa Sall était placé sous mandat de dépôt. Il est condamné l’année suivante, plus précisément le 30 mars 2018, en première instance pour cinq ans de prison ferme.

C’est tard dans la soirée du 7mars 2017 que Khalifa Sall, à l’époque maire de Dakar, a été placé sous mandat de dépôt par le doyen des juges d’instruction, Samba Sall, chargé du dossier de la caisse d’avance de la Ville de Dakar. Il était accusé d’avoir usé, entre 2011 et 2015, de fausses factures pour justifier certaines dépenses tirées de la caisse d’avance de la Mairie de Dakar. Pour étayer l’accusation, un rapport d’audit de l’Inspection générale d’État (IGE) a été brandi parla justice sénégalaise. Mais Khalifa Sall a toujours nié les faits contestant formellement avoir détourné le plus petit centime. Il se défendait en disant que la «caisse d’avance» est une enveloppe mensuelle de 30 millions FCFA mise à la disposition du maire pour appuyer les populations dans le besoin. Une manière de dire que ce sont des fonds politiques. Malgré tout, le magistrat instructeur a tenu à l’écrouer en retenant contre lui et six de ses collaborateurs les infractions de détournement de deniers publics, entre autres délits. Tenace, Khalifa Sall réaffirmera plus tard devant la barre que Macky Sall l’aurait même sollicité pour bénéficier des fonds issus de cette caisse. Ainsi, le caractère «politique» des fonds a tenu en haleine l’espace public avec des sorties de part et d’autre pour certifier ou démonter cette thèse. Si ses prédécesseurs Mamadou Diop et Pape Diop ont estimé que ces fonds étaient politiques et que le maire de Dakar pouvait en disposer comme il voulait, des caciques du pouvoir se sont inscrits en faux contre de tels arguments. Devant les députés le 23 mars 2017, le Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne a soutenu que «cette caisse d’avance a toujours existé depuis Carpot. Toutefois, après la réforme en 1997, elle a été instituée principalement à Dakar pour le règlement des frais de manifestation à l’occasion d’accueil de personnalités, d’inauguration et cérémonie populaire de la Ville de Dakar à l’ordre de dix millions. Il s’agissait de louer des cars, acheter un peu de tissus etc, pour accueillir par exemple un chef d’Etat en visite au Sénégal.» Des propos qui n’ont jamais convaincu les partisans de Khalifa Sall qui, en plus de défendre le caractère politique de ces fonds, crient à une cabale politique. Ils disaient flairer un complot «savamment» orchestré par le secrétaire général du Ps Ousmane Tanor Dieng dont la légitimité était contestée par celui qui fût l’édile de la capitale. Une brouille née de la volonté de Ousmane Tanor Dieng de soutenir Macky Sall à la présidentielle de 2019 ; alors que Khalifa Sall affichait des ambitions présidentielles. Durant son inculpation et en attente de jugement, il est exclu du Parti socialiste le 30 décembre 2017. Auparavant, Khalifa Sallétait désigné tête de liste de la coalition Mankoo Taxawu Senega alors des élections législatives de juillet 2017. Une manière pour certains leaders de l’opposition de lui démontrer leur soutien. La coalition se retrouve avec sept députés. Avant son jugement, la majorité à l’Assemblée nationale a procédé à la levée de son immunité parlementaire qui devenait encombrante pour son jugement. Le 30 mars 2018, soit un an après son placement sous mandat de dépôt, il est reconnu coupable de faux et usage de faux en écriture de commerce, de faux et usage de faux dans des documents administratifs et d’escroquerie sur les deniers publics. Ainsi au termed’un procès qui aura duré près de deux mois et demi, il est condamné à 5 ans de prison ferme et à une amende de 5 millions FCFA. Le juge Malick Lamotte et ses assesseurs ont estimé que Khalifa Sall a profité de ses fonctions pour détourner 1,8 milliard FCFA de la régie d’avance de la mairie de Dakar. Cette décision sera confirmée en appel et en cassation. Entre temps, le gouvernement avait déjà enclenché le processus ayant abouti à sa révocation en tant que maire de Dakar. Puis le préfet a organisé son remplacement. L’élection est remportée par Soham El Wardini qui, jusque-là, était sa première adjointe.

QUI EST KHALIFA ?

Né en 1956 à Louga, Khalifa Ababacar Sall a grandi à Dakar au quartier populaire de Grand Yoff qui deviendra plus tard son fief politique. En 1970, il obtient son baccalauréat au lycée Blaise Diagne. Alors qu’il était étudiant, il a commencé à militer au Ps; avant d’occuper plusieurs fonctions dans l’appareil étatique. Ce qui lui a permis de cumuler plus de 30 ans d’expérience politique. Dès 1995, il est nommé ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Relations avec les Assemblées. Il conserve ce poste dans les deuxième et troisième gouvernements du Premier ministre Habib Thiam. Khalifa Sall deviendra par la suite ministre du Commerce et de l’Artisanat dans le gouvernement de Mamadou Lamine Loum. A la survenue de l’alternance politique en 2000, il figure parmi les rares responsables socialistes à se faire élire député en 2001. En 2009, s’appuyant sur son fief de Grand Yoff, Khalifa Sall va à la conquête de la Mairie de Dakar alors dirigée par Pape Diop, président du Sénat et membre du parti au pouvoir. Il dirige la coalition Benno Siggil Senegaal durant les élections locales du 22 mars 2009. Au cours de ce scrutin, il bat le tout puissant Karim Wade, fils de l’ancien Président Abdoulaye Wade. Le 18 avril 2009, il est élu maire de Dakar avec 81 voix sur 100 exprimées au sein du Conseil municipal de la Ville. Élumaire sur l’engagement de «Faire la politique autrement», Khalifa Sall fait sa déclaration de patrimoine sitôt élu maire. Il publie ainsi la liste de ses biens mobiliers et immobiliers, devant un jury d’honneur composé, entre autres d’Amadou Makhtar Mbow, de l’écrivain Cheikh Hamidou Kane et de feu Mouhamadou Mbodj du Forum Civil.

( Seydina Bilal DIALLO )