INTERVENTION CHURIRGICALE: Des médecins de Albert Royer séparent des siamoises
Chef de service chirurgie à l’hôpital Albert Royer, le Pr Gabriel Ngom et ses collègues ont réussi une délicate opération de séparation de jumelles siamoises. Nées le 2 novembre à l’hôpital de Pikine, ces dernières ont été transférées dès leur naissance à l’hôpital des enfants. Face à la presse hier, le Pr Gabriel Ngom est revenu sur leur prouesse. «Ce sont des filles siamoises qui sont unies par le ventre jusqu’au niveau du nombril et par le thorax. A leur naissance, elles avaient un poids global de 5kg et il fallait l’augmenter pour avoir un poids beaucoup plus consistant afin de les séparer sans problème. Plus le temps de les séparer est long, plus la chance du succès est importante. Et c’est ce que l’équipe chirurgicale et d’anesthésie a compris», explique-t-il. Selon le Pr Gabriel Ngom, il a fallu une stratégie préopératoire avant l’intervention. Et celle-ci a permis de planifier tranquillement l’intervention chirurgicale qui a nécessité la présence de beaucoup de spécialistes, notamment des anesthésistes, des chirurgiens, des radiologues mais également des pédiatres néonatologies. «Nous avons tenu beaucoup de réunions de planification pour voir un peu comment manager ces bébés et pour que l’opération soit un succès. On a fait recours à la radiographie pour voir par quels organes ces jumelles étaient unies. La radiographie a permis de savoir que le foie était l’organe principal par lequel ces jumelles étaient unies», détaille le toubib.
Il renseigne que la délicatesse de l’opération réside dans le fait que les siamoises avaient 48 jours et pesaient 7,2 kg. «L’opération a été menée par une équipe de 6 chirurgiens et 5 anesthésistes. Nous les avons séparées hier. Elles sont entrées au bloc opératoire à 9h et sont sorties à 14h45. Au bloc, l’équipe d’anesthésistes a préparé les patientes pendant 2h de temps et la séparation a duré environs 3h», informe Pr Ngom avant d’ajouter : «quand on les séparait, on s’est rendu compte qu’elles étaient non seulement unies par le foie, mais aussi par le diaphragme, le cœur et le sternum. La séparation s’est faite sans grosse difficulté, mais il fallait beaucoup de précaution pour qu’elles ne saignent pas. Heureusement, on a contrôlé les petits saignements. Nous avions besoin de temps en temps de nous arrêter pour stabiliser leur état».
Il faut noter que le Pr Ngom n’en est pas à sa première expérience, d’autant qu’il faisait partie de l’équipe de chirurgiens qui avait opéré des jumeaux siamois au Sénégal en 2003. «Cette expérience, ajoutée à la dextérité des anesthésistes, nous a permis de séparer ces jumelles siamoises. Actuellement, elles sont en unité de soins intensifs et elles vont bien. Nous avons voulu les transporter en néonatalogie, mais tous les lits sont occupés. Elles sont en réanimation, mais la surveillance va se poursuivre», a soutenu le chef de service de chirurgie à Albert Royer qui a également bénéficié de l’appui d’un chirurgien pédiatre de l’hôpital Aristide le Dantec, Pr Omar Ndour.
( Marie Fall GUEYE )