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À Gaza, la famine comme «arme de guerre»

À Gaza, les camions chargés d’aide humanitaire arrivent au compte-gouttes. Seulement 2% des denrées alimentaires habituellement livrées dans l’enclave palestinienne ont pu entrer depuis le début du siège, selon l’association Oxfam. Le blocus est quasi-total, et la famine est utilisée comme une « arme de guerre » par Israël, dénonce Louis-Nicolas Jandeaux, responsable de campagne et de plaidoyer humanitaire à l’ONG Oxfam. 

Selon Oxfam, Israël utilise la famine comme une arme de guerre contre la population civile dans la bande de Gaza. Qu’entendez-vous par là ?

Louis-Nicolas Jandeaux : La population vit sous un blocus généralisé qui affecte l’accès à l’eau, au carburant, à des biens les plus basiques tels que les médicaments et évidemment la nourriture. En partant des analyses des Nations unies, nous constatons que seulement 2% des quantités habituelles de denrées alimentaires ont été livrées à Gaza depuis le début du siège. Or, quand on regarde le droit international humanitaire, il est strictement interdit d’utiliser la faim comme un levier pour mener à bien un conflit. La puissance occupante, qui en l’occurrence est Israël, est donc tenue de répondre aux besoins des populations et de les protéger. On sait qu’il y a énormément de boulangeries et de supermarchés qui ont été impactés par les frappes, et énormément d’entrepôts sont devenus inaccessibles depuis le début des bombardements. C’est pour cela que nous faisons aujourd’hui ce constat : Israël utilise la faim comme une arme de guerre.

Avant le début des bombardements à Gaza, 104 camions livraient chaque jour des denrées alimentaires dans l’enclave palestinienne. Combien peuvent encore passer actuellement ?

Les chiffres varient un peu de jour en jour, mais grosso modo, on a une soixantaine de camions qui ont pu rentrer à Gaza depuis le week-end dernier, donc on est très, très nettement en dessous. C’est un constat d’autant plus dramatique que, avant même la crise, plus de 80% de la population de Gaza survivaient grâce à l’aide humanitaire. Aujourd’hui, cet accès à l’aide humanitaire est infiniment restreint. Par conséquent, la situation qui était déjà très compliquée se détériore davantage.