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AFFAIRE DES 94 MILLIARDS: L’Assemblée met en place une commission d’enquête

La polémique autour des 94 milliards, potentiellement détournés par des pontes de l’actuel régime, devrait connaître son épilogue bientôt, puisque le Bureau de l’Assemblée nationale, réuni hier, a donné son accord et défini un agenda pour la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire, afin de faire la lumière sur ce scandale ébruité par le leader de Pastef, Ousmane Sonko.

Alea jacta est. L’Assemblée a décidé de prendre en main l’affaire des 94 milliards de FCFA mettant en cause le directeur des Domaines Mamour Diallo. Hier, la conférence des présidents, élargie au Bureau, a défini l’agenda devant aboutir à la mise en place de cette commission pour faire la lumière sur ce scandale à fort relent de règlement de comptes entre politiciens. Ainsi, dès vendredi prochain, l’inter commission va s’y pencher avant que la plénière de ratification des membres de la commission d’enquête parlementaire ne soit convoquée pour le 15 février prochain. Mais, d’après nos interlocuteurs, les auditions ne devraient démarrer qu’après la présidentielle du 24 février, quand le principal accusateur Ousmane Sonko, actuellement en campagne, aura terminé ses tournées politiques. Ayant été le premier à révéler ce scandale, le député de Pastef devrait s’expliquer devant ses collègues parlementaires et leur fournir la preuve de ses allégations qui éclaboussent de hauts fonctionnaires du ministère des Finances. La Commission, qui sera ainsi créée au terme de la plénière du 15 février, va entendre toutes les personnes impliquées dans ce dossier, dont Mamour Diallo, Tahirou Sarr et les héritiers Ndoye,  des terrains litigieux. Ce faisant, l’Assemblée nationale veut prouver qu’elle joue valablement son rôle de sentibelle des deniers publics et que son fonctionnement n’est nullement entamé par la campagne électorale pour la présidentielle du 24 février. Pour la petite histoire en effet, tout a commencé lorsque, face à la presse, le leader de Pastef a accusé nommément le directeur des Domaines de détournement de deniers publics portant sur 94 milliards. « Mamour Diallo n’est pas à son coup d’essai, car il a été épinglé par d’autres rapports, notamment par l’IGE et la Cour des comptes. J’ai saisi tous les organes de contrôle, mais il n’y a que l’Ofnac qui a réagi. Or, cela est un crime économique», soutenait Ousmane Sonko. Levée de boucliers des supporters de Mamour Diallo «qui ont mis à nu des connexions d’affaires» qui jurent d’avec l’éthique dont Sonko s’est fait le porte-étendard. En tout cas, étant donné que la Chancellerie a opté pour un «silence complice», Ousmane Sonko tient une occasion en or de donner le coup de grâce à ses adversaires en apportant la preuve de ses accusations devant la représentation nationale. Si, en revanche, il refuse de déférer, sa sortie sur cette affaire sera perçue comme un règlement de comptes entre anciens collègues, et rangée dans le registre des propos d’un politicien en quête de légitimité populaire.

( Amadou BA RED EN CHEF DE L’AS