Sommet de la Francophonie : la Rwandaise Mushikiwabo favorite pour la présidence
La Francophonie, réunie à Erevan, doit nommer à sa tête la Rwandaise Louise Mushikiwabo, soutenue Emmanuel Macron. Cette candidature contestée à cause des entorses du Rwanda aux droits de l’Homme consacre le retour de l’Afrique à la tête de l’OIF.
La grand-messe de la Francophonie doit porter à sa tête, vendredi 12 octobre à la fin du sommet, Louise Mushikiwabo,
pour un mandat de quatre ans. La ministre rwandaise des Affaires étrangères a la voie libre depuis que le Canada a annoncé, avec le Québec, qu’il retirait son soutien à la secrétaire générale sortante, la Canadienne d’origine haïtienne Michaëlle Jean, qui briguait un nouveau mandat.
La nomination acquise de Louise Mushikiwabo consacre le « retour » de l’Afrique à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qui avait toujours été dirigée par des Africains avant Michaëlle Jean, et entérine son rôle incontournable de locomotive de la Francophonie. « L’épicentre de la langue française est sans doute dans le bassin du fleuve Congo », a ainsi répété le président français Emmanuel Macron.
En vertu de son explosion démographique, l’Afrique, continent sur lequel se trouvent 27 des 54 membres de l’OIF ayant droit de vote, représentera 85 % des francophones en 2050, sur un total de 700 millions, contre 274 aujourd’hui, selon l’OIF.
« L’Afrique s’impose comme le moteur de la Francophonie », a renchéri le Premier ministre canadien Justin Trudeau, avertissant cependant qu’Ottawa « continuera de promouvoir et défendre (…) les droits de la personne et la langue française », allusion aux critiques que suscite la nomination de Louise Mushikiwabo.
« Un mauvais message »
La candidature rwandaise est en effet accusée d’être contraire à la charte de l’OIF, qui a inscrit « le soutien aux droits de l’Homme » parmi ses missions premières. Le Rwanda pratique « censure, menaces, arrestations, violences, assassinats » contre les journalistes qui osent dénoncer l’autoritarisme de ses dirigeants, a récemment dénoncé l’ONG Reporters sans frontières (RSF).
« C’est une candidature qui a surpris tout le monde », a ainsi souligné le politologue Isidore Kwandja Ngembo sur l’antenne de France 24. « La candidature de Mushikiwabo est un mauvais message que Monsieur Macron est en train de lancer à l’Afrique surtout à une partie de l’Afrique, notamment de l’Ouest qui fait des efforts dans le processus de démocratisation ». Récemment interrogée à ce sujet, Louise Mushikiwabo avait assuré que « la majorité des Rwandais (étaient) contents du système démocratique ».
Les droits de l’Homme ne sont pas le seul grief fait à la candidature du Rwanda, à qui il est souvent reproché le peu de cas qu’il fait de la Francophonie. Le pays a remplacé le français par l’anglais en tant que langue obligatoire à l’école et a rejoint le Commonwealth, pendant anglophone de l’OIF. C’est d’ailleurs en anglais que le président rwandais Paul Kagame avait annoncé la candidature de sa ministre.
« La promotion de la langue passe par l’enseignement et l’apprentissage. Si aujourd’hui, on n’apprend pas aux petits rwandais le français, comment peuvent-ils apprendre cette langue ? », s’insurge ainsi Isidore Kwandja Ngembo. Mais ce plurilinguismeque n’est pas contraire à la défense du français, que M. Macron veut inclusif, une position contestée par nombre de « puristes ». « Le combat fondamental pour notre langue est un combat pour le plurilinguisme », a répété le président français.
( Avec AFP )