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France: Une enseignante convoquée pour avoir critiqué Macron

La professeure s’en est pris au président de la République après son intervention télévisée. Elle a été reçue jeudi par sa hiérarchie pour lui rappeler son obligation de réserve.

« Emmanuel Macron est terne, Emmanuel Macron est vieux, Emmanuel Macron n’est pas un président. Emmanuel Macron est un commercial arrivé au pouvoir par le pouvoir des urnes funéraires.» Ces phrases ont valu à une enseignante de Dijon (Côte-d’Or) d’être convoquée par son rectorat.

Sophie Carrouge, professeure de lettres au lycée Le Castel, a été reçue par sa hiérarchie ce jeudi après-midi pour s’expliquer sur le contenu d’une tribune critiquant le chef de l’État. (…)

L’enseignante, connue localement pour être engagée dans la défense des lycéens sans papiers et contre Parcoursup, ne cache pas sa profession dans sa tribune. Elle la revendique même dans un paragraphe où « elle remercie tous les lycéens pour leur courage physique et moral ». Interrogée par France Info, Sophie Carrouge affirme s’être sentie « ivre de rage » quand Emmanuel Macron a parlé d’immigration dans son allocution.

Pas de sanction

Contactée, sa hiérarchie confirme que la professeure a été convoquée pour sa virulente tribune contre le président. « Mais ce n’est pas pour la sanctionner, mais pour dialoguer, explique le rectorat de Dijon. Ses propos sortent de son obligation de réserve de fonctionnaire, on échange avec elle sur ce sujet pour marquer le coup.» (…)

Un collectif de parents d’élèves et de professeurs du lycée Le Castel avait appelé à se rassembler devant le rectorat pour la soutenir. Une quarantaine de personnes ont répondu présent et ont accueilli l’enseignante sous les applaudissements à sa sortie du bâtiment.

Un texte du projet de loi sur l’école fait polémique

Cette affaire intervient quelques jours après une polémique lancée par plusieurs syndicats d’enseignants. La raison ? Un passage du projet de loi sur l’école présenté le 5 décembre en Conseil des ministres par Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale.

Le texte prévoit des sanctions disciplinaires contre les enseignants « qui chercheront à dénigrer auprès du public par des propos gravement mensongers ou diffamatoires leurs collègues et de manière générale l’institution scolaire », y compris par « le biais de publications sur des réseaux sociaux ».

Des éléments vus comme une atteinte à la liberté d’expression des enseignants, alors qu’un mois et demi plus tôt des milliers d’entre eux avaient témoigné de leur mal-être via le hashtag #PasDeVague. (Le Parisien)