LA CHRONIQUE DE MLD: Après la déconstruction, place aux actes…Par Mamadou Lamine DIATTA
À l’image d’un de ses prédécesseurs, Me Abdoulaye Wade en l’occurrence, le Président Bassirou Diomaye Faye a été diabolisé à la caricature par des contempteurs qui avaient le vent en poupe au plus fort de la bipolarisation politique vécue entre 2021 et le 24 mars dernier.
Des éléments de langage que la décence nous empêche d’énumérer de nouveau étaient distillés entre autres par les idéologues du régime Macky Sall pour contrecarrer l’action d’Ousmane Sonko, Diomaye Faye et compagnie, bref de l’opposition radicale d’alors.
Au finish, la ficelle semble trop grosse et tout s’est dégonflé comme un ballon de baudruche. Résultat, on se retrouve visiblement avec un Président normal et naturel qui pose des actes empreints de courtoisie et de politesse liés notamment à la promotion du droit d’aînesse, une des valeurs cardinales de notre vivre-ensemble et de notre tréfonds culturel.
Les nouveaux dirigeants ont compris que les chefs religieux doivent être gérés avec tact.
Le déclin du Ndigueul ne signifie point la fin du pouvoir maraboutique. Ces icônes sociales restent de redoutables cautions morales au soutien capital et vital pour qui voudrait diriger ce pays charmant et complexe à la fois.
Malgré tout, le Président Faye refuse de fonctionner au rythme échevelé de la blogosphère à juste raison.
On l’avait traité de tous les noms d’oiseaux. Lui n’en a cure et déroule son programme tranquillement avec beaucoup de détachement et sans pression.
Au rythme où vont les choses, il va encore surprendre son monde d’autant qu’il a pris le parti de s’adapter.
Même Serigne Fallou Mbacké et le premier Khalife des Tidianes Serigne Ababacar Sy avaient adoubé le Président Léopold Sédar Senghor au détriment de Lamine Guèye tout simplement parce que Senghor avait fait preuve d’une meilleure intelligence sociale…
Dans le contexte actuel, le logiciel diabolisation que certains activaient jusque-là est périmé.
De plus en plus, l’opposition new-look n’aura d’autre choix que de challenger le PROJET qui a remplacé le PSE comme référentiel des politiques publiques dans le cadre d’un choc des idées autour de thématiques pointues de développement. Nous serons tous obligés d’élever le niveau du débat public d’autant que ce pays ne saurait se morfondre ad vitam aeternam dans une campagne électorale permanente.
Passé le temps de la déconstruction, place à la matérialisation des fortes attentes.
Autour du nouveau pouvoir, les attentes de Sénégalais happés par une crise économique aiguë sont énormes…
Après deux alternances à l’intérieur d’un même système en 2000 et 2012, c’est la première fois que ce pays a l’impression d’avoir élu des hommes neufs qui incarnent de véritables ruptures. Mamadou Diouf, brillant Historien et politologue parle d’ailleurs de la fin de l’ère Senghorienne avec l’arrivée au pouvoir du 5ème Président de la République.
Exit le système de rotation des élites. Il flotte un parfum de rupture radicale pour apporter des réponses à des attentes quasi irrationnelles pour reprendre l’analyse profonde Boubacar Boris Diop.
Le régime Diomaye Faye a compris qu’au-delà des problématiques vitales liées à la cherté de la vie, à l’emploi et à la souveraineté alimentaire, la reddition des comptes reste une forte demande sociale.
Le devoir d’inventaire et de sanctions (si nécessaire) de la gestion de ancien régime reste une priorité à la symbolique importante au regard du lourd passif traîné lors des douze dernières années dans ce qu’il est convenu d’appeler le bilan immatériel.
Le signal fort du récent conseil des ministres apporte une lueur de crédibilité et de bonne foi aux nouveaux maîtres du pays : Le Président a ordonné la publication des rapports des cours de contrôle de l’Etat concernant les 5 dernières années.
Malgré l’ampleur de ces travaux d’Hercule, le tout nouveau Chef de l’État et son équipe gouvernementale devraient s’inspirer de cette sagesse d’Albert Einstein : « Il ne faut jamais abandonner ses rêves : l’espoir est le commencement de toute chose. »